Crise alimentaire : cette menace voilée d’un ministre français contre l’Algérie
Par Abdelkader S. – Derrière les paillettes de Cannes et les cérémoniaux bling-bling à l’Elysée qui vient de rendre publique la liste du gouvernement de la Russe Elisabeth Bornstein, alias Borne, qui se découvre des origines polonaises en quelques clics sur Wikipédia, se cache une grande peur dans les plus hautes sphères du pouvoir en France, depuis qu’Emmanuel Macron s’est fait l’exécutant des ordres de Joe Biden en Ukraine, entraînant son pays dans une confrontation directe avec la Russie.
Cette menace sérieuse sur la «souveraineté alimentaire» de la France, le ministre de l’Agriculture a tenté de la détourner en dirigeant ses admonitions vers… l’Algérie. Selon Ouest France, en effet, évoquant la guerre en Ukraine, Marc Fesneau a souligné que «ce n’est pas en France […] que le problème se pose, mais parlons […] à l’Algérie qui [peut] se poser la question de savoir si [elle] va pouvoir se nourrir». Cette menace à peine larvée envers notre pays pour avoir refusé de s’aligner sur l’OTAN dans sa politique expansionniste vers l’Est, adoptant une position neutre dans le conflit russo-américain par Ukraine interposée, a fait réagir une source algérienne selon laquelle cette mise en garde formulée sous forme de «conseil amical» fait partie de la guerre déclarée à l’Algérie «qui reprend de plus belle avec le nouveau gouvernement français». Notre source en veut pour preuve que le ministre français évoque l’Algérie mais épargne le Maroc, pourtant autrement plus vulnérable en matière de sécurité alimentaire.
«La Russie a assuré que ses futures exportations de blé seront réservées aux pays amis ; de plus, l’Algérie possède assez de resserves en blé sans parler des prochaines moissons qui s’avèrent très bonnes», note notre source qui fait ainsi écho aux informations rapportées par Algeriepatriotique en 2018, lorsque l’Algérie annonçait, sous l’ère Bouteflika déjà, qu’elle importerait le blé et le lait de Russie, provoquant ainsi un vent de panique en France, jusqu’alors premier fournisseur de l’Algérie en blé tendre. L’Algérie, qui avait déjà importé du blé russe en 2017, avait envisagé de s’approvisionner totalement de la Russie. «L’Algérie est extrêmement intéressée par l’importation de blé russe et envisagera cette possibilité après avoir analysé les informations reçues lors de l’inspection», soulignait l’organe de surveillance Rosselkhoznadzor du ministère russe de l’Agriculture, dans un communiqué, repris par le journal économique français La Tribune, qui relevait la conséquence de cette décision sur les agriculteurs français et globalement sur les exportations françaises vers l’Algérie.
Le choix de l’Algérie de se détourner de son fournisseur traditionnel était, au-delà des raisons économiques, une réaction aux fortes pressions françaises sur les autorités algériennes en ce qui concerne, notamment, le dossier de l’immigration et de la circulation des personnes. Un problème qui demeure d’une brûlante actualité, Paris se servant de cette question comme moyen de chantage auquel Alger a répondu, ces derniers temps, par des mesures de rétorsion sévères.
En décembre 2018, l’ambassadeur de la Fédération de Russie à Alger confirmait l’information relative à l’approvisionnement de l’Algérie en blé auprès de son pays. «Il a été annoncé qu’en 2019 l’Algérie recevra un lot pilote de blé russe pour estimer son niveau de qualité et déterminer s’il correspond aux besoins des Algériens. Si la partie algérienne donne un avis favorable, la Russie livrera son blé à l’Algérie à un prix compétitif», avait annoncé Igor Beliaev lors d’un point de presse organisé au siège de l’ambassade.
De son côté, Russia Beyond faisait état d’un appel d’offres remporté par la Russie, «depuis plusieurs années premier exportateur mondial de blé», formulé par l’Algérie pour la vente de 250 000 tonnes de cette céréale, citant la directrice du Centre d’évaluation de la qualité céréalière. «C’est un marché important, et nous espérons qu’il continuera à croître», avait souligné la responsable russe, faisant référence aux prévisions des spécialistes selon lesquelles l’Algérie ambitionnait de porter ses importations en provenance de Russie à 800 000 tonnes.
Dans cette guerre que l’OTAN a décidé de livrer à la Russie, l’Occident tout entier est déjà au bord de l’asphyxie et les effets des pénuries commencent à se faire sérieusement sentir dans des pays industrialisés qu’on croyait autosuffisants et suffisamment puissants pour faire face à n’importe quel défi. Il s’avère, quelques semaines à peine après le début de l’opération russe en Ukraine, que les Etats-Unis – où sévit une pénurie de lait – et l’Europe de l’Ouest, l’arrogante France en tête, où le prix des carburants et des produits alimentaires ont atteint des niveaux records, rendant les populations européennes encore plus précaires – sont un éléphant aux pieds d’argile.
L’avis du membre du gouvernement Borne est d’autant moins motivé que face aux rayons de supermarchés vides, les Français se ruent désormais sur l’huile importée d’Algérie.
A. S.
Comment (45)