Strictes règles d’usage et courtoisie mesurée entre Tebbi et Bourita à Rabat
Par Kamel M. – Les deux hommes se sont fait face en montrant un visage fermé. La remise de la lettre d’invitation adressée par le président Tebboune au roi du Maroc pour assister au Sommet arabe qui se tient à Alger en novembre prochain s’est déroulée dans un climat crispé, comme il fallait s’y attendre. Le ministre de la Justice, Abderrachid Tebbi, a paru droit dans ses bottes, le regard ferme, devant un Nasser Bourita esquissant un rictus factice en guise de sourire de bienvenue. C’est que la crise entre les deux pays voisins a atteint des proportions telles qu’il était impossible pour les Marocains d’étaler leur savoir-faire habituel dans l’expression de sentiments qu’ils n’éprouvent pas, par les mots faussement mielleux et les gestes obséquieux simulés.
Le régime de Rabat s’était hâté de rendre publique la visite du membre du gouvernement algérien au Maroc dès que les autorités marocaines en ont reçu l’information par les canaux officiels. Le Makhzen avait cherché à instrumentaliser ce déplacement du haut responsable algérien pour faire accroire à un réchauffement des relations venant d’Alger. Mais des sources autorisées avaient vite fait de contrer la manœuvre marocaine en précisant que «ce n’est pas un ministre algérien mais le représentant d’un Etat membre de la Ligue arabe qui se rend dans un autre pays membre de la Ligue arabe» et en invitant à établir un «distinguo entre les relations bilatérales et un événement multilatéral». Nos sources n’avaient pas manqué de rappeler que l’Algérie avait participé à deux sommets arabes tenus au Maroc alors que les relations diplomatiques étaient rompues.
Après avoir révélé l’information, le Makhzen a lancé un ballon de sonde via un de ses médias édité à Paris, selon lequel le roi du Maroc serait présent à Alger les 1er et 2 novembre. C’est au magazine Jeune Afrique qu’a échu la mission d’informer les Algériens que le roi du Maroc «honorera» l’Algérie de son «auguste» présence à la réunion des dirigeants arabes, puisque ce déplacement s’inscrit dans un cadre multilatéral et n’engage en rien Rabat dans une quelconque entreprise de «réconciliation». Mais ce «scoop» sera démenti quelques jours plus tard par des sources «autorisées» marocaines qui affirment que Mohammed VI sera représenté par son ami et néanmoins Premier ministre Aziz Akhannouch et le chef de la diplomatie, Nasser Bourita.
L’absence du souverain marocain à Alger semble, pourtant, moins motivée par le froid qui caractérise les relations entre Alger et Rabat que par sa démission annoncée par plusieurs sources marocaines qui indiquent que le locataire du palais royal aurait abdiqué la couronne et décidé de s’installer définitivement en France où il se trouve depuis plusieurs mois. Sa dernière apparition dans une vidéo virale sur les réseaux sociaux, marchant en titubant, un verre à la main, a choqué les Marocains qui s’interrogent sur l’avenir du pays en l’absence du chef de l’Etat, sur fond d’une guerre de succession sans merci qui fait rage entre le fils et la fratrie, une des sœurs ayant accaparé de larges prérogatives, selon des indiscrétions.
K. M.
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