Qui y en profite ?
Par Mrizek Sahraoui – Ou, de même, qui y perd dans la guerre en Ukraine ? Les deux questions méritent d’être posées même si les réponses tombent sous le sens. Inutile alors d’aller bille en tête fureter dans les revues spécialisées ou de décrypter les analyses d’experts patentés.
Les chiffres et le contexte géopolitique mondial et ses évolutions donnent un éclairage suffisant pour comprendre les causes et les conséquences d’un conflit opposant deux peuples frères, deux pays, la Russie et l’Ukraine, dont le destin aurait pu et dû être commun
Les Etats-Unis, les grands gagnants de cette guerre, raflent la mise. Les Américains en ont tiré profit à fond et sur tous les plans, économique, militaire, géopolitique et, surtout, énergétique, au grand dam d’une Europe sortie seule perdante, ne sachant plus où elle va, en proie à des crises multiformes, et, désormais, grandement au bord de l’explosion. Les relations entre l’Allemagne et la France sont à deux doigts de la rupture.
Dans le chapitre économique d’abord, les Etats-Unis ont empoché des milliards de dollars sur les ventes de pétrole et de gaz à l’Europe, trente milliards de dollars, selon les économistes. Les volumes ayant explosé, atteignant 27 millions de tonnes de GNL, rien que pour le premier semestre de l’année en cours, livrés grâce à une noria de méthaniers, 240 jusqu’ici, faisant cap vers les ports européens depuis le début du « combat pour la survie de la Russie », avait dit Vladimir Poutine.
Sur le plan militaire ensuite, les Américains ont renforcé leur présence militaire en Europe de l’ouest, devenue le terrain d’essai grandeur nature de nouvelles armes. Un 2e porte-avions nucléaire, l’USS Gerald Ford, est d’ailleurs en route vers l’Europe, déployé en renfort d’un autre déjà en place, le porte-avions USS George-Bush, arrivée probable mi-novembre, accompagné de plusieurs autres navires, d’un sous-marin nucléaire, de destroyers, d’un croiseur lance-missiles Tomahawk. Une armada qui confirme les propos du président Poutine, lequel a estimé à juste titre que le monde entre dans sa décennie « la plus dangereuse » depuis la Seconde Guerre mondiale, une crainte justifiée eu égard aux velléités expansionnistes de l’OTAN.
Le déploiement et le renforcement des capacités opérationnelles militaires américaines sur le vieux continent et la dépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis permettent à ces derniers d’exercer leur mainmise et leur hégémonie sur l’Union européenne qui, par sa position dans cette guerre et qui s’est fait avoir dans les grandes largeurs, s’est livrée mains et poings liés à une Amérique insatiable et plus que jamais conquérante.
L’on s’attendait à un mandat Biden long fleuve tranquille, qui devait être marqué par un retour progressif à des relations internationales apaisées, on se retrouve au mitan de son règne au bord de l’apocalypse.
La Russie n’a pas choisi cette guerre, l’Occident la lui a imposée. C’est cela le dessous des cartes et la réalité au bout du compte.
M. S.
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