Belani : «Les faux calculs du régime marocain seront définitivement ruinés»
Par Houari A. – «La supercherie manigancée par le ministre des Affaires étrangères marocain finira par exploser comme un vulgaire ballon de baudruche», a affirmé l’envoyé spécial pour les pays du Maghreb et le Sahara Occidental au sujet de l’ouverture par certains Etats de représentations consulaires dans la ville sahraouie occupée de Laâyoune. «Certains des Etats concernés n’arrivent même pas à s’acquitter de leurs cotisations obligatoires dans les organisations internationales ou régionales dont ils sont membres», a-t-il signalé.
«Ce mur de réjouissances qui arbore plusieurs plaques de consulats sur la façade du même immeuble, et dont le ministre [marocain] est si fier, finira par se transformer en mur des lamentations lorsque son chef de l’Etat s’apercevra que cette politique puérile de l’arithmétique est un non-starter en ce qui concerne le statut du territoire non autonome du Sahara Occidental», a souligné Amar Belani, en rappelant avoir «déjà qualifié ces consulats de fantômes car financés par les autorités marocaines sur le budget du ministère des Affaires étrangères dans le cadre d’un racolage indécent qui a choqué certains pays africains que le ministre en question a poursuivis de ses avances soutenues».
A propos de l’objectif «chimérique» visant «l’exclusion» de la RASD de l’Union africaine, Amar Belani a indiqué, dans un entretien au quotidien Echorouk, que le Maroc «a déjà essayé par le passé, et il s’était lamentablement cassé les dents, d’autant que rien dans les textes fondateurs de l’UA ne prévoit le recours à une telle option». «A moins de vouloir dynamiter l’organisation continentale et danser sur ses cendres, les hauts responsables du Maroc ne devraient pas laisser les pyromanes irresponsables jouer avec le feu», a-t-il conseillé.
Interrogé sur l’empêchement de la visite de Staffan de Mistura à Laâyoune, l’ancien ambassadeur d’Algérie à Bruxelles a estimé que les raisons «sont évidentes et connues», en précisant que les autorités marocaines «ont voulu imposer à M. De Mistura des interlocuteurs fantoches choisis arbitrairement par la puissance occupante», à savoir des «colons déguisés en élus ou des organisations vassales et satellites, à l’instar du fameux CNDH dont on a pu mesurer le degré d’indépendance à la lecture de son rapport confondant et consternant sur le meurtre abject et le lynchage sauvage de dizaines de migrants [subsahariens] à Nador».
«La décision de M. De Mistura d’ajourner ce déplacement, dans de telles conditions inacceptables et offensantes, l’honore à juste titre et elle mettra immanquablement la pression sur le Maroc, qui est pris ainsi en flagrant délit de sabotage des efforts de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU», a expliqué le diplomate, selon lequel «la pression de la part de certains membres influents du Conseil de sécurité devrait pouvoir s’exercer à un certain moment, notamment de la part de ceux qui ont réussi difficilement à persuader le Maroc d’accepter finalement, au bout de cinq mois, la désignation de M. De Mistura à ce poste».
Pour Belani, l’acharnement du Makhzen à vouloir imposer son plan d’autonomie est une «position dogmatique et éminemment obstructionniste qui est pensée et conçue pour faire perdurer le statu quo actuel». «Cette position est une entrave sérieuse aux efforts de M. De Mistura car ces fameuses constantes de la position du Makhzen institutionnel sont tout simplement l’expression d’un ultimatum inacceptable qui ne laisse aucun espace à la négociation et que ni le Front Polisario ni la communauté internationale ne cautionneront un jour», a-t-il fait remarquer. Pointant la «fixation obsessionnelle» du régime de Rabat sur les tables rondes, l’envoyé spécial auprès de Ramtane Lamamra a assuré que le Maroc «ne réussira jamais à donner corps au fantasme du conflit régional, tant il est reconnu que la question du Sahara Occidental est une question de décolonisation dont le processus doit être parachevé par l’exercice du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément au droit international». «La responsabilité des Nations unies, à cet égard, est pleinement et durablement engagée», a-t-il insisté.
«Les faux calculs et les visées expansionnistes de la puissance occupante marocaine seront définitivement ruinés», a conclu Amar Belani.
H. A.
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