Quand la chaîne du Quai d’Orsay politise le gala de Lounis Aït Menguellet à Paris
Par Karim B. – «Printemps arabe», «cause berbère», «opposition au régime». A suivre le reportage consacré par France 24 au chantre de la chanson algérienne d’expression amazighe Lounis Aït Menguellet, ce n’est pas un artiste qui se produit à l’Accor Arena mais un membre de la direction du MAK qui préside une grand-messe devant la «communauté kabyle» de France. France 24 a révélé son vrai visage d’outil de propagande au service du gouvernement français avant même sa création lorsqu’un sondage avait été mené avant son lancement pour concurrencer le mastodonte qatari Al-Jazeera. Des Algériens, entre autres, avaient été joints au téléphone pour leur poser un certain nombre de questions, sans que l’on sache, à ce jour, comment les coordonnées des personnes interrogées avaient été obtenues.
En 2011, France 24 s’était manifestée comme un relais médiatique au plan diabolique du «printemps arabe» qui devait conduire à la destruction des pays hostiles à Israël, exit les régimes monarchiques qui jouissaient de la protection de l’Occident. En Algérie, la chaîne du Quai d’Orsay était devenue l’organe central du RCD de Saïd Sadi dont elle amplifiait les sit-in que celui-ci organisait chaque samedi dans l’espoir de prolonger la protesta. L’action conjointe de l’ami de Bernard-Henri Lévy et de la télévision gouvernementale française, coordonnée à partir d’Alger par l’ambassade de France à Alger, dirigée, pour rappel, par deux patrons successifs de la DGSE, le service d’espionnage français, a fait pschitt.
L’outil de propagande français a récidivé en février 2019, à l’occasion du soulèvement populaire pacifique du 22 février, saboté par les islamistes comme en octobre 1988. Le rôle de l’ambassadeur en fonction à Alger de l’époque, Xavier Driencourt, dans le plan qui avait pour but de faire prendre sa revanche au FIS, a fait que les autorités algériennes ont demandé à Paris de rappeler le diplomate subversif avant qu’une crise diplomatique éclatât. Mais c’était trop tard, le hirak avait déjà été dévié de sa trajectoire.
Dans une conférence de presse animée plusieurs jours avant le concert prévu dans la capitale française, Lounis Aït Menguellet a su intelligemment contourner le piège qu’avaient voulu lui poser des journalistes en cherchant à l’entraîner sur un terrain politique. Le poète a répondu avec une grande répartie qu’il avait sa propre façon de militer pour les causes qui lui tiennent à cœur à travers son art, en laissant entendre qu’il n’était pas un adepte de l’opposition de spectacle, au sens péjoratif. «Je ne sais pas si on peut parler de retenue, mais chacun fait sa poésie comme il le sent, la même dénonciation d’un arbitraire, par exemple, peut prendre des formes différentes d’un poète à l’autre ; quand j’écris un poème, je ne dis pas attention il faut que…, non, je l’écris avec les mots que j’estime être justes», avait-il corrigé.
France 24 s’est définitivement dévoilée comme une caisse de résonnance du pouvoir français, en se faisant le relais des mensonges servis à une opinion publique française manipulée par le président Emmanuel Macron sur le conflit armé qui fait rage en Europe de l’Est, conduisant le pays vers un effondrement économique et social dont les prémices sont déjà perceptibles, aussi bien en France que dans toute l’Europe. Et le pire est à venir.
K. B.
Comment (34)