Visites d’Etat à Moscou et Paris, Maroc, gaz : ce que Tebboune a dit au Figaro
Par Abdelkader S. – Le président de la République a indiqué qu’il effectuerait une visite d’Etat en France en 2023. S’exprimant dans les colonnes du quotidien français de droite Le Figaro, Abdelmadjid Tebboune a également confirmé qu’il se rendrait «prochainement» en Russie.
Appelant à «dépolitiser une partie de la colonisation» et à la «remettre à l’histoire», le chef de l’Etat a estimé qu’«il est urgent d’ouvrir une nouvelle ère des relations franco-algériennes». «Plus de soixante ans après la guerre, il faut passer à autre chose. Si la mémoire fait partie de nos gènes communs, nous partageons aussi bon nombre d’intérêts fondamentaux, même si nos points de vue peuvent diverger», a-t-il souligné.
«Nous demandons que la France nettoie les sites [des essais nucléaires], vers Reggane et Tamanrasset, où la pollution est énorme. Nous souhaitons aussi qu’elle prenne en charge les soins médicaux dont ont besoin les personnes sur place», a encore déclaré le chef de l’Etat, qui a précisé, par ailleurs, que la langue française «n’a pas à être imposée aux Algériens».
Interrogé sur les livraisons de gaz à la France, Abdelmadjid Tebboune a répondu, non sans ironie, que «nous ne sommes pas dans [des] comptes d’apothicaires». «Quand on a des surplus, on en fait profiter les autres. L’Union européenne et la France ne sont pas des adversaires. Nous sommes tenus à des relations de bon voisinage. Donc, si la France nous demandait d’augmenter nos exportations de gaz, nous le ferions. Elle ne l’a pas encore fait. L’Italie, elle, l’a demandé. Nous avons engagé la construction d’un second gazoduc entre nos côtes et la Sicile afin de passer le volume de nos livraisons, bon an mal an, de 25 à 35 milliards de mètres cubes et de faire de l’Italie un hub vers le reste de l’Europe, notamment centrale», a-t-il expliqué.
Tebboune n’a pas manqué de reprocher à la France et aux autres puissances étrangères impliquées dans la crise sahélienne de ne pas avoir aidé l’Algérie dans l’application de l’Accord d’Alger de 2015 pour la pacification de cette zone. Si cela avait été fait, «on n’en serait pas là», a-t-il regretté. Sur la guerre en Ukraine, le président de la République a été on ne peut plus clair. Pour lui, il ne doit pas y avoir deux poids et deux mesures dans la condamnation des visées expansionnistes. «Il serait bon que l’ONU ne condamne pas uniquement les annexions qui ont lieu en Europe. Qu’en est-il de l’annexion du Golan par Israël ou du Sahara Occidental par le Maroc ?» a-t-il interrogé.
Au sujet de la crise algéro-marocaine, Abdelmadjid Tebboune a fait remarquer que «c’est le régime marocain qui cause des problèmes, pas le peuple marocain», en ajoutant que «les Marocains ont honoré le football arabe et surtout le football maghrébin». «Ils nous avaient aussi applaudis quand nous avions gagné la Coupe d’Afrique des nations», a-t-il rappelé.
Le Président, qui a refusé de s’exprimer sur l’éventualité d’un second mandat, préférant «réserver [sa] décision aux Algériens», a dit regretter que «les services étrangers refusent de constater» la nette amélioration de la situation sécuritaire en Algérie, si bien que ceux-ci «présentent toujours notre pays comme infesté par l’islamisme». «Je le déplore», a-t-il fait savoir.
A. S.
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