Scandale : le député légionnaire recruté par le consul d’Algérie à Bordeaux
Par Houari A. – Le consul d’Algérie à Bordeaux ignorait-il en parachutant Mohamed Bekhadra à la tête d’une permanence qu’il vient de mettre en place que ce dernier a été éjecté du Parlement algérien après que les services de sécurité eurent découvert la partie escamotée de son curriculum vitae ? Pourtant, aussi bien les médias algériens que français s’étaient emparés de cette affaire qui avait fait grand bruit, en mai 2022, lorsque décision fut prise de déchoir l’ancien légionnaire de son titre de député.
En tout cas, dans le département de la Charente, situé dans le sud-ouest de la France, relevant du consulat d’Algérie à Bordeaux, et où le concerné avait été élu pour représenter la communauté algérienne à l’étranger à l’Assemblée populaire nationale, les Algériens sont furieux. «Nous sommes sous le choc et très en colère», se sont indignés des concitoyens établis dans cette région, qui disent ne pas comprendre comment le consul a décidé d’ouvrir une permanence à Angoulême et de désigner un ex-légionnaire à sa tête.
«Mohamed Bekhadra a été destitué pour avoir menti sur son passé lors des dernières élections législatives en Algérie, oubliant sciemment de mentionner qu’il avait fait partie de ce corps à la limite de la milice, connu pour servir de chair à canon pour le compte de l’armée française dans ses opérations extérieures», ont-ils dénoncé, en accusant le consul d’avoir fait ce choix sur une base «régionaliste», les deux hommes étant issus de la même ville en Algérie. «De plus, ceux qui en ont fait l’annonce élèvent de façon mensongère le consulat de Bordeaux au rang de consulat général», s’indignent nos concitoyens qui ne comptent pas rester les bras croisés devant ce qu’ils considèrent être un affront à la fois à l’égard de l’Etat algérien et de la communauté algérienne.
L’affaire de la déchéance de ce député-légionnaire avait intéressé la presse locale à laquelle le concerné s’était plaint, en affirmant qu’il serait victime d’un «règlement de comptes». «J’ai engagé une procédure en justice pour m’opposer à ma destitution», avait-il déclaré à Charente Libre, selon lequel son interlocuteur n’avait pas voulu «s’épancher davantage» et avait préféré «réserver ses arguments pour le tribunal». C’est au travers de ses relations qu’il a dénoncé une «cabale». «Son passage à la Légion étrangère ne serait qu’un prétexte pour se débarrasser d’un élu gênant», appuyait le journal français.
«Cet individu se targue de s’être battu pour faire baisser les prix des billets d’avion au profit de la diaspora et cherche à tirer la couverture vers lui, alors que d’autres bien avant lui ont mené ce combat de longue date. Il tente ainsi d’en récolter les dividendes en instrumentalisant cette question en sa faveur, mais cela ne marche pas», dénonçait, de son côté, une source proche du dossier, qui avait qualifié de «fadaise» l’argument selon lequel il dérangerait parce qu’il aurait «commencé à faire bouger les lignes».
Mohamed Bekhadra était engagé dans les rangs de la Légion étrangère française de 2002 à 2007 à Aubagne, une commune dans le département des Bouches-du-Rhône. Il est ensuite passé au 4e Régiment de la Légion étrangère avec lequel il a participé à des opérations militaires au Tchad, avant d’être affecté au 1er Régiment étranger de génie, au grade de caporal. Il a été naturalisé français en 2006.
Plus grave, ce député est marié à une Marocaine qui anime un compte sur Facebook sous le pseudonyme de «Fatima Bekh», dédié entièrement à la promotion du régime monarchique de Rabat.
H. A.
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