Polémique au hadj : la prière d’Arafat conduite par un prédicateur pro-sioniste
Par Nabil D. – La décision du prince héritier de confier la prière du Mont Arafat à un prédicateur saoudien proche des milieux sionistes est interprétée comme un pas supplémentaire vers la normalisation avec Israël. Ce choix a soulevé moult interrogations chez les savants musulmans qui y voient un acte politique par excellence. En effet, Mohammed Al-Issa est connu pour sa collusion assumée avec la Licra et le CRIF sous le couvert de la lutte contre l’antisémitisme. Mais, en réalité, en toile de fond, c’est le rapprochement par étape de Riyad du régime de Tel-Aviv qui se profile à l’horizon.
Mohammed Al-Issa n’est autre que le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale. Il a été honoré par des organisations sionistes américaines et internationales en juin 2020 et la plateforme numérique du département d’Etat américain lui a rendu un vibrant hommage pour «sa lutte continue contre l’intolérance religieuse». Le Mouvement de lutte contre l’antisémitisme et la Fédération séfarade américaine lui ont remis un à cette occasion en «reconnaissance de ses efforts pour unir les personnes de toutes confessions et inspirer la prochaine génération de dirigeants à promouvoir la paix plutôt que la haine», lit-on dans Share America, qui a salué la condamnation de l’Holocauste par l’imam saoudien qui a conduit une délégation de dirigeants islamiques au camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne, «pour honorer les juifs européens qui y ont été tués pendant la Seconde Guerre mondiale».
En France, le CRIF, représenté par son président, le pro-israélien Francis Kalifat, a également «honoré» Mohamed Al-Issa qui «a tenu à souligner son engagement personnel dans le combat contre l’antisémitisme, marqué en particulier par un intense dialogue avec des responsables juifs américains». «Le CRIF a appelé la Ligue islamique mondiale à renforcer son discours et son action contre l’antisémitisme, en poursuivant son travail d’exégèse des textes du Coran tenant compte du contexte historique pour éviter toute interprétation justifiant la haine des juifs», avait indiqué cette organisation qui dicte sa feuille de route au religieux saoudien, sommé de revoir l’exégèse selon ses désidératas.
Choyé par les médias mainstream occidentaux, dans lesquels il ne dénonce jamais les graves atteintes aux droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés et les crimes commis par l’armée israélienne, Mohammed Al-Issa répondait aux questions du journal français La Croix auquel il assurait qu’«un musulman qui ne respecte pas les lois de la République [française] ne pratique pas l’islam authentique». Se vantant de porter une nouvelle vision de l’islam dont il est le «principal artisan», l’hôte du CRIF expliquait que son but «est d’assurer la sécurité et la stabilité, la miséricorde pour les êtres humains entre eux». Le rôle que lui a assigné le prince héritier Mohammed Ben Salman se cantonne dans la «correction» des «erreurs d’interprétation qui ont mené aux débordements actuels, toutes religions comprises, et en premier lieu dans l’islam».
Le wahhabite converti à l’islam modéré dénonçait le fanatisme et l’extrémisme qui «sont issus d’une interprétation fallacieuse des textes», en se disant persuadé d’avoir un «impact sur les musulmans du monde entier». «Ma parole a un impact très fort, de même que les images de mes rencontres avec des rabbins ou des responsables chrétiens», avait-il insisté, avant de lancer une pique en direction des Frères musulmans qui, selon lui, «symbolisent le mieux l’islam politique» et «entraînent d’autres personnes dans leur logique, par la pression et par la peur».
Cette même peur qui continue de servir de socle au régime saoudien qui a fait de l’assassinat barbare de Jamal Khashoggi à la fois un message de terreur à l’endroit de l’opposition saoudienne et aux partenaires occidentaux complices d’une famille régnante sanguinaire mais prête à mettre la main à la poche pour faire adopter aux dirigeants occidentaux l’attitude des singes de la sagesse, se couvrant avec les deux mains l’un la bouche, l’autre les oreilles et le dernier les yeux.
N. Issa prière, AaD.
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