Pourquoi le report sine die de la visite de Tebboune en France était prévisible
Par Abdelkader S. – D’aucuns avaient cru entrevoir dans le retour à son poste sur la pointe des pieds de l’effacé ambassadeur d’Algérie en France le règlement de la crise entre Alger et Paris. Il n’en est rien. Rien n’est réglé dans les relations tumultueuses entre l’ancienne puissance coloniale et son ancienne colonie dont elle peine à tordre le cou. Qui aurait pu croire qu’un simple coup de téléphone du président Emmanuel Macron à son homologue algérien allait, comme par enchantement, aplanir la pléthore de dossiers litigieux qui opposent les deux pays ? Le pensionnaire de l’Elysée, dont la cote de popularité n’a jamais été aussi basse et en proie à une crise sociale comparable au soulèvement de mai 1968, allait-il convaincre son interlocuteur de tourner la page en réduisant la grave affaire Bouraoui à une banale «incompréhension», refusant ainsi d’assumer le rôle de la diplomatie et des services secrets français dans une exfiltration qualifiée d’acte inamical par El-Mouradia ?
Algeriepatriotique énumérait dans un précédent article les raisons qui font que rien n’augure un réel réchauffement dans les rapports entre l’Algérie et la France. Que s’est-il passé entre l’appel téléphonique de Macron et l’annonce par le journal français Le Figaro du report de la visite d’Abdelmadjid Tebboune initialement prévue le 2 mai prochain ? Deux faits sont venus appuyer la conviction que les autorités françaises sont d’une mauvaise foi criante, faisant montre de leur coutumière hypocrisie. En effet, lorsque des ressortissants algériens ont voulu manifester pour l’Algérie à la place de la République, le 19 mars dernier, la préfecture de police de Paris leur a opposé une fin de non-recevoir, les invitant à déplacer leur sit-in loin de ce lieu emblématique, devenu l’apanage des activistes menés par des membres de l’organisation islamiste Rachad et du mouvement séparatiste MAK, réclamés par la justice algérienne mais jouissant de la bienveillante protection des services de sécurité français.
Il y a quelques jours, les éléments du MAK, du branquignole Ferhat Mehenni, a pavoisé le long des boulevards français en brandissant le drapeau israélien, au moment même où la communauté internationale assiste, médusée, à des actes de violence inouïe commis par l’armée de Netanyahou à l’intérieur de la Mosquée d’Al-Aqsa, profanant ainsi ce lieu saint de l’islam et s’en prenant aux fidèles durant le mois sacré de Ramadhan. Un tel affront ne pouvait rester sans réaction de la part des autorités algériennes. Il était donc prévisible que la visite de Tebboune non seulement n’ait pas lieu à la date prévue mais soit carrément annulée, selon des indiscrétions. La décision était, d’ailleurs, dans l’air même après l’échange téléphonique avec Emmanuel Macron, un échange qui, au demeurant, n’avait été rendu public par Alger qu’après que l’Elysée en eut fait part aux médias français. Preuve que, de ce côté-ci de la Méditerranée, on n’a pas voulu accorder plus d’importance qu’elle ne mérite à la phraséologie obsolète du chef de l’Etat français au pouvoir vacillant.
A. S.
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