Résistance contre le colonialisme et le terrorisme : ces évidences qui aveuglent
Une contribution de Saadeddine Kouidri – On répète souvent qu’il a été vaincu alors que l’Emir Abdelkader a vaincu le génocide de la colonisation de peuplement de la France en Algérie. Nous avons une preuve flagrante puisque l’Algérien est toujours vivant après des décennies de tueries commises par l’armée française qui avait pour but d’évacuer le territoire en exterminant la population pour en implanter une autre, européenne, celle-là. Cette évidence rejoint cette autre spoliation qui lui est intrinsèquement liée, cette autre victoire, celle de feu Mohamed Boudiaf sur le terrorisme islamiste. Oui, l’armée, me dit-on, c’est juste, mais qu’aurait-elle été cette armée sans l’interdiction du FIS ou qu’aurait été la résistance sans l’Emir ?
C’est avec un intérêt objectif que les féodalités et leurs intellectuels sous-estiment la résistance populaire jusqu’à nier sa victoire comme les obscurantistes et la grosse bourgeoisie tentent de disculper ceux qui ont légalisé anticonstitutionnellement le FIS et pratiqué par la suite la connivence avec les maîtres du terrorisme par la rahma et la concorde. Oui, mais pourquoi les autres se taisent ou adhèrent à ces dénis ?
Qualifier l’extrémisme d’orphelin participe à disculper les terroristes de leurs crimes. Tenter d’effacer des traces de faits historiques, alors qu’ils sont indélébiles, relève de la politique à courte vue. Les traces sont dans les cimetières, dans la presse, dans les romans, dans la mémoire du citoyen. Nous avons sans discontinuité l’héritage des pères et des mères qui se sont sacrifiés par millions (la moitié de la population entre 1832-1857, le plus d’un million de 1954-62, des dizaines de milliers par le terrorisme depuis 1989) pour préserver la liberté de la vie. Grâce à l’héritage d’une filiation qui va de Massinissa à Abdelkader et de Abdelkader à Boumediene jusqu’à Boudiaf dont le credo est la sauvegarde et l’évolution de la société algérienne. Cet héritage est une partie de notre culture qui fait que l’Algérie, à elle seule, a vaincu le terrorisme-islamiste algérien. Pourquoi cette victoire n’a pas été niée ? Pour nier, il faut en parler !
L’Algérie est passée du socialisme au libéralisme, en empruntant le terrorisme. Il est comme incrédible d’en parler. Cette honte est, à l’image de deux Premiers ministres au «bagne» et leurs ministres et généraux qui les accompagnent en sus, ils endossent, malgré tout, le capitalisme, leur libéralisme qui regorge de sang et de souffrance, de milliers d’innocents.
Faut-il rappeler que la troisième arme civilisationnelle du capitalisme occidental aujourd’hui est le terrorisme qui s’additionne, un, à l’exploitation de l’Homme et, deux, à la guerre. Sachant que «le capitalisme ne guérira pas la misère du monde car il en a besoin», nous pouvons conclure qu’il est la première cause du terrorisme, des guerres et de la pollution de la nature.
Au colloque international sur la géopolitique de l’extrémisme tenu les 3 et 4 décembre 2022, il a été dit que «le phénomène de l’extrémisme ne peut être attribué à une religion, une société ou une idéologie quelconque». Nous répondons par oui, mais à leur mère. Nous savons que la mère des idéologies est la religion en politique qui a comme grand-mère la philosophie antique. Les nations qui ont tenté de la neutraliser par la laïcité, tout en maintenant le système capitaliste, en sont revenues.
Nous constatons que ce retour s’est accompagné par plus de violence, plus de pauvreté, d’injustice et, en face, les plus riches, tout en devenant moins nombreux, s’enrichissent davantage.
Feu le général Mohamed Lamari disait, à juste titre, que la lutte antiterroriste est insuffisante. C’est lui et Mohamed Boudiaf les références à la victoire sur le terrorisme. Ne pas les nommer jette le doute à cette victoire.
Il faut rappeler que le champion de l’extrémisme est celui qui bombarde des villages entiers, des populations dans leur sommeil. Qui d’autres que les capitalistes bombardent tous les pays qui refusent de se faire voler ? Le Vietnam, par la France et l’Amérique, la Libye par l’OTAN, Israël bombarde la Palestine et la liste est longue. A l’origine de la violence, il y a le génocide des Amérindiens par les Etats-uniens, ces colons européens. Cet extrémisme-là ne trouve pas sa place dans l’écriture de l’histoire, ni dans les médias. L’erreur que nous commettons envers Abdelkader et Boudiaf découle certainement du gommage du génocide des Amérindiens, par exemple. On prend ces extrémistes avec des pincettes. A croire que les évidences aveuglent le point commun de tous ces assassins, ces extrémistes, ces terroristes. Tous deviennent des capitalistes, même s’ils ne l’étaient pas au départ.
Le système capitaliste met en danger la vie dans notre planète. Comment le faire comprendre, si ce n’est par la vérité qui, elle, est toujours révolutionnaire. Il ne s’agit plus de souhaiter mais de vouloir. Nous voulons vivre dignement. Tous les peuples de la terre ont ce souhait. Pour cela, il faut affiner une alternative au capitalisme. Comment le vouloir sinon que d’exiger de l’Etat la vérité et aux entreprises de meilleurs salaires, de meilleures conditions de travail et de vie et un environnement sain. Faire que la sympathie de l’autre, de tous les autres, soit notre premier réflexe. Le deuxième réflexe s’enchaîne et au fur et à mesure. La réflexion partagée avec d’autres sur ce que nous voulons s’éclaircit crescendo naturellement. Certes, ça, ce n’est pas évident mais, c’est gratuit.
S. K.
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