Attaque synchronisée
Par Hocine-Nasser Bouabsa – Décidément, en France, on ne se gêne plus de se passer le poignet du bashing anti-algérien. La retenue n’est plus une vertu. Ni d’actualité. Au contraire, c’est le temps du défoulement au lieu du refoulement. Ce n’est plus seulement la famille Le Pen, le Zemmour, le Bernard-Henri Lévy ou l’extrême-droite qui ont le droit à l’infamie et l’insulte. Non, ce bashing anti-algérien est devenu la norme. Et pour embellir l’insulte, on charge un clerc propagandiste de l’oligarchie insatiable de nous traiter d’antisémites, alors que, par définition, nous sommes nous-mêmes sémites. Allez comprendre la logique, qui n’a rien de logique, de tous ces nostalgiques inguérissables et qui, en une semaine, ont battu tous les records.
Dimanche passé, c’était Le Graët, président de la Fédération française de football, qui crachait son venin sur Zinedine Zidane et Karim Benzema, deux icônes du football français qui refusent de jouer le rôle de bougnoules algériens à qui on aurait voulu ordonner de parler et se taire comme on veut. Et, surtout, de monter sans rechigner dans l’avion présidentiel lorsqu’ils étaient convoqués pour aller au Qatar témoigner, en face des milliards de spectateurs, qu’en France l’intégration des immigrés fonctionne à merveille et que le rapport de l’ONU critiquant le racisme qui étouffe la France n’est que pure imagination.
Puis, après, vient le tour de l’ancien ambassadeur à Alger qui a ajouté une couche de prophéties débiles et injurieuses, prédisant un effondrement de l’Algérie, qui provoquerait, d’après cet ambassadeur inculte, la chute de la France. Donc, s’il y a malheur dans ce pays, c’est à cause de l’Algérie. Explicitement, on essaye de dresser le peuple français contre l’Algérie par des images comparatives qui désignent sans détour le coupable. C’est le principal message qu’a voulu faire passer Xavier Driencourt.
Hier, c’est au tour de Macron qui, comme le caméléon, change de couleur comme il change de chaussettes et qui prend les Algériens pour des idiots. Déclarer qu’il ne présentera pas d’excuses à l’Algérie «pour ne pas solder les relations algéro-françaises» est une perfidie et un non-sens. Sa déclaration sournoise et irréfléchie est contredite dans les faits par toutes les nations colonialistes qui, pour faire la paix durable avec les pays agressés, ont battu leur coulpe.
Un autre exemple édifiant : l’Allemagne a bien présenté ses excuses à la France sans que la relation entre les deux pays ne fût «soldée». Au contraire, ce fut la condition sine qua non pour que cette relation prenne l’essor que l’on connaît aujourd’hui.
La déclaration diplomatiquement inamicale de Macron au sujet de la repentance est une offense et une gifle adressées à son «ami» Tebboune, quelques jours à peine après l’interview accordée par ce dernier au Figaro et dans laquelle il s’est montré très réconciliant vis-à-vis de la France. Mais peut-on parler d’amitié entre deux chefs d’Etat, qui, de surcroît, se voient une fois par an ? Abdelmadjid Tebboune est libre de parler d’amitié en son nom propre, mais peut-il le faire au nom de plus de quarante millions d’Algériens, dont au moins 90% refusent tout discours d’amitié tant que la France ne s’est pas excusée officiellement pour ses crimes contre le peuple algérien ?
Que cela plaise au président français ou non, la dignité ante mortem et la mémoire de plus de cinq millions – ce chiffre fut cité par le président de la République lui-même – de victimes algériennes entre 1830 et 1962 ne se marchandent pas. Nous ne vendrons jamais leurs âmes. Que les locataires de l’Elysée comprennent une fois pour toutes que cette réalité restera une constante inaliénable pour les Algériens, que le temps n’effacera jamais. Et qu’il sache aussi qu’aucun président algérien ne décidera jamais seul sur le sujet de repentance car ceci n’est pas l’affaire d’une personne, mais celle de toute la nation. De tout un peuple.
Il est fortement improbable que les sorties des quatre personnages – Legrand (Libération), Le Graët , Driencourt et Macron – issus de différents horizons soient le résultat d’un simple hasard. Au contraire, leur synchronisation paraît évidente. Les Algériens et leurs institutions doivent en tirer les conséquences. Il s’agit de la survie de la nation entière. Car les ennemis de l’Algérie sont passés de la phase des menaces à celle des actes et ils préparent déjà un coup tordu contre notre pays. En commençant par casser, dans un premier temps, les symboles qui véhiculent la sympathie et la réussite algériennes dans le pays qui compte la forte communauté algérienne expatriée, la France en l’occurrence.
Et qui, plus que Zidane et Benzema, peut refléter cette sympathie et cette réussite auprès des masses populaires européennes en général et françaises en particulier ?
H.-N. B.
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