Abdallah Zekri dénonce une campagne islamophobe «nauséabonde» en France
Par Farida O. – Le président de l’Observatoire de lutte contre l’islamophobie en France a dénoncé une campagne «nauséabonde» contre les musulmans et décidé de recourir aux voies légales pour diffamation et incitation à la haine. Abdallah Zekri pointe, dans un communiqué parvenu à notre rédaction, la «facilité déconcertante avec laquelle certains s’érigent en exégètes et dissertent sur l’islam et ses pratiques», laquelle facilité, s’indigne-t-il, «est devenue insupportable pour les musulmans de France». «Nous n’acceptons plus d’être les boucs émissaires de tous les maux de la société, nous avons le droit à ce que notre foi et nos pratiques religieuses soient traitées avec respect, nous ne réclamons pas de traitement particulier, nous réclamons notre droit à la différence dans le respect du principe de la laïcité», a-t-il plaidé.
La réaction du président de la mosquée de la Paix à Nîmes fait suite à une série de proférations stigmatisantes sur des chaînes de télévision et les réseaux sociaux. Des propos inadmissibles ayant été tenus par des personnalités du paysage médiatique français, des candidats à la présidentielle française ou encore des patrons du CAC 40. «Après une campagne présidentielle nauséabonde où, paraît-il, tous les maux de la France proviennent des musulmans et de l’Islam, après des discours de haine distillés par des hommes politiques de différentes formations […], voilà que c’est maintenant le Ramadhan et la fête de l’Aïd El-Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne, qui ont fait l’objet de déclarations aussi absurdes que ridicules dans certains médias français», proteste Abdallah Zekri, qui se dit stupéfait par la thèse portée par le PDG d’un grand groupe de distribution, selon lequel les musulmans seraient la cause de la pénurie d’huile en France.
«Nous avons été très surpris par ce grave dérapage de Michel-Edouard Leclerc qui contraste avec l’éthique et les valeurs qu’il n’a cessé de défendre depuis des années», récrimine le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM), convaincu que l’auteur de ces propos «aurait mieux fait de reconnaître que son explication sur la pénurie était complètement erronée […], puisqu’il n’y a aucun rapport entre la fête marquant la fin de Ramadhan et celle du sacrifice». Autre personnalité publique à avoir diffamé les musulmans, le journaliste Vincent Hervouët, dont le lien qu’il a établi entre le mois sacré et les vols de moutons a choqué la communauté musulmane, d’autant que, rappelle Abdallah Zekri, le président du collectif des éleveurs victimes de ces vols a précisé que le plus grand nombre d’entre eux «intervient chaque année au moment de la Pâques orthodoxe».
F. O.
Comment (35)