Le Maroc réédite le coup d’Omdourman : quand Mohammed VI imite Bouteflika
Par Kamel M. – L’épopée footballistique algérienne d’Omdourman inspire le régime marocain qui a décidé d’envoyer 9 000 supporters à Doha en renfort aux côtés de la sélection marocaine qui devra affronter la France en demi-finale de la Coupe du monde qui se déroule au Qatar. La Royal Air Maroc a été mobilisée qui assurera une navette de trente vols. L’armée de supporters n’aura pas à débourser un centime, les places d’avion et de stade étant «gratuites».
Quand le défunt Abdelaziz Bouteflika, que Mohammed VI imite dans cette offensive visant à assurer la victoire des Lions de l’Atlas face aux Bleus, avait réagi à l’agression des Verts au Caire en novembre 2009, en envoyant 11 000 supporters au Soudan où avait été programmé le match barrage entrant dans le cadre des éliminatoires au Mondial sud-africain de 2010, l’Algérie était très à l’aise financièrement et les prémices de ce qui sera appelé, deux années plus tard, le «printemps arabe» n’étaient pas encore perceptibles. L’ancien chef de l’Etat, qui entamait son troisième mandat sans trop de grabuge, malgré ses premiers soucis de santé, était à l’aise et pouvait se permettre de déclarer la «guerre» à l’Egypte de Hosni Moubarak qui, elle, était exsangue et n’avait pas les capacités financières pour un tel raid aérien.
Le Maroc de 2022 est, lui aussi, financièrement démuni et ne peut couvrir un plan d’une telle envergure sans l’apport de l’émir du Qatar dont il est fort à parier qu’il a mis la main à la poche pour aider le Maroc à vaincre le Onze français et atteindre la finale de la première Coupe du monde de football, organisée par un pays arabe et musulman. L’objectif de Tamim est double : graver une première étoile de la FIFA sur le maillot d’une sélection issue de la région et se venger des Français qui ont mené une campagne acharnée contre son pays. L’émir du Qatar n’est pas prêt de pardonner l’affront que lui a fait la ministre française des Sports qui s’est affichée à Doha avec le symbole arc-en-ciel du lobby LGBT, alors que les autorités qataries avaient clairement signifié qu’il était formellement interdit d’exhiber tout signe ostentatoire à portée politique ou idéologique.
Pour mieux afficher son hostilité à la France qui a fait preuve du zèle habituel dans ce domaine, le Qatar a laissé libre court à toutes les manifestations de soutien à la cause palestinienne, que ce soit à l’intérieur des stades ou en dehors, où les journalistes israéliens ont été malmenés et, parfois même, chassés et empêchés de recueillir des témoignages sur le déroulement du Mondial, bien que les médias israéliens aient tenté de minimiser ces actions antisionistes et n’aient pas critiqué le Qatar, Tel-Aviv s’échinant à ramener Doha dans son giron dans le cadre de la normalisation avec un certain nombre de pays arabes.
En imitant le défunt Bouteflika, Mohammed VI semble ne pas mesurer l’impact très limité d’une telle action coûteuse et complexe, quand bien même les circonstances sont différentes, les supporters marocains se trouvant dans un pays dont ils ont le soutien plein et entier de toute la population, sans compter les supporters des autres pays arabes qui s’y trouvent déjà. Malgré les milliards dépensés pour envoyer des renforts aux Guerriers du désert dans leur match décisif contre les Pharaons, Abdelaziz Bouteflika a fini par être évincé suite au mouvement de protestation populaire de février 2019 et finira sur une chaise roulante, quasiment enfermé dans sa résidence présidentielle médicalisée de Zéralda jusqu’à son décès. Les Algériens n’ont gardé de lui que la corruption et la rapine qui ont caractérisé son long règne et dont les procès se poursuivent à ce jour.
Le sursis ne sera donc que d’une très courte durée pour le roi du Maroc et son régime prédateur.
K. M.
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