Le secret des lâchers de migrants par Rabat révélé par une source espagnole
Par Kamel M. – Un journaliste espagnol a expliqué, dans un entretien diffusé sur YouTube, les raisons qui poussent le régime monarchique de Rabat à organiser des invasions cycliques des enclaves de Ceuta et Melilla, comme cela s’est passé l’été 2020, lorsque quelque 10 000 Marocains du nord du royaume avaient risqué leur vie en rejoignant le territoire espagnol à la nage grâce à la permissivité voulue des services de sécurité marocains.
Selon ce journaliste, ces lâchers de migrants constituent une sorte de soupape de cocotte-minute que le régime déclenche à chaque fois que les risques d’émeutes sérieuses se manifestent dans le nord du pays, autrement dit dans le Rif frondeur et opposé, à ce jour, à son annexion à Marrakech par le Français Hubert Lyautey au début du siècle dernier pour constituer ce que les historiens de la colonisation appellent le «Maroc moderne». Pour anticiper tout soulèvement qui pourrait s’inscrire dans la durée pour exiger l’indépendance de cette partie du territoire alors indépendant que le maréchal français a fait passer sous la souveraineté du sultan local en 1912, le pouvoir desserre l’étau et organise des traversées collectives, en téléguidant des campagnes sur les réseaux sociaux menées par les milliers de moucherons employés par les services secrets d’Abdellatif Hammouchi et Yassine Mansouri.
Ce n’est donc toujours pas pour faire pression sur le gouvernement espagnol et, plus généralement, sur l’Europe, que Mohammed VI et le vice-roi, André Azoulay, gèrent cette opération de façon ponctuelle. Celle-ci sert également la politique intérieure d’un Maroc assis sur une poudrière sur le double plan politique et social. Généralement, ce sont des faits liés à la misère qui déclenchent les révoltes dans le Nord-Maroc. On se souvient des affrontements qui ont secoué le pays après la mort atroce d’un vendeur ambulant à Hoceima, broyé par une benne à ordures. Derrière la colère des citoyens marocains happés par une grande misère pendant que le roi, les membres de sa famille et sa cour amassent des fortunes colossales, en faisant main basse sur les richesses naturelles et l’économie du pays, se profile une haine viscérale historique envers la monarchie et une volonté d’établir un régime républicain démocratique, affranchi de la tutelle de la France et, désormais, d’Israël.
Le journaliste espagnol n’est pas le seul à s’inquiéter de cette «arme» que le Maroc utilise pour déstabiliser l’Espagne. Des responsables et des élus n’ont de cesse de mettre en garde le président du gouvernement socialiste au pouvoir de la grave erreur qu’il a commise en opérant un virage à 180 degrés dans le dossier sahraoui, provoquant ainsi la colère des autorités algériennes qui ont immédiatement suspendu le Traité d’amitié et décidé de revoir à la hausse les tarifs préférentiels jusque-là accordés à l’Espagne. Entre le chantage à l’immigration exercé par Rabat et les rapports amicaux qu’Alger a toujours entretenus avec Madrid, Pedro Sanchez s’est rangé du mauvais côté, entraînant son pays dans une crise protéiforme sans précédent. Et au plus mauvais moment.
K. M.
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