Rahabi : «Driencourt n’aime ni l’Algérie ni les Algériens hormis ses courtisans»
Par Houari A. – «L’ambassadeur [Xavier Driencourt] fait, à mon sens, et encore une fois, de graves erreurs d’évaluation qui renseignent plus sur la rigidité de ses sensibilités que sur ses capacités intrinsèques à comprendre l’Algérie», écrit l’ancien ministre de la Communication. «En effet, quelles que soient les critiques que nous pouvons faire à la gouvernance de notre système politique, nous sommes, nous les Algériens, les seuls autorisés à le faire parce que la démocratisation du pays est avant tout une demande interne et que nous avons la capacité d’incarner nos intérêts, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger depuis les premiers rois de Numidie», poursuit-il, dans une tribune parue dans les colonnes du quotidien francophone El-Watan.
«Les ingérences externes, d’où qu’elles viennent, sont une orientation flagrante en faveur d’intérêts étrangers», insiste l’ancien ambassadeur d’Algérie à Madrid, pour lequel celles-ci «sont en partie responsables des crises politiques et sécuritaires que nous avons vécues, de même qu’elles sont la cause directe du ralentissement du processus de transformation de la société». Abdelaziz Rahabi, qui accuse ainsi la France directement, estime que «leur rejet reflète notre attachement à l’indépendance de notre décision et représente l’une des plus notables leçons tirées de nos différentes expériences politiques». «C’est d’ailleurs dans cet esprit d’autonomie que le Hirak n’a pas été sensible à toutes les pressions et manipulations internes et étrangères visant à l’orienter vers l’objectif de l’effondrement de l’Etat avec ses conséquences incalculables sur la société algérienne», note-t-il. «C’est le signe que le peuple ne cherche pas d’autres protections que celles que lui garantit son pays», assure l’ancien membre du gouvernement limogé par Bouteflika quelque temps à peine après son avènement au pouvoir en 1999.
«La dernière tribune de l’ambassadeur Xavier Driancourt se distingue des précédentes par la réactivation du discours sur la supposée menace que représente l’Algérie et les Algériens pour la stabilité de l’Occident et la prédiction d’un scenario catastrophique pour la région. Jusque-là, ses déclarations étaient en rapport avec la conjoncture électorale française et versaient dans l’entreprise de production de la peur de l’autre, et essentiellement de l’Algérien. Il vient de franchir le pas qui l’identifie clairement au discours de l’extrême-droite française», relève l’ancien ministre, en faisant remarquer qu’«il est très peu courant qu’un diplomate de carrière alimente des débats de nature à le mettre en porte-à-faux avec les intérêts diplomatiques de son pays».
Xavier Driencourt «n’aime ni l’Algérie ni les Algériens, à l’exception de quelques courtisans», observe l’auteur de la réplique, selon lequel «il n’est pas étonnant, à ce titre, que son dernier séjour ait été marqué par des tensions diplomatiques et une obstination à mettre la question des visas au-dessus de tout autre dossier, au détriment de la projection stratégique que réclame la densité» des relations algéro-françaises.
«Cette tribune est dans le prolongement attendu de ses innombrables déclarations sur les questions migratoires», écrit-il encore, en précisant qu’«il ne s’agit plus de faire peur uniquement aux électeurs français mais également aux institutions et aux opinions publiques européennes, en présentant l’Algérie comme une grave menace pour la paix et la stabilité de l’Europe».
«Cette démarche emprunte à une pratique connue des diplomates algériens car c’est une parfaite reproduction des analyses de cercles plus ou moins officieux des années quatre-vingt-dix qui prédisaient, avec une insistance répétée, un effondrement de l ‘Algérie», conclut-il.
H. A.
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