Quand le président français ignore les guillotinés algériens de Montluc
Par Nabil. D. – Le journaliste et réalisateur algérien Mohamed Zaoui s’est indigné de ce que le président français n’ait pas rendu hommage aux Algériens exécutés à la prison de Montluc, en France. «Le président français Emmanuel Macron s’est rendu au Mémorial de la prison de Montluc à Lyon. Il a rendu hommage au grand résistant français Jean Moulin en cette journée de commémoration du 8 Mai 1945. Mais dans sa visite, le président Macron a ignoré la présence des résistants algériens morts guillotinés dans la prison Montluc. Ils sont onze Algériens à être guillotinés entre 1958 et 1961», a-t-il écrit sur sa page Facebook, au lendemain de cet hommage amputé.
«Le président de la République pouvait déposer une gerbe de fleurs à la mémoire de ces jeunes Algériens fusillés ou déportés. Mais il ne l’a pas fait», a regretté Mohamed Zaoui, qui fait remarquer que «les associations qui gèrent ce lieu de mémoire de Montluc s’opposent à inscrire l’histoire des Algériens contre la colonisation française dans l’histoire de ce Mémorial de Lyon». «A leurs regards, ils étaient des prisonniers de droit commun et même des terroristes», a-t-il expliqué.
Mohamed Zaoui a écrit et réalisé un reportage sur cette prison de triste mémoire intitulé Retour à Montluc. Le film raconte l’histoire de Mustapha Boudina qui revient au fort Montluc cinquante ans après la fin de la Guerre de libération nationale. «Cet ancien condamné à mort profite de l’ouverture au public de ce lieu de mémoire pour visiter la cellule où, durant quatre années, il a attendu d’être guillotiné», lit-on dans le synopsis. «Au fil de la visite guidée très animée menée par le directeur du lieu, affleurent chez l’ancien détenu souvenirs et évocations d’une époque faite d’enfermement, de privations mais aussi de résistance», ajoute le réalisateur, selon lequel «ce face à face, cinquante ans après entre un ancien détenu et un représentant de l’Etat français, sous l’œil d’une caméra, est un fait unique, un véritable moment de vérité.» «Sans haine, sans passion et sans nervosité, les deux hommes se parlent tout en visitant geôles et cellules. Le détenu cherche à comprendre pourquoi son passage n’est pas relaté dans la mémoire des lieux», poursuit-il.
Sont intervenus dans le film de Mohamed Zaoui réalisé en 2012, aux côtés de Mustapha Boudina, Roland Dumas, ancien avocat et ancien ministre des Affaires étrangères, Mohand Zeggagh, ancien emprisonné FLN, l’historien Benjamin Stora, l’ancien avocate du FLN Nicole Rein, le directeur du lieu de mémoire à la prison de Montluc, Philippe Rivé, l’ancien responsable de la Fédération FLN de France Ali Haroun, entre autres.
N. D.
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