La classe ouvrière n’est pas de taille
Une contribution de Saadeddine Kouidri – Comment affirmer que la classe ouvrière n’est pas de taille pour affronter la classe de la bourgeoisie si on n’en donne pas la définition au préalable. Oui, sauf que, quelle que soit sa définition, on sait pertinemment qu’elle a échoué. Si elle a échoué, est-ce parce qu’elle a été mal définie à ce jour ? Nous donnerons donc une suggestion à ce sujet, où le «Hirak» illustre cette classe ouvrière de 2019 en Algérie.
En 1972, dans le rapport Meadows, les chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) arrivent aux mêmes constats que Karl Marx, un siècle après, sur les effets destructeurs de l’écologie par le système capitaliste, et donc la caducité imminente du modèle de croissance de ce dernier. Ce rapport sur «les limites de la croissance» est critiqué par ceux nombreux pour qui il ne saurait y avoir de progrès sans croissance, ceux-là qui, bornés à la jouissance du produit, occultent la réalité de sa production. Pour ainsi dire, celles et ceux qui font «l’apologie de la liberté qui se nourrit de l’esclavage».
Ce n’est pas une raison qui doit nous pousser à vivre moins bien mais tout au contraire, il s’agit de vivre de mieux en mieux, tout en polluant de moins en moins. Il s’agit simplement de travailler en respectant la nature. Il ne s’agit point de se priver de moyens opportuns. En Europe, en 2019, une voiture émet 122 grammes de déchets par km. C’est énorme.
Il faut donc la modifier pour la rendre plus légère et moins polluante comme vient de le faire Yacine B. avec son moteur à combustion sans arbre à came, sans chaîne de distribution… Cet exemple du moteur made in Algeria est pour dire qu’on doit améliorer les moyens encore utiles dans tous les domaines et non pas se priver de commodité comme nous le suggèrent certains anticapitalistes occidentaux.
La perfection ne s’atteint jamais car elle serait la fin de l’évolution. On peut illustrer cette affirmation par la pratique sportive ou par la recherche scientifique. Dans ce dernier domaine, nous apprenons avec joie que S. Chader a mis le doigt sur le traitement des eaux usées par les microalgues endémiques (la Chlorella et la Scenedesmus).
Pour Darwin, contrairement aux théoriciens du darwinisme social, le perfectionnement humain tient principalement au progrès moral qu’illustre le précepte suivant : al ‘aql a’salîm fi’l jism a’salîm(*). Pour améliorer notre santé, il n’y a pas de limite à l’harmonie du corps.
Pour notre morale, notre train de vie doit dépasser la qualité de vie de l’occidental, car notre continent est riche. Pour vivre mieux, il est vital de dépolluer le continent des déchets de la barbarie du capitalisme occidental et parallèlement nous devons nationaliser tous les biens appartenant à des étrangers impliqués dans les coups fourrés. Ces esclavagistes, on doit s’y atteler toutes et tous en impliquant tous les Etats africains et amis.
Pour nous, la définition de la classe ouvrière a été une erreur, à l’exemple des identités attribuées par la Constitution. Est-il pensable d’être désigné musulman par quelqu’un d’autre que soi ? Quand le pouvoir nous impose deux fausses identités, son opposition ne trouve pas mieux que d’en revendiquer une troisième qui, en vérité, est multiple. La multiplication des identités a comme but, conscient ou inconscient, de nous diviser, une façon de nous évacuer de la scène politique. Le Hirak a été leur échec, puisqu’il a été la cause du départ du président Bouteflika et mis fin au 5e mandat. Nous retenons donc que pour promouvoir ou abroger une loi, un Hirak est nécessaire, un 19 février.
Nous apprenons que dans le projet de la nouvelle Constitution, la Tunisie a l’intention de supprimer toute référence à l’islam comme un moyen de mettre fin à l’islam politique. C’est le cadeau de la Tunisie au futur Maghreb à la veille du 60e anniversaire de notre indépendance. Nous encourageons nos frères tunisiens à approuver cette Constitution qui ouvrira une ère nouvelle dans la région. Il faut être un bourgeois pour désigner la classe ouvrière fer de lance dans la lutte contre la bourgeoisie. A-t-on vu un parti, de la classe ouvrière, dirigé par des ouvriers ?
Dans sa définition de la plus-value, Karl Marx montre la racine de l’exploitation du travailleur par le patron, la base de leur enrichissement par la spoliation. Il permet de cerner la classe opposée à la celle de la bourgeoisie, sans la définir. Elle est donc composée, dans ce cas en premier, pas exclusivement, de tous ceux qui ne travaillent pas à leur compte. On voit que la lutte contre la grande bourgeoisie est l’affaire de l’écrasante majorité du peuple. Ce n’est qu’avec ce grand nombre de travailleurs et travailleuses, les retraités, les fonctionnaires qui sont sous le new public management qu’on pourra cheminer vers la victoire sur la méga-bourgeoisie, composée de riches, certains plus riches que des nations, qui mènent l’humanité à la dérive.
Elle a accaparé nos richesses depuis des siècles par la force et par ses lois. L’éternelle Palestine et le Sahara Occidental sont les exemples toujours d’actualité, plus d’autres guerres, d’autres conflits, celle du Yémen, de la Syrie dont la région de Damas vient d’être bombardée par Israël.
Si la France est alliée au royaume marocain, c’est parce qu’elle est toujours un empire colonial et c’est aussi la raison qui en fait un allié des Etats-Unis en Ukraine qu’elle vient de pourvoir de canons de 80 km de portée qui, à l’origine, étaient destinés au Maroc.
Des multimilliardaires occidentaux possèdent les richesses africaines et la France coloniale gère, en sus, la monnaie nationale de certains Etats indépendants dont la première conséquence est la famine pour des millions de personnes dans le continent
Nous ne pouvons pas accepter de telles injustices. Nous avons tout à faire et le pouvoir et son opposition tentent de nous noyer dans un verre d’eau. Un exemple, quand le président déclare qu’il n’y a pas de prisonnier d’opinion, l’opposition qui revendique leur liberté ne lui dit pas un mot à ce sujet. Pourquoi l’opposition ne discute-t-elle pas ce litige lorsqu’elle est reçue à la Présidence ? L’islamisme et le séparatisme sont-ils des opinions ? Loin de moi l’idée que tous les prisonniers sont uniquement de ceux-là. Pourquoi les invités du Président se taisent-ils sur la qualité des détenus, y compris dans les déclarations à la presse ?
Comme on le constate, cette famille politique, pouvoir et opposition, aidée par certains médias, piègent la société par un lourd silence. Il est, ici, synonyme dans le langage populaire de consentement. Se peut-il que l’opposition opte pour l’islamisme et le séparatisme, surtout quand on sait que lorsque le pouvoir a qualifié Rachad et le MAK d’organisations terroristes, elle ne l’a pas apprécié à sa juste valeur ? Cette attitude porte préjudice à la lutte contre le terrorisme islamiste et séparatiste. Elle jette plus que du doute sur la politique de ces partis et personnalités.
Quand on opte pour le libéralisme économique, celui du capitalisme forcément, celui qui élargit l’écart des inégalités indéfiniment, au point où des hommes deviennent plus riches qu’un Etat, il faut savoir que cette économie est consubstantielle à l’absence de liberté politique des peuples, puisque cette dernière est aux mains des bourgeois, des féodaux et tutti quanti du pouvoir et de son opposition.
Pour être crédible, toute personne qui s’implique pour une cause publique doit annoncer opportunément son engagement politique, qui est un minimum moral, dans ce domaine, envers ses compatriotes. Quand on sait qu’il n’y a plus que deux grandes options politiques dans le monde, grâce à Poutine, on peut dire : ma kanch win iga’yel e’zawech(**).
S. K.
(*) L’équivalent de l’expression un esprit sain dans un corps sain, sauf qu’en arabe on ne parle pas d’esprit mais d’intelligence.
(**) Dans le sens : il n’y a pas d’échappatoire.
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