Soledar-Bakhmout : quand la baudruche de la désinformation fait flop !
Une contribution d’Ali Akika – Les événements en ce début de janvier ont été riches sur le plan militaire. La violence des combats dans deux villes stratégiques a attiré l’attention de la presse mondiale. Le palme d’or ex-aequo de la désinformation a été donnée aux chaînes d’information en continu. Rien d’étonnant car elles s’abreuvent aux mêmes sources des services secrets américain (CIA) et britannique (MI6). Ceci dit, il m’a paru plus utile de relater les faits qui, sans doute peut-être, seront à l’origine d’un tournant dans la guerre…
La nomination du général Sorovikine en octobre 2022 a été suivie de deux décisions, la rectification d’erreurs de conduite de la guerre et l’adaptation à de nouveautés tactiques imposées par le champ de bataille. Après analyse du terrain, le général Sorovikine a pu convaincre l’échelon politique le plus élevé de mettre en pratique lesdites décisions qui, selon son expression, vont faire mal. Il passa aux actes en novembre 2022, en opérant un retrait tactique de la ville de Kherson. Manœuvre réussie 5 sur 5, car replier 20 000 hommes avec leur matériel et 70 000 civils sans que l’ennemi ait été capable de perturber le franchissement d’un fleuve large de plus d’un kilomètre est assez rare. L’exploit a été reconnu à demi-mot par un ou deux généraux français qui ont brisé un peu l’omerta entretenue par les habituels béni oui-oui du président ukrainien. Le général Sorovikine ayant eu le feu vert du président russe se mit au travail. Les troupes retirées de Kherson ont pris la direction de Bakhmout, une ligne de défense qui protège Kramatorsk, siège du commandement militaire ukrainien, de la province de Donetsk. Cette province, pas encore sous le contrôle total de la République populaire russophone, est l’objectif premier de la Russie.
Cet objectif déclaré publiquement par le président russe entre dans la cohérence stratégique politique et militaire des Russes qui voulaient aller aux secours de populations de ces régions menacées. Une autre chose militait en faveur de l’évacuation de Kherson, c’est l’assurance donnée par l’état-major russe de faire de la province de Kherson une frontière infranchissable, protégeant la Crimée (obsession de Zelensky) où mouille la flotte russe en mer Noire. Avant d’esquisser les contours des tactiques de Sorovikine pour conquérir Soledar/Bakhmout, il faut dire deux choses sur la stratégie militaire et l’art de la guerre des Russes.
L’abandon de territoire fait partie de leurs adaptations tactiques aux réalités du terrain. Secundo, le temps est pour les Russes (comme tout armée qui tire les leçons de l’histoire), un facteur/allié stratégique. Il faut donc protéger les soldats sur qui repose la continuation de la guerre et, en revanche, détruire le potentiel ennemi pour entraîner l’effondrement de l’armée adverse, acte décisif qui signe la reddition de l’armée en question. En un mot, clair comme l’eau de roche, il s’agit d’épuiser l’ennemi, ce qui est en train de se faire dans la bataille de Soledar/Bakhmout ainsi que la destruction des lignes de ravitaillement et des centres de l’énergie sur tout le territoire ukrainien.
Ainsi, la bataille de Bakhmout commença fin août 2022 à la suite de la percée de l’armée ukrainienne qui venait de reprendre des territoires au nord-est du pays. Une percée dont l’objectif était de conquérir Donetsk, la capitale provinciale de la République populaire. Politiquement et militairement, la prise de Bakhmout devenait un objectif doublement stratégique : protéger Donetsk et faire sauter une ligne défensive menant à Kramatorsk où siège de l’état-major ukrainien. Pendant ces batailles militaires, un autre combat se menait sur le plan juridique. Le président russe signa un décret intégrant 4 provinces dans la Fédération russe. Ainsi, le transfert des troupes de Kherson vers Bakhmout était une opération à la fois tactique et stratégique, achever la conquête du Donbass de Donetsk et mettre hors de danger la Crimée, qui contrôle la mer Noire et surveille la façade maritime de l’Ukraine.
Ces objectifs fixés, restait à mettre en place un dispositif militaire pour faire renoncer à l’ennemi toute offensive qu’il a la naïveté d’annoncer et de clamer publiquement à tout vent. Ce genre d’annonce meuble les médias chargés de remonter le moral des Ukrainiens et inviter lourdement l’Occident à les armer jusqu’aux dents. Le général Sorovikine répondit à ces offensives fantasmées par Zelensky par des opérations visant à couper la route à toute éventuelle offensive et casser l’outil militaire nécessaire à ladite offensive. La situation géostratégique de Soledar/Bakhmout et leurs garnisons où stationnent des milliers de soldats offraient à Sorovikine l’occasion de déposséder l’armée ukrainienne d’un verrou ô ! combien important. C’est la raison pour laquelle l’armée ukrainienne s’accrochait sur les lieux au prix de grandes pertes humaines. Pour la petite histoire, retenons que les «spécialistes» des médias soutenaient l’obstination de Zelensky à refuser de perdre cet atout stratégique pour un prix exorbitant en pertes humaines. Vint ensuite l’épisode du cessez-le-feu proposé par la Russie.
Nos «spécialistes» reprirent à leur compte les fanfaronnades de Zelensky qui vit dans la décision russe une ruse d’une armée ayant besoin de se refaire une santé à la veille de son «effondrement». Nos «experts» virent dans la mort d’une centaine de jeunes soldats fêtant le Nouvel An dans des bâtiments d’une école les prémisses de l’effondrement «chanté» par Zelensky. Mais deux jours après le massacre des soldats du Nouvel An, l’armée russe riposta en bombardant une base ukrainienne. Cette sévère riposte donna le signal de l’assaut de Soledar/Bakhmout après des mois de déluge de feu de l’artillerie russe sur les lignes ukrainiennes. Une semaine après le cessez-le-feu, le 12 janvier, l’armée russe censée être sur le point de s’effondrer entra victorieuse à Soledar. Au moment où j’écris ces lignes, je lis dans le Washington Post que l’armée ukrainienne s’apprête à évacuer Bakhmout. Commença alors une bataille d’infos ridicule pour refuser de reconnaître la défaite par un Zelensky aussi sûr de lui que dans l’épisode du fameux mensonge du missile ukrainien tombé en Pologne.
Zelensky et ses admirateurs de la presse occidentale croient que les blablas de l’information vont faire capituler la guerre du feu et de l’acier. C’est le moment de dévoiler les secrets de la désinformation qui fait rage en Occident qui a d’ores et déjà révélé ses inepties. Derrière cette orgie de mensonges et de manipulation, on devine l’ombre du refus et la peur de l’Occident qui fait la guerre à la Russie en se servant de l’Ukraine, comme pays et peuple. La chute de Soledar et demain, probablement, celle de Bakhmout vont nous éviter d’entendre les sornettes de la propagande du début de la guerre. Le récit qu’on vendait à l’opinion était une guerre entre la démocratie et l’autoritarisme/dictature, la civilisation contre la barbarie. Ces certitudes étaient accompagnées de la vaillance et des victoires de l’armée ukrainienne. Sauf que ce récit optimiste masquait mal la peur que la victoire n’était pas si sûre que ça.
Alors, on espère et on compte sur les multiples et diverses maladies de Poutine et sa mort qui mettrait fin à la guerre. Comme ce disque de fantasme s’usait jour après jour, on passa à une autre chanson, celle des clans qui vont fomenter un coup d’Etat. Et les petits soldats de la désinformation, toujours à la recherche d’un miracle, vont s’aventurer sur le terrain glissant du matériel et équipement de l’armée russe. Cette «pauvre» armée est obligée d’aller chercher l’aide de l’Iran et ses drones, une armée qui a épuisé ses stocks de missiles. Résultat des courses, drones et missiles vont détruire le système de l’énergie, de la communication et de l’approvisionnement de l’armée adverse et de noyer d’une pluie de l’artillerie Soledar et Bakhmout. Les combats dans ces deux villes ont malmené le cirque médiatique pour qui la guerre obéirait à leur désir caché, à leur fantasme débridé qui n’est que le fruit d’une représentation du monde qui a pris du plomb dans l’aile. En résumé, une idéologie et son incroyable légèreté de vouloir effacer l’histoire pour faire oublier les turpitudes et les échecs de l’Occident.
Et pour coudre les trous de cette vision des choses, on construit sur les ruines de ce déni de l’histoire un futur serein. Bref, on a affaire à une sorte de fuite en avant pour pouvoir échanger le déni du réel contre un hypothétique et potentiel monde pour faire des affaires dans le calme et la volupté. Un monde qui fait penser à un individu «riche» d’une monnaie de singe et rêve de construire des châteaux en Espagne. La guerre continue comme va continuer de fonctionner la machine à mensonges, hélas, trois hélas !
A. A.
N.B. : Pour rédiger cet article, j’ai glané mes informations dans la presse internationale, américaine, russe, arabe et française pour éviter aussi bien des erreurs factuelles que tomber dans l’utilisation de mots ou de préjugés lamentables. Une journaliste sur LCI a osé dire que les Russes envoyaient leurs soldats à l’abattoir parce qu’ils n’ont pas la même valeur de la vie que «nous», ajouta-t-elle. Point besoin de philosopher sur une telle mentalité. Ce qui est sûr, une guerre ne se gagne pas avec des idées qui s’abreuvent à des sources nauséabondes.
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