Coup diplomatique
Par Mrizek Sahraoui – Le président Macron est aux Etats-Unis pour une visite d’Etat de trois jours. Une visite qui se présente sous les meilleurs auspices, mais intervient alors que l’Europe fait face à l’un des plus grands défis de son histoire d’après-guerre : éviter la guerre sur le sol européen justement, pour l’heure en vain.
En apparence, les relations entre la France et les Etats-Unis sont au beau fixe, en tout cas depuis l’élection de Joe Biden. Il est vrai que, dès son investiture, ce dernier a adopté une posture assertive et a fait le pari de la confiance avec les alliés traditionnels – la France au premier chef, mais d’une Amérique qui, sous le mandat de Donald Trump, a vu renaître le vieil atavisme isolationniste, et n’ayant eu de cesse de réaffirmer haut et fort : America fisrt.
A première vue seulement car, dans le fond, l’objectif de cette visite du président français est de plaider la cause d’une Europe sortie essorée par le conflit en Ukraine, dont les Etats-Unis en ont tiré profit au maximum en faisant littéralement les poches des pays membres de l’UE. Les Américains ont, en effet, doublé leurs exportations de gaz vers l’Europe pour satisfaire une demande croissante et, plus que tout, afin de pallier, moyennant des milliards de dollars, l’arrêt des livraisons du gaz russe, conséquence des sanctions inconséquentes infligées à la Russie, jusqu’ici, il faut bien l’admettre, sans résultat vraiment tangible.
Le séjour du président Macron en Amérique qui s’étale du 30 novembre au 2 décembre aura d’indéniables fructueuses retombées médiatiques. Certains parlent même d’un joli coup diplomatique. Mais rien de plus, fustigent des observateurs, puisque la France comme tous les pays membres de l’Union, davantage sous l’hégémonie américaine depuis la guerre en Ukraine, demeurent plus que jamais subordonnés aux caprices et au bon vouloir de l’administration Biden, soucieuse, elle, des seuls intérêts américains. L’affaire des sous-marins australiens qui avait suscité, en septembre 2021, une énorme crise, en est la parfaite illustration.
Comme en 2018 face à Donald Trump, Emmanuel Macron fera entendre la voix de la France, par ailleurs, en voie d’extinction. Mais il ne pourra rien face à la politique protectionniste américaine qui a grevé l’économie mondiale et sérieusement impacté la zone euro. Laquelle s’apprête à entrer en récession dès cet hiver rigoureux, selon les prévisions météorologiques.
Outre les questions économique et climatique, la guerre en Ukraine sera sans doute au menu des discussions. La question est de savoir si, pour une sortie rapide du conflit, Joe Biden et Emmanuel s’accordent pour imposer au président ukrainien la solution qui s’impose : l’entame sans une minute à perdre de négociations avec la Russie, comme l’a d’ailleurs préconisé la semaine dernière Mark Milley, le chef d’état-major américain.
M. S.
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