L’Algérie tacle les Etats-Unis à Riyad et appelle à mettre fin à son hégémonisme
Par Abdelkader S. – Le discours prononcé par le Premier ministre Aymène Benabderrahmane à Riyad, lors du Sommet sino-arabe, est sans ambages. «Dans le contexte de polarité qui caractérise l’ordre mondial, le renforcement des relations stratégiques entre le monde arabe et la Chine est à même de contribuer à faire émerger un monde multipolaire loin des politiques unilatérales et des desseins hégémoniques», a, en effet, affirmé le représentant de l’Algérie dans un court discours qui est allé droit au but.
Un nouveau monde se construit sous nos yeux, à la lumière des chamboulements induits par la guerre en Ukraine, mais également par le divorce consommé entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite. L’opération militaire spéciale russe en Ukraine a démontré, en tout cas, la vulnérabilité de ce qui, jusque-là, était considéré comme la première puissance mondiale mais qui s’est avérée incapable de repousser l’offensive russe à l’intérieur des territoires d’un pays qui croyait pouvoir compter sur l’appui militaire et logistique américain pour faire face à la redoutable machine de guerre russe. Chimère.
Les pays du Golfe ont pris conscience de cette nouvelle donne et commencent à revoir leur politique vis-à-vis de l’allié-protecteur d’hier. Et la pactisation contre-nature entre un certain nombre de pays arabes avec Israël sous la houlette de l’ancien locataire de la Maison-Blanche, Donald Trump, n’a pas servi de catalyseur comme cela avait été prévu faussement par les instigateurs de ce plan qui visait, à l’origine, à encercler le régime iranien en prévision de sa chute, d’abord via des manifestations, puis à travers une offensive militaire une fois ce dernier affaibli.
Mais le schéma esquissé dans les bureaux calfeutrés de l’Occident ne s’est pas réalisé sur le terrain. La guerre en Ukraine et la crise énergétique qu’elle a engendrée a fait se lézarder les alliances qui paraissaient inébranlables et les Etats ont commencé à chercher les alternatives de façon individuelle pour tenter de résister à la grave crise mondiale qui pointe à l’horizon. L’Europe est en train de se disloquer et le monde arabe essaye de se reconstituer au lendemain du Sommet d’Alger, de la réunion des pays membre du Conseil de coopération du Golfe et, aujourd’hui, de la rencontre sino-arabe, dans la perspective de l’adhésion de nombreux pays aux BRICS dont la Chine et la Russie constituent les deux piliers.
L’Algérie s’inscrit clairement dans cette démarche et son dossier est à l’étude, selon l’ambassadeur de la Fédération de Russie à Alger, qui a appelé au renforcement des relations économiques pour faire du partenariat stratégique entre les deux pays une réalité palpable. Le retour à la division du monde entre deux pôles est et ouest est en cours et les pays émergents ont d’ores et déjà choisi leur camp, celui d’un monde plus juste, comme l’a souligné le Premier ministre algérien à Riyad, tout en rappelant le caractère central de la cause palestinienne à laquelle le président chinois vient de confirmer son soutien plein et entier.
A. S.
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