Abane Ramdane, Larbi Ben M’hidi, la Révolution de Novembre et les juifs d’Algérie
Une contribution de Khaled Boulaziz – «Soldons les comptes une fois pour toutes et l’air d’Alger serait plus respirable.» (Mohamed Boudiaf.) Dès le prélude au combat libérateur et voulant évaluer mais, surtout, appréhender les duplicités immuables à travers l’histoire des communautés juives ; Abane Ramdane et Larbi Ben M’hidi, tout juste après le Congrès de la Soummam, adressèrent une lettre, datée du 1er octobre 1956, aux Israelites d’Algérie leur demandant clairement de définir leur position vis-à-vis de la Révolution algérienne.
Nous reprenons ici de larges extraits de cette lettre afin de faire taire à jamais les porte-voix d’un révisionnisme sournois, que les Attali-Stora et compagnie n’ont cessé de promouvoir par un corpus littéraire, mercantile durant ces dernières années.
La lettre a été adressée au grand rabbin d’Algérie, les membres du Consistoire israélite et aux élus et à tous les responsables de la communauté israélite d’Algérie. D’emblée et sans jeu de mots, Abane et Ben M’hidi fustigeant l’attentisme de la communauté israélite allèrent droit au but : «Le Front de libération nationale (FLN), qui dirige depuis deux ans la Révolution anticolonialiste pour la libération nationale de l’Algérie, estime que le moment est venu où chaque Algérien d’origine israélite, à la lumière de sa propre expérience, doit sans aucune équivoque prendre parti dans cette grande bataille historique. C’est aujourd’hui un fait notoire que la guerre de reconquête imposée au peuple algérien s’est définitivement soldée par un double échec militaire et politique.
Le gouvernement français, dans sa recherche actuelle d’une solution politique, devenue inévitable, veut encore voler sa victoire au peuple algérien en poursuivant la pratique insensée de manouvres grossières, vouées dès maintenant à un échec retentissant.
Le FLN, représentant authentique et exclusif du peuple algérien, considère qu’il est aujourd’hui de son devoir de s’adresser directement à la communauté israélite pour lui demander d’affirmer d’une façon solennelle son appartenance à la nation algérienne
Depuis la Révolution du 1er Novembre 1954, la communauté israélite d’Algérie, inquiète de son sort et de son avenir, a été sujette à des fluctuations politiques diverses.
Au dernier Congrès mondial juif de Londres, les délégués algériens, contrairement à leurs coreligionnaires de Tunisie et du Maroc, se sont prononcés, à notre grand regret, pour la citoyenneté française.
Si le peuple algérien a regretté votre silence, il a apprécié la prise de position anticolonialiste des prêtres catholiques, comme ceux notamment des zones de guerre de Montagnac et de Souk Ahras, et même de l’archevêché qui, pourtant, dans un passé récent, s’identifiait encore à l’oppression coloniale.
Le FLN est convaincu que les responsables comprendront qu’il est de leur devoir et de l’intérêt bien compris de toute la communauté israélite de ne plus demeurer au-dessus de la mêlée, de condamner sans rémission le régime colonial français agonisant, et de proclamer leur option pour la nationalité algérienne.»
La pseudo-réponse à cette lettre vint en novembre de la même année sous la plume de Jacques Lazarus dans le mensuel La Lettre Juive : «Il ne peut être question d’imposer aux juifs d’Algérie un choix fixé d’avance. Les juifs d’Algérie depuis le décret Crémieux qui leur a octroyé la nationalité française sont solidaires des autres Français d’Algérie.» La messe est dite.
Les juifs d’Algérie, non seulement rejetèrent l’appel du FLN, mais s’activèrent pleinement contre la Révolution algérienne, avec la connivence de l’Etat d’Israël.
Dans une étude académique publiée par l’historien et chercheur Roland Lombardi, intitulée Israël au secours de l’Algérie française – l´état hébreu et la guerre d’Algérie (1954-62), l’auteur énumère fait par fait, date par date toutes les actions hostiles envers le peuple et sa révolution ne laissant aucune équivoque quant à l’implication des juifs nés en Algérie, avec l’aide d’Israël dans des actions militaires sur le sol algérien durant la Guerre de libération contre le FLN. (2)
Au-delà de considérations et fondements tout à fait légitimes, la Révolution algérienne peut être vue comme un des rares vortex dans l’histoire humaine. Sa réussite est due essentiellement au fait qu’Abane Ramdane et Larbi Ben M’hidi ont, dès le début, identifier l’ennemi de toujours.
Aujourd’hui, et devant le forcing tous azimuts de la part de certains cercles, les Algériens épris de l’Algérie ne sauraient être entraînés par les sirènes de la politique de normalisation sous de fallacieux prétextes. Tout au contraire, leur devoir est de perpétuer l’idéal et la foi d’Abane Ramdane et de Larbi Ben M’hidi ; nos prophètes à jamais sur cette terre ; foi en Dieu et foi en eux.
Idéal et foi qui se sont édifiés et cristallisés par le dévouement de centaines de milliers de vies et portés par la mémoire de millions de martyrs immolés sur l’autel de la longue résistance de notre peuple à l’occupation et ses sbires pour que cette terre demeure ce qu’elle est de toujours : une terre musulmane.
K. B.
1- https://ar-ar.facebook.com/Tamazgha.Land.of.imazighen/posts/4254664904575399/
2- https://www.editions-prolegomenes.fr/produit/israel-secours-de-lalgerie-francaise/
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