Les magiciens de l’histoire à l’assaut de la mémoire nationale algérienne
Par Khaled Boulaziz – «L’histoire est une conjuration permanente contre la vérité.» En catimini, et au milieu d’une actualité des plus mouvementées, Emmanuel Macron a reçu la liste des cinq historiens français qui seront membres de l’équipe franco-algérienne chargée d’étudier les documents en possession des deux pays sur la colonisation et la guerre d’Algérie. (1)
La création de ce groupe de travail et de recherche mixte chargé d’étudier les archives algériennes et françaises portant sur la période coloniale fut annoncée lors de la visite de Macron en Algérie en août 2022.
Cette commission aux fragrances d’une Pax Judaica est l’œuvre de l’indéboulonnable Benjamin Stora. Il en est l’initiateur, le rapporteur et futur président.
Il est tout à fait clair que l’Algérie est en face d’une nième cabale, véritable orchestration de l’ennemi d’hier qui ne veut pas lâcher prise. Il rêve d’un chimérique apaisement dans la servitude pour réhabiliter son rôle assassin dans les terribles supplices des Algériens au cours de la longue nuit coloniale.
La pauvre France est en droit de se faire conduire comme bon lui semble dans l’écriture de son histoire, mais le peuple algérien refuse d’emprunter ce même chemin tracé par Benjamin Stora, ses semblables et ses aïeux.
Ceux-là mêmes qui furent à l’origine de la prise d’Alger, les Bacri et les Busnach – commerçants véreux convoitant l’immense trésor de la Régence pour leurs maîtres, les Rothschild, les Seillière et les Schneider.
Ceux-là mêmes auxquels le décret Crémieux octroya la nationalité française, moyennant services rendus durant les terribles enfumades et génocides des grandes tribus entre 1847 et 1884, date à laquelle l’Algérie fut déclarée «pacifiée».
Ceux-là mêmes qui œuvrent à travers un matraquage académique et médiatique tous azimuts à justifier l’existence utopique de tribus berbères judaïsées ou encore mythifier des hauts faits historiques en leur faveur, comme c’est le cas dans l’Opération Torch et le débarquement anglo-américain à Alger en 1942.
Ceux-là mêmes qui organisèrent et dirigèrent les milices assassines responsables des grands massacres du 8 Mai 1945 dans le Grand Constantinois.
Ceux-là mêmes auxquels Abane Ramdane et Larbi Ben M’hidi adressèrent une lettre ouverte en octobre 1956, leur demandant clairement de définir leur position vis-à-vis de la Révolution algérienne. Lettre qui resta sans réponse de leur part, et témoigne de leur trahison immuable.
Ceux-là mêmes qui, à l’aube de l’indépendance en 1961, fomentèrent l’OAS et appliquèrent la politique de la terre brûlée.
Ceux-là mêmes qui, après la libération, tapis dans l’ombre et surfant sur les manquements réels et objectifs d’une construction nationale à marche forcée, mais surtout en mal d’une souveraineté qu’ils n’ont pu se pardonner, relancèrent dans les années 1990, guidés par le perfide duo Mitterrand-Attali et leurs relais sur place, la défunte stratégie de la terre brûlée. Mais la grande déferlante fut défaite.
L’immensité du sacrifice fut à consonance biblique. La haine de cette clique envers un paradis, rêvé et perdu qui est l’Algérie, est immuable.
L’écriture de l’histoire du colonialisme français de l’Algérie n’est nullement un exercice intellectuel de salonards, forgeant des élucubrations qui ne valent même pas le papier sur lequel elles sont imprimées. Elle est avant tout, et surtout, l’éminence de la mémoire toujours vive des blessures éternelles gravées à jamais dans l’imaginaire de la nation algérienne ; des enfumades, massacres et exodes de centaines de milliers de nos compatriotes au cours d’une colonisation des plus génocidaires de l’histoire.
Le peuple algérien ne peut que récuser cette commission qui n’est en fin de compte qu’un dispositif afin de promouvoir une vision révisionniste de notre histoire portée par l’ennemi de toujours en marche, forçant sur l’imaginaire de la nation algérienne la sempiternelle tarte à la crème de la réconciliation mémorielle et autres mystifications pour en citer qu’une autre : les cloisonnements mémoriels entre les deux peuples.
Le seul moyen pour lui faire barrage, c’est d’établir, d’une manière sérieuse, un autre cadre indépendant pour éclairer notre peuple afin que notre nation se dégage de ce web de mensonges et autres équivoques historiques, échafaudées par l’ennemi de toujours.
Ces équivoques sont distillées sciemment par une tribu d’historiens autoproclamés pour faire glisser le peuple algérien dans le désarroi et l’absurde.
Benjamin Stora et compagnie sont les membres incontestables et chefs de file de cette tribu ; une tribu de prestidigitateurs de l’histoire.
K. B.
1- https://www.la-croix.com/Debats/Benjamin-Stora-premiere-fois-lAlgerie-France-volonte-haut-niveau-daboutir-travail-commun-2022-09-05-1201231761
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