Un leadership à la tête d’ogives nucléaire
Une contribution de Saadeddine Kouidri – Pour maintenir son leadership dans le monde, Washington doit à la fois affaiblir l’Europe, ce concurrent potentiel, et faire la guerre à son ennemi idéologique, le Parti communiste chinois.
Pour affaiblir son concurrent, elle pratique le principe éculé, sauf pour les actionnaires, qui est celui de diviser pour régner. Elle cultive l’idée que la Russie ne fait pas partie de l’Europe. Tout en étant favorable au Brexit du 23 juin 2016, date du référendum qui ne concrétise la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne que le 1er janvier 2021. Washington élague les deux puissances européennes et s’attaque à la troisième en exposant les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique pour priver l’Allemagne du gaz russe, et pas seulement.
Nous savons aujourd’hui que l’Ukraine se préparait depuis longtemps à la guerre, grâce aux Traités de Minsk pour que l’OTAN puisse avancer plus à l’est, jusqu’à prendre la Chine de revers. L’ancienne chancelière allemande admet en décembre 2022 que les accords de Minsk n’ont servi qu’à gagner du temps pour permettre à l’Ukraine de s’armer. Il faut rappeler que le premier accord remonte à 2014.
Cette préparation militaire sous l’égide de l’OTAN avec la connivence de l’Union européenne oblige Poutine à défendre son pays et lance dans ce cas une offensive préventive qu’il qualifie d’opération militaire à l’Ouest. Le 24 février 2022, les troupes russes pénétraient sur le territoire ukrainien, avec le but déclaré de porter secours aux populations russophones des Républiques de Donetsk et Lougansk. Vladimir Poutine avait estimé, fin novembre, que le rattachement à la Russie de ces deux territoires aurait dû intervenir plus tôt, ainsi qu’à «dénazifier» et «démilitariser» ses frontières, alors que Washington, tout en affaiblissant ses alliés de l’Union européenne, leur dicte de fournir des armes, des munitions et de l’argent pour alimenter la guerre.
Sans trouver une parade à la puissance chinoise, les Occidentaux utilisent les «droits de l’Homme», qui se révèlent aux yeux du reste monde, sauf aux yeux des bourgeois, un droit spécifique aux ultra-riches.
Le monde unipolaire est dans de beaux draps depuis un an. Si, du côté russe, l’opération est d’abord militaire, pour la «France et l’Amérique», elle est aussi économique. Le citoyen lambda ne peut jurer de rien en ce qui concerne le côté militaire ; par contre, il peut constater que la guerre économique que livrent les Occidentaux va à l’échec avec, comme exemple, une France qui ne peut plus assurer la retraite à 60 ans au moment où ses plus riches font des superprofits.
Leurs démocrates qualifient Poutine de tous les noms, alors qu’ils l’ont acculé à l’unique solution, celle de l’autodéfense face à l’OTAN qui accentue sa présence au seuil de la porte de son pays depuis la fin du mur de Berlin. Ils lui livrent non seulement une guerre économique qu’ils sont sur la voix de perdre et surarment Zelensky, en sus de l’inonder de milliards de dollars, tout en clamant à qui veut les entendre qu’ils ne font pas la guerre.
L’Assemblée générale des Nations unies a voté, le 23 février, une résolution appelant à un retrait «immédiat» des troupes russes d’Ukraine non contraignante à 141 contre 7, avec 43 abstentions. Le Mali et l’Erythrée sont parmi les 7 pays qui ont voté contre, alors que l’Algérie, qui se vante d’être en Révolution, s’abstient, comme le fait le président Tebboune face aux journalistes au sujet des fraudeurs d’impôts. A se demander si le climat des affaires en Algérie ne va finir par se faire sur le dos des travailleurs.
La Maison-Blanche élargit ses restrictions pour porter préjudice à l’économie russe, au moment où l’UE approuve un 10e train de sanctions que la Pologne souhaite plus dur encore, son Premier ministre, Mateusz Morawiecki, décrivant ce nouveau paquet de mesures punitives comme «trop mou, trop faible»,
Le lendemain, la Russie arrête ses livraisons de pétrole via l’oléoduc Droudja à la Pologne et Dmitri Medvedev, l’ex-président et numéro deux du Conseil de sécurité affirme que son pays atteindra la victoire et prévient que s’il faudra repousser les frontières des menaces contre son pays, le plus loin possible, même s’il s’agit des frontières de la Pologne. Il sait que les Etats-uniens ne pourront pas maintenir l’aide massive à l’Ukraine pendant encore longtemps pour deux raisons, celle de leur opinion publique qui est de moins en moins favorable à cette aide et à cause du conflit latent avec la Chine. En attendant, Washington, qui a remporté la guerre de l’énergie sur le dos de l’Europe, vend plus de gaz grâce à son sabotage des gazoducs russo-allemands et fait marcher les usines d’armement à plein rendement. Ce va-t-en-guerre impacte la politique de son chien de garde au Moyen-Orient.
On compte de plus en plus de Palestiniens tués, blessés et emprisonnés par Israël et récemment à Naplouse, en Cisjordanie occupée, suite à des jets de pierres sur des véhicules militaires. A la poursuite du génocide du peuple palestinien perlé de pareils assassinats, il est demandé à ceux qui la qualifient d’Etat démocratique et non d’Etat terroriste que «l’exceptionnalisme de l’Occident envers Israël doit cesser» et condamne Israël pour la énième fois en paroles et dans des textes, comme des lettres mortes, alors qu’il est urgent de protéger la population des colons. Il est urgent de libérer les prisonniers pour que le Palestinien retrouve son leader et d’évacuer l’armée des Territoires occupés. Ce n’est pas la rencontre sécuritaire avec les Israéliens du 26 février 2022 qui met l’accord inter-Palestiniens signé à Alger en octobre 2022 en danger mais l’inertie des dirigeants actuels. Le danger n’est pas de parler avec l’ennemi, le danger est de ne pas lui porter la dragée haute qui relève d’un front commun militaire pour épauler les Fida volontaires.
Le secrétaire général de l’ONU, ce SG de pacotille, au lieu de travailler pour décoloniser la Palestine en appliquant les règles de cet organisme dont il a la charge ou, du moins, les résolutions qui donnent aux Palestiniens leur droit universel, sème le trouble en «exigeant» l’arrêt de la colonisation israélienne, en la qualifiant d’illégale. Une telle ambigüité empêche l’opinion internationale d’élever au niveau adéquat la solidarité contre le colonialisme de peuplement synonyme de génocide. Guterres qualifie le colonialisme israélien d’illégal au lieu de le qualifier de colonialisme de peuplement dans le seul but de camoufler à l’opinion internationale la poursuite du génocide du peuple palestinien. Il prouve qu’il est loin d’être neutre et qu’il milite pour le monde unipolaire de ses maîtres états-uniens, français, anglais, japonais…
Si l’histoire du génocide des Amérindiens, si l’histoire des révolutions, si les luttes des peuples avaient été contées, enseignées et diffusées sur les écrans, si le Mouvement national avait persisté pour faire de la lutte palestinienne une lutte contre le colonialisme, les Palestiniens n’auraient pas souffert le calvaire pendant un siècle et le Maroc n’aurait jamais osé s’approprier le Sahara Occidental.
Comme on le constate, le monde unipolaire prend le chemin de l’extrémisme, à l’exemple d’Israël où règne désormais un avatar de l’OAS, avec la bénédiction d’enfants, de victimes de la Shoah.
S. K.
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