L’ultime cadeau de Lang au Maroc avant son départ de l’Institut du Monde arabe
Par Houari A. – «Une exposition événement unique présentant les chefs-d’œuvre de l’IMA sortant pour la première fois hors de France. Une première ! Le Musée Mohammed-VI d’art moderne et contemporain de Rabat accueille à partir de ce 1er mars 2023 Modernités arabes, collection du musée de l’Institut du monde arabe», se réjouit-on chez nos voisins de l’Ouest. Jack Lang vient ainsi d’offrir son dernier cadeau au Maroc avant sa retraite, prévue dans quelques jours.
S’il y a avait encore l’ombre d’un doute sur la servilité de ce politicien français au régime monarchique de Rabat, ce énième appel du pied au Makhzen confirme les attaches de l’ancien ministre de la Culture de François Mitterrand. Connu pour son penchant assumé pour le Maroc, le bientôt ex-directeur de l’IMA, qui y tient les rênes depuis deux décennies, n’a eu de cesse de susciter polémique sur polémique, d’aucuns s’interrogeant sur les objectifs réels assignés à cette institution financée par plusieurs Etats arabes, dont l’Algérie, que des intellectuels algériens ont appelé à suspendre ses cotisations au profit de cet organisme qui sert ouvertement les intérêts de Mohammed VI auquel le premier responsable affiche ostentatoirement son allégeance.
Habitué à courber l’échine devant le CRIF et la Licra qui l’ont sans doute propulsé à cette fonction confortable – rémunérée 10 000 euros par mois –, Jack Lang s’exécutait illico, en décembre 2018, lorsque le lobby sioniste lui avait ordonné de retirer une affiche jugée hostile à Israël. Offusqué de ce qu’un photomontage présentant le Premier ministre israélien de l’époque, Benyamin Netanyahou, la main maculée de sang pour l’illustration d’un article annonçant la tenue d’une conférence à l’IMA et ayant pour thème «Main basse sur Israël. Netanyahou ou la fin du rêve sioniste», Francis Kalifat, l’ex-président du CRIF, lui avait immédiatement enjoint, en des termes abrupts, de retirer l’annonce et de «prendre les mesures qui s’imposent». Le président de l’IMA s’était alors exécuté le jour même.
Pour marquer le 30e anniversaire de l’IMA, Jack Lang avait fait la part belle au Maroc, en indiquant que tout au long des semaines qui allaient suivre, différents événements allaient être organisés. Et quand, une année plus tard, une chanteuse sahraouie allait se produire à l’IMA, le sujet Lang l’annulera tout bonnement sur instruction du Makhzen. A la question de savoir pourquoi cet empressement à exécuter les ordres qui lui parviennent de l’ambassade du Maroc à Paris, des sources informées révèlent que cette docilité trouverait son explication dans les factures salées impayées que ce dernier aurait laissées dans les hôtels luxueux de Marrakech.
Algeriepatriotique s’interrogeait en 2016 déjà sur l’apport de l’Algérie au financement de cette institution dont les activités sont quasi entièrement dédiées au Maroc depuis que Jack Lang a été nommé à sa tête. L’Institut est lui-même financé par les Etats arabes dont l’Algérie qui se retrouve donc, de ce fait, dans la position de bailleur de fonds de la propagande sur la «marocanité» du Sahara Occidental, ce qui est contraire aux efforts de notre pays visant à la décolonisation de ce territoire occupé. Plus grave, une source informée indiquait à notre site que l’Institut du monde arabe avait refusé de programmer dans ses différentes manifestations un film sur le héros de la Guerre de libération nationale, Mostefa Ben Boulaïd.
L’actuel ambassadeur de France à Alger, François Gouyette, admis à la retraire, est pressenti pour le poste de directeur de l’IMA, de même que l’ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
H. A.
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