La Coupe immonde du Qatar bâtie avec le gang de l’Union européenne
Par Khider Mesloub – Les médias ont toujours présenté le football comme le meilleur vaccin pour promouvoir la paix entre les peuples, l’amitié entre les supporteurs. Or, à observer les fréquents heurts provoqués dans les stades et les récurrents déchaînements d’hystérie nationalistes, on relève que le football, depuis plusieurs décennies, recèle deux virus capitalistiques qu’aucune vaccination rééducative civique ne parvient à endiguer : la violence et le chauvinisme.
Comme l’écrivait l’écrivain George Orwell : «Pratiqué avec sérieux, le sport n’a rien à voir avec le fair-play. Il déborde de jalousie haineuse, de bestialité, du mépris de toute règle, de plaisir sadique et de violence ; en d’autres mots, c’est la guerre, les fusils en moins.»
D’aucuns diraient que le stade est le terrain d’entraînement idéologique privilégié des Etats nationalistes bellicistes, qui se font également un honneur chauviniste de convertir les gradins en lieu d’exutoire où les foules fanatisées hystériques, galvanisées par une ferveur patriotique incendiaire, viennent en découdre avec les supporteurs du pays adverse. Le football est devenu le stade suprême de l’aliénation planétaire et le terrain topique d’extériorisation de la violence, de la haine et du racisme. En résumé du nationalisme belliqueux.
Le football, à l’instar de la religion à laquelle il s’apparente par ses rites solennisés et sa vocation sacrale universelle, est l’objet d’idolâtrie et de dévotion aussi bien par des hordes fanatiques belliqueuses que par des citoyens ordinaires «civilisés». Par ailleurs, si, longtemps, il fut accompli avec un esprit amateur et ludique dans une ambiance conviviale et fraternelle, ces dernières décennies, le football s’est radicalement métamorphosé par sa professionnalisation mercantile outrancière. Devenu football-business, son esprit sportif convivial s’est altéré, érodé. Il n’en demeure pas moins que les classes populaires continuent à pratiquer le football dans un esprit amateur et cordial, à l’abri des attractions vénales. En effet, par la simplicité de ses règles, ce sport attire encore une masse importante d’amateurs, d’autant plus qu’il peut aisément et librement se pratiquer dans la rue, même à l’aide d’un ballon confectionné avec des moyens de fortune. Outre la beauté du jeu, le football procure également de très fortes émotions lors des matchs. Le suspens tient en haleine les joueurs et les spectateurs jusqu’à la dernière seconde du match. Le football, c’est l’émotion de l’incertitude anxieuse et la possibilité de la jouissance orgasmique ludique.
Assurément, le football demeure un sport au rayonnement mondial indiscutable. Preuve nous est administrée par l’organisation quadriennale de la Coupe du monde : cette grand-messe planétaire footballistique orchestrée par l’organisation lucrative privée, la FIFA, les multinationales partenaires de la FIFA et les diverses organisations mafieuses, sans oublier les Etats nationaux toujours en quête d’événements cérémonials pour entretenir et attiser la fibre chauviniste pestilentielle.
Cette année, la Coupe du monde s’est déroulée au Qatar, désertique pays de la péninsule arabique, composé de 2,9 millions d’habitants, dont 90% de la main-d’œuvre sont importés. Cette main-d’œuvre immigrée, vivant dans des conditions d’hébergement insalubres et de promiscuité déplorable, entassée parfois à 40 dans des cabanes sans eau courante, comme jadis les esclaves noirs-américains dans les grands domaines cotonniers des Etats du Sud, est payée à un SMIC fixé à moins de 200 euros par mois, alors que le PIB par habitant (qatari) est estimé à 140 000 dollars par an (le revenu mensuel moyen des quelque 270 000 citoyens qataris est en moyenne de 12 000 euros), parmi le plus élevé au monde. Un smic-raciste à 200 euros par mois dans l’un des pays les plus riches et les plus chers du monde, quelle indécence !
A noter que, longtemps, pour travailler au Qatar, un étranger devait être «parrainé» par un Qatari, qui avait alors tous les droits sur lui, notamment l’empêcher de repartir dans son pays par la confiscation de son passeport.
Au Qatar, on retrouve toutes les caractéristiques d’un véritable système d’exploitation esclavagiste de la main-d’œuvre immigrée, venue du Népal, de l’Inde, du Pakistan ou du Bangladesh. Cette main-d’œuvre étrangère ne jouit d’aucun droit. Les salaires des ouvriers sont versés très en retard ou pas du tout. Leurs logements sont vétustes et insalubres. De plus, il leur est interdit de changer d’employeur sans l’autorisation de ce dernier. Leur passeport est confisqué. Pour quitter le territoire, tout ouvrier est obligé de solliciter l’accord du patron.
Durant une décennie, pour construire toutes les infrastructures de la Coupe du monde 2022 organisée au Qatar, les ouvriers étrangers devaient travailler plus de 11 heures par jour, 7 jours sur 7, sous des chaleurs caniculaires, le tout payé entre 50 centimes et 2 euros de l’heure. Globalement, le salaire minimum des ouvriers correspond à moins de 2% du salaire moyen qatari (rapporté à la France dont le salaire moyen est de 2 500 euros, cela reviendrait à payer un travailleur immigré à 50 euros par mois). Par ailleurs, des milliers d’ouvriers sont décédés sur les chantiers, certains sont tout simplement morts d’épuisement à la tâche, subitement frappés de crise cardiaque, sous l’effet notamment des chaleurs de plus de 50 degrés.
Au sein de cette féodale nation artificielle vivant de l’esclavage salarié importé du monde entier, les Qataris, sur leur propre territoire, ne constituent que la quatrième nationalité représentée, derrière les Indiens, les Bangladais et les Népalais. Selon les informations relayées par de nombreux journaux, pour la préparation de sa Coupe du monde, l’émirat du Qatar aura déboursé plus de 220 milliards de dollars, dont 140 milliards de dollars pour les infrastructures de transports et 15 milliards dans les installations sportives et complexes hôteliers. Mais il aura également sacrifié 6 750 travailleurs étrangers sur les chantiers, tués par les exploiteurs qataris, ces négriers enturbannés des temps modernes. En tout cas, cette première Coupe du monde, organisée par un pays arabe du Golfe, est recouverte de sang des ouvriers morts pour construire les stades de la honte, les hôtels de l’ignominie, les infrastructures de l’abjection capitaliste. Le Qatar est une dictature féodale patrimonialisée. L’émir et sa famille exercent un pouvoir sans limite et contrôlent les richesses du pays. Au reste, l’émirat qatari est accusé d’avoir, pendant des années, financé et soutenu les réseaux islamistes, notamment les Frères musulmans.
Le comble de l’ignominie qatarie, c’est que, quelques semaines avant l’inauguration du Mondial, les travailleurs survivants furent massivement expulsés de leur logement pour accueillir, après réaménagement des logements, à leur place les supporters. Mais, surtout, pour purger les quartiers de leurs coupables turpitudes sociales liées à la barbarie du sport marchand et de l’exploitation capitaliste. Pis. Le paroxysme du cynisme de cette coupe immonde qatarie est constitué par la catastrophe environnementale. En effet, en pleine crise climatique marquée par la raréfaction des ressources hydrauliques, notamment dans cette région désertique, la bourgeoisie féodale parasitaire qatarie a décidé de construire 8 stades climatisés, consommant chacun 10 000 litres d’eau par jour pour une pitoyable compétition sportive marchande, qui aura englouti 220 milliards, en pleine période de crise économique et sociale mondiale, où des centaines de millions de personnes souffrent de la faim, notamment à quelques encablures de Doha : en Irak, au Yémen, en Egypte, au Liban, en Cisjordanie, tous pays musulmans. La Coupe immonde de Qatar aura débordé de fric et de cadavres ouvriers.
Et, surtout, cette année, l’édition de la Coupe du monde du football 2022 aura été marquée par la prévarication, comme l’illustre le scandale «Qatargate» impliquant un vaste réseau de corruption au sein du Parlement européen, subventionné par le Qatar et le Maroc. Sans oublier les anciens soupçons pesant sur le président de l’Union des associations européennes de foot, Michel Platini, accusé d’avoir perçu de substantiels dessous-de-table pour avoir soutenu la candidature du Qatar comme pays organisateur de cette Coupe. Inutile de souligner que la FIFA a vendu la Coupe du monde au Qatar il y a douze ans en échange de millions de dollars de pots-de-vin.
Ainsi, outre les relents des cadavres de milliers d’ouvriers sacrifiés sur les chantiers de la honte, cette Coupe du monde exhale de puantes affaires de corruption émanant de la mafia institutionnelle européenne, le gang du Parlement.
De toute évidence, les pays européens auront été complices de cette immonde coupe du Qatar par leur participation aux constructions des infrastructures de la mort, leur silence sur les conditions esclavagistes de travail réservées aux ouvriers migrants, par leur corruption opérée jusque dans leur mafieuse institution, le Parlement (les parlementaires européens se félicitaient récemment des «avancées du Qatar en matière de droit du travail», autrement dit la mafia parlementaire cautionnait et légitimait l’esclavagisme salarié régnant dans l’émirat qatari. Et pour cause. Cette vénale institution parlementaire est elle-même esclave des puissants, de Washington, de l’OTAN).
En effet, il est utile de rappeler que les entreprises de construction, les sociétés de logistique et de transport œuvrant au Qatar sont des firmes françaises, allemandes, belges, néerlandaises, etc. Plus de 2 000 entreprises occidentales (850 entreprises américaines, 700 entreprises du Royaume-Uni, 330 entreprises allemandes et des centaines d’autres européennes) opèrent depuis plusieurs années au Qatar. Au vrai, ce sont ces entreprises occidentales qui emploient et exploitent la main-d’œuvre immigrée du Qatar. De ce fait, moralement et juridiquement, elles sont, au pire explicitement coupables, au moins implicitement complices, de crimes économiques contre l’humanité laborieuse migrante perpétrées au pays esclavagiste moderne : le Qatar.
K. M.
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