Belani : «Décidément, la diplomatie marocaine ne craint pas le ridicule !»
Par Nabil D. – «Le ministre marocain des Affaires étrangères vient de franchir allègrement le mur du çon en soutenant, sans rire, que la lutte légitime du peuple sahraoui contre l’occupation en vue d’arracher son droit à l’autodétermination, droit qui lui est reconnu par la communauté internationale, serait une forme de séparatisme», a réagi l’envoyé spécial pour les pays du Maghreb et le Sahara Occidental dans une déclaration à Algeriepatriotique. «De quel séparatisme parle-t-on, puisque le territoire du Sahara Occidental est un territoire séparé et distinct et que le Maroc n’exerce aucune forme de souveraineté sur ce territoire non autonome comme l’ont confirmé, tour à tour, la CIJ et la Cour de justice de l’Union européenne ?» s’étonne Amar Belani.
«Poussant le bouchon plus loin, le ministre, emporté par son élan d’autosuggestion, proclame sur un ton martial que ceux qui financent, abritent, soutiennent et arment le séparatisme contribuent en fait à la propagation du terrorisme et compromettent davantage la paix et la sécurité régionales. Ne nous y trompons pas, cette marchandise frelatée bradée par un Bourita en manque d’inspiration a fait sourire les distingués participants au Forum contre l’extrémisme violent», a affirmé non sans sarcasme l’ancien ambassadeur d’Algérie à Bruxelles. «Décidément, a-t-il appuyé, la diplomatie marocaine, en mal d’arguments, ne craint pas le ridicule en s’investissant dans des opérations de manipulation grossières.»
Le chef de la diplomatie marocaine a déclaré, à l’ouverture des travaux de la réunion ministérielle de la coalition mondiale contre Daech en Afrique, qui se tient à Marrakech, que «le séparatisme et le terrorisme sont très souvent les deux faces d’une même médaille». «Une tendance inquiétante s’est développée sans susciter l’attention nécessaire : le lien entre terrorisme et séparatisme», a-t-il insisté, en faisant une pernicieuse allusion au Front Polisario qui se bat pour l’indépendance du Sahara Occidental. Les feintes de Nasser Bourita n’ont échappé à personne, lorsqu’il a parlé de «collusion contre la souveraineté et la stabilité des Etats, outre la convergence des moyens financiers, tactiques et opérationnels [qui] créent une alliance objective entre les groupes terroristes et séparatistes».
Le ministre marocain a ainsi pointé un doigt accusateur en direction de l’Algérie qu’il ne nomme pas mais qu’il agonit de proférations fallacieuses, allant jusqu’à dire qu’elle serait un facteur d’instabilité – sous-entendu – parce qu’elle épouse la cause sahraouie. Si les médias du Makhzen ne manquent pas de vanter une «réunion qui décortique les défis imposés par le terrorisme sous toutes ses formes et le repositionnement de Daech en Afrique», ils omettent, par contre, de rappeler la collusion bien réelle qui existe entre un certain nombre de groupes islamistes armés au Sahel et le régime de Rabat, à l’image du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), auteur de l’enlèvement et de l’exécution de diplomates algériens à Gao, dans l’extrême-nord du Mali, et que le régime de Rabat lui-même pratique le terrorisme contre des convoyeurs qu’il assassine à l’aide des drones que lui fournit Israël.
Enfin, selon des échos qui nous sont parvenus de Marrakech, bon nombre de participants se sont demandé, perplexes, ce que vaut une réunion sur la lutte antiterroriste sans l’Algérie, pays dont l’expérience en la matière est reconnue par les plus grandes puissances.
N. D.
Comment (62)