Vers la guerre totale ?
Par Mrizek Sahraoui – Un nouveau cap vient d’être franchi dans le conflit en Ukraine. Joe Biden a emboîté le pas à Olaf Scholz. Le président américain vient de décider l’envoi de 31 chars Abrams qui s’ajoutent aux 14 chars Léopard que le chancelier allemand fournira à l’armée ukrainienne. Faudrait-il s’attendre à ce que ce conflit prenne une autre dimension autrement plus dangereuse ? Une tournure périlleuse encore dans le sens où les pays se disant amis du peuple ukrainien ont décidé de renflouer l’armée ukrainienne en engins militaires plus performants.
Des blindés lourds et un matériel de guerre offensif – ce qui change tout –, venant des Etats-Unis, d’Allemagne, du Danemark, de la Pologne, du Canada, des Pays-Bas, de la Norvège et bien d’autres pays encore, seront livrés à l’Ukraine courant mars. La France hésite encore à se prononcer si (oui ou non) elle envoie des chars Leclerc, en raison probablement du contexte politique intérieur en extrême tension. Mais aussi eu égard à l’état de son armée, «insuffisamment préparée pour mener une guerre, en matière notamment de munitions, d’effectifs, de logistique et, surtout, d’équipements», dixit l’ancien chef d’état-major des armées, Pierre De Villiers.
Moscou a dénoncé, par la voix de Dimitri Peskov, porte-parole du Kremlin, une implication directe des Occidentaux dans le conflit. Cette déclaration laisse se préciser le risque d’une escalade incontrôlable. Et c’est le monde qui se dirige alors vers une guerre totale.
L’envoi de ces chars très sophistiqués fait de facto des pays pourvoyeurs des cobelligérants, selon de sérieux analystes militaires. Effectivement, on n’est plus dans un conflit russo-ukrainien, à la suite des décisions irresponsables de Joe Biden et d’Olaf Scholz de livrer des chars de capacités bien supérieures à l’Ukraine. C’est désormais une guerre directe entre l’Occident et la Russie ; le comble, sans la présence de soldats sur le théâtre des opérations des pays engagés dans cette voie sans issue.
Alors qu’il était attendu que des initiatives diplomatiques tous azimuts soient prises visant à trouver une solution négociée dans l’intérêt des deux belligérants, mais aussi en vue d’un retour à un climat apaisé dans le monde, les pays occidentaux se livrent à une surenchère guerrière qui n’augure rien de bon.
Après toutes ces livraisons d’armes, de blindés et, peut-être dans les prochains mois, d’avions de combat, comme le réclame le président ukrainien depuis des mois, c’est à se demander, comme l’ont dit d’ailleurs de nombreux d’observateurs tout juste au début des hostilités, si l’objectif des Américains n’était pas d’affaiblir la Russie. La tentative de cerner la Russie de tous les côtés par l’OTAN, dont l’expansion s’est accrue depuis 1990 au point d’attenter à l’existence même de l’Etat russe, n’a pas suffi aux yeux des Américains dont le dessein inavoué est de faire la guerre à la Russie.
Au final, à travers ses aides financières et militaires qui se chiffrent en milliards d’euros, les Occidentaux n’ont fait que légitimer l’opération russe en Ukraine.
Ce fut de la légitime défense, la Russie avait donc raison de défendre ses intérêts vitaux en lançant l’opération en février 2022.
M. S.
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