L’Unesco a tranché : le raï «un chant populaire algérien» classé au patrimoine culturel immatériel de l’humanité
La ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, s’est félicitée, ce jeudi, de l’inscription par l’Unesco du raï, «chant populaire algérien» sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, considérant cette consécration comme «un acte décisif de reconnaissance par le monde à l’endroit de ce genre culturel, artistique, poétique, musical et chorégraphique».
S’exprimant par visio-conférence lors de la 17e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui se tient à Rabat jusqu’au 3 décembre, la ministre a présenté «au nom de l’Algérie, du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, du gouvernement et du peuple algérien, tous ses remerciements à l’Unesco pour cette inscription du raï chant populaire d’Algérie sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité».
Elle a également présenté les vifs remerciements de l’Algérie au «Comité inter-gouvernemental, ainsi qu’à l’Organe d’évaluation pour leur expertise rigoureuse, juste et objective, ayant conduit à cette reconnaissance internationale», exprimant aussi la reconnaissance de l’Algérie aux Etats qui ont soutenu cette candidature, ainsi qu’au secrétaire à la Convention pour tous les efforts et le travail accomplis dans l’échange, l’écoute, l’accompagnement et l’inclusion».
L’inscription du raï chant populaire d’Algérie «constitue pour mon pays un acte décisif de reconnaissance par le monde à l’endroit de ce genre culturel, artistique, poétique, musical et chorégraphique qui se donne à voir, à comprendre et à apprécier comme un message de partage, d’amitié, d’amour, et de paix, (…) offert au monde et à l’humanité», poursuit la ministre.
La ministre a, par ailleurs, réitéré «l’engagement de l’Algérie en faveur de tout ce que l’Unesco entreprend pour la culture, le patrimoine culturel et les arts», soulignant que «l’Algérie accueille avec fierté et honneur le Centre de catégorie 2, dédié au patrimoine culturel immatériel de tout le continent africain, auquel nous continuerons d’assurer tous les moyens nécessaires à son déploiement».
Le raï classé au patrimoine culturel immatériel de l’humanité
L’Unesco a inscrit par ailleurs le raï (chant populaire d’Algérie) sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
L’Algérie compte, avec le classement du genre raï, neuf éléments inscrits sur la liste du patrimoine mondial, à savoir ahellil du Gourara, le costume nuptial de Tlemcen (chedda), la célébration du mawlid ennabaoui (s’boue) à Timimoun, rakb Ouled Sidi Cheikh, la cérémonie de la sebeïba, en sus de trois éléments en commun avec des Etats limitrophes, imzad, couscous et calligraphie arabe.
Le raï est apparu dans les milieux bédouins ruraux dans l’Ouest algérien, notamment à Sidi Bel Abbès, Relizane, Tiaret, Mascara et Mostaganem. Il est passé, ensuite, dans la villes après l’indépendance, notamment à Oran où il a émergé en tant qu’art mondial grâce à plusieurs chanteurs.
Le raï traditionnel s’est distingué par sa façon dans le chant, la mélodie et les paroles inspirées le plus souvent du melhoun, car à l’époque, plusieurs voix ont émergé et qui sont considérées aujourd’hui parmi les pionniers de cet art, à l’instar de Cheikha Remitti, de son vrai nom Sadia Bedief, issue de la wilaya de Sidi Bel Abbès.
Le raï s’est modernisé après l’indépendance grâce aux deux frères Rachid et Baba Ahmed ainsi qu’à Messaoud Bellemou. Ainsi, plusieurs influences musicales occidentales y ont été introduites. Ses thèmes portent désormais essentiellement sur les questions sentimentales. Le raï s’est, par la suite, propagé à une large échelle, avec l’apparition du festival qui lui a été consacré, dès 1985.
Le raï a poursuivi sa grande ascension, se développant dans différentes régions d’Algérie, grâce à l’évolution des supports d’enregistrement et de diffusion, déferlant même sur la scène musicale mondiale, à travers les œuvres de plusieurs artistes algériens et la participation de noms musicaux universels dans des projets artistiques communs.
L’Algérie compte plusieurs chercheurs dans ce genre musical, à l’instar d’Abdelkader Bendamèche, Abdelhamid Bourayou et du défunt Hadj Meliani, en sus de plusieurs chercheurs anthropologues qui ont consacré tant de recherches et de publications dédiées à la vulgarisation de cet art, dans l’objectif de préserver sa mémoire, comme patrimoine algérien.
R. C.
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