Quand le Maroc et un imam expulsable se jouent du candide Gérald Darmanin
Par Abdelkader S. – L’imam marocain que Gérald Darmanin avait cru avoir envoyé dans les cordes s’est enfui et rien ne l’empêchera désormais de regagner la France pour y couler des jours heureux maintenant que les autorités marocaines ont annulé le laisser-passer consulaire.
Au-delà de connaître les raisons qui ont poussé le Maroc à annuler le document autorisant le ministre de l’Intérieur français à se débarrasser du ressortissant marocain Hassan Iquioussen, c’est la naïveté des dirigeants français qui se manifeste dans tout ce qu’elle présente comme aberrations judiciaires et matraquage médiatique qu’il y a lieu de relever. Car que risque-t-il d’advenir maintenant que le religieux expulsable a décidé de prendre la tangente et de se réfugier en Belgique, un autre pays européen où les islamistes jouissent d’une liberté illimitée, en dépit des sanglants attentats qui ont fait de nombreux morts et de l’utilisation de quartiers entiers de Bruxelles comme base arrière à l’action terroriste à travers toute l’Europe ?
Hassan Iquioussen peut rentrer en France tranquille. Sans le document consulaire marocain, tout ce que Gérald Darmanin pourra faire, c’est l’interner dans un centre de rétention pour une durée qui ne peut dépasser trois mois. Faute de pouvoir lui intimer l’ordre de quitter le territoire français, il sera remis en liberté avec pour seule exigence de ne plus prêcher et de ne pas trop s’éloigner du commissariat le plus proche de son domicile. L’imam jugé radical et dont les propos sont qualifiés d’antirépublicains et de complotistes ira alors trouver refuge dans les quartiers où la police n’a pas accès, des territoires entiers érigés en zones «libérées», où toute intervention policière vire au cauchemar.
L’affaire de l’imam Hassan Iquioussen réveille le mauvais souvenir du laxisme et de la permissivité voulus par le Parti socialiste français qui avait ouvert la porte de la France toute grande aux extrémistes islamistes du FIS algérien, tout en ordonnant presque aux autorités algériennes, à l’époque, de rétablir ce parti fanatique – dont beaucoup d’éléments prendront les armes plus tard – qui avait voulu prendre le pouvoir par la menace et le détournement de la religion à des fins bassement politiques. La France, et avec elle d’autres pays occidentaux, notamment la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l’Allemagne et la Suisse, allait, par cette attitude machiavélique, implanter l’islamisme politique sur son territoire avant que celui-ci ne débouche sur une action armée qui n’épargnera aucun de ces Etats dont les dirigeants se sont rendu coupables d’une occulte complicité avec les groupes islamistes armés.
Le rôle de la DGSE, le service français de l’action extérieure, dans les crimes abominables commis par le GIA en Algérie durant la décennie noire n’est plus à démontrer. Le cas Iquioussen aura eu le mérite de montrer aux Français à quel point leurs responsables politiques sont impuissants face à une nébuleuse longtemps entretenue et dont ils veulent faire croire qu’ils la combattent, en mettant en avant un imam, qui n’est sans doute pas le plus dangereux, et en entourant son expulsion échouée d’une saturation médiatique qui a fini par se retourner contre eux, démontrant ainsi leur incompétence totale sur la question.
Macron limogera-t-il son ministre de l’Intérieur ? Il le devrait, murmure-t-on à Paris. Mais pas face caméra.
A. S.
Comment (30)