L’Afrique : second front dans la lutte contre l’impérialisme
Une contribution de Mohsen Abdelmoumen – Nous assistons à l’émergence d’une nouvelle Afrique en pleine rébellion contre l’impérialisme et le néocolonialisme, conséquence inévitable de l’implication de la Chine et de la Russie qui pratiquent toutes deux une politique d’égal à égal avec les pays africains dans leurs échanges commerciaux et diplomatiques. Le dernier Sommet Russie-Afrique, qui s’est tenu les 27 et 28 juillet à Saint-Pétersbourg et qui a réuni les délégations de 49 pays africains dont 17 chefs d’Etat et où Vladimir Poutine a clairement énoncé son intention de promouvoir un ordre mondial multipolaire et à lutter contre le néocolonialisme, a indéniablement constitué un élément déclenchant majeur. On se souvient notamment des discours percutants du jeune président burkinabé, le capitaine Ibrahim Traoré, invité d’honneur, et du président érythréen, Issayas Afewerki, et l’on se souvient également de la promesse du président Poutine de livrer gratuitement des millions de tonnes de blé aux pays les plus pauvres.
L’Algérie qui, après s’être débarrassée d’un vieux président malade aux mains d’une 5e colonne oligarchique totalement acquise à la France, a retrouvé son rôle de premier plan sur l’échiquier africain par sa position mesurée mais ferme, privilégiant toujours la voie de la diplomatie pour solutionner les problèmes, a également un rôle déterminant à jouer dans les événements qui se déroulent.
Le Niger, voisin direct de l’Algérie, avec une frontière commune de près d’un millier de kilomètres, est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique, bien que possédant de nombreuses richesses dans son sous-sol, telles que l’uranium et le pétrole pour ne citer que celles-là, mais la gabegie institutionnalisée depuis des décennies par ses différents dirigeants à la solde de la France a maintenu la population nigérienne dans une extrême pauvreté. Les militaires nigériens ont décidé de renverser la vapeur et de privilégier le bien-être du peuple, au grand dam de la France qui a toujours considéré l’Afrique comme sa poule aux œufs d’or et qui a pillé ses richesses sans discontinuer depuis l’époque coloniale. Le coq français, arrogant sur son tas de fumier est en train de voir sa bassecour se transformer en camp retranché où les forces «Barkhane» sont déclarées indésirables. Après avoir été éjectées du Mali, les voilà invitées à dégager du Niger promptement. Bien sûr, il reste encore quelques volailles caquetantes colonisées à la tête de certains pays africains, comme les pays de la CEDEAO mais, dans l’ensemble, les cocoricos paternalistes franchouillards commencent à ne plus avoir la cote en Afrique. Bien au contraire. Et il est fort à parier que d’autres pays vont suivre l’exemple du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
La CEDEAO, vassal de la France, menace
Parlons donc de la CEDEAO, Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, entièrement contrôlée par la France et dont le président nigérian, Bola Tinubu, véritable boniche des Etats-Unis et de la France, assume la présidence tournante. Nous reviendrons à lui un peu plus loin, car ce personnage ubuesque est un fameux zigoto. Sous l’impulsion des maîtres blancs, la CEDEAO a lancé un ultimatum au Niger et lui a imposé des sanctions draconiennes, menaçant de réunir 25 000 hommes pour lancer une opération militaire si l’armée nigérienne ne remettait pas Mohamed Bazoum au pouvoir. Les Etats-Unis, la France et l’Union européenne ont aussitôt approuvé ces décisions, puisqu’ils en sont les commanditaires, et Alassane Ouattara, autre valet de la France, a même estimé que l’intervention armée devrait avoir lieu dans les plus brefs délais, ce qui a incité le Niger à rappeler son ambassadeur en Côte d’Ivoire. Seulement, voilà, malgré les directives occidentales et les vœux de Ouattara, le Parlement de la CEDEAO a voté le 12 août contre les sanctions inhumaines imposées à la population nigérienne, demandant leur levée immédiate, et s’est affirmé adversaire à toute intervention armée, privilégiant une solution négociée. Le nouveau pouvoir nigérien a tout de même tenu à prévenir qu’en cas d’attaque, Bazoum serait exécuté immédiatement en tant qu’agent étranger
Il faut savoir que les sanctions imposées au peuple nigérien par les Occidentaux et la CEDEAO ne portent pas que sur les denrées alimentaires et l’électricité, celle-ci provenant à raison de 70% du Nigeria qui a stoppé sa fourniture, mais incluent également les médicaments, ce qui est absolument révoltant. Nous avons un parfait exemple de la vieille mentalité coloniale européenne abjecte en la personne d’Emmanuela del Re, la représentante italienne de l’Union européenne au Sahel, qui a déclaré le 9 août dernier au journal italien La Republica : «L’impact des sanctions devient palpable.» «La pénurie de médicaments et de nourriture a atteint des niveaux alarmants, tandis que les coupures de courant sont encore plus fréquentes qu’auparavant. Si nous voulons que la junte s’affaiblisse, nous devons persister dans ces sanctions», a-t-elle déclaré sans état d’âme, assurant la CEDEAO du total soutien de l’UE dans cette démarche. Nous laissons nos lecteurs apprécier les propos de cette sociologue à leur juste valeur.
Pendant que leurs sanctions privent le peuple nigérien d’électricité, de médicaments et de nourriture, tous les dirigeants occidentaux s’inquiètent pour Mohamed Bazoum, qui se plaint du manque de soins médicaux et qui est obligé de se nourrir chichement en vivant dans le noir. Sa fille, Zazia Bazoum, en vacances à Paris, a fait un témoignage «poignant» le 12 août dans le journal The Guardian, repris dans tous les médias de propagande – nous conseillons aux lecteurs de préparer leurs mouchoirs – disant que ses proches survivent grâce à un approvisionnement en riz sec et en pâtes qui diminue. «Vous comprenez, vous ne pouvez pas toujours manger uniquement du riz et des pâtes, jour et nuit», a-t-elle déclaré. «C’est dangereux pour leur santé. Ils n’ont même pas d’eau potable. C’est très triste de penser qu’ils sont dans le noir, et que la température dans la maison est très élevée.» Cette déclaration, à elle seule, montre bien à quel point la bourgeoisie compradore africaine se fiche éperdument du sort de la population qui vit ces conditions déplorables depuis des décennies avec 82% des Nigériens qui n’ont pas d’électricité et 16% qui sont en situation d’insécurité alimentaire. Que ce Bazoum connaisse le même sort que ses concitoyens est tout à fait justifié et lui permettra peut-être de comprendre ce que le peuple dont il avait la charge subit.
Mise en garde de l’Algérie
Quoi qu’il en soit, l’absence de consensus au sein des pays de la CEDEAO empêche la mise en œuvre de cette fameuse offensive contre le Niger, au grand désespoir de la France. Plusieurs facteurs entrent en jeu, parmi lesquels l’avertissement du chef d’état-major de l’ANP, le général d’armée Saïd Chengriha, qui a prévenu que l’Algérie ne tolérerait aucune menace touchant à sa sécurité, ainsi que le communiqué de la Russie mettant en garde contre l’escalade au Sahel, et l’arrivée des forces de Wagner à Niamey. Ces avertissements ont refroidi les ardeurs guerrières des polichinelles africains activés par leurs maîtres occidentaux, d’autant que, selon un article du Wall Street Journal publié le 11 août, il pourrait s’écouler des mois avant que les forces africaines de la CEDEAO ne lancent une offensive militaire au Niger. L’un des officiers supérieurs de la CEDEAO a d’ailleurs déclaré qu’il faudrait au moins six mois pour se préparer à une telle opération et que, pour l’instant, la supériorité des forces de réaction rapide n’est forte que sur le papier, certainement pas dans la pratique. Et enfin, pour mettre tout le monde d’accord dans cette cacophonie, au bout de plus de dix heures de pourparlers, l’Union africaine a déclaré qu’elle s’opposait fermement à une intervention militaire de la CEDEAO au Niger, le Conseil de paix et de sécurité (CPS), organe en charge de résoudre les conflits au sein de l’UA, ayant rejeté catégoriquement le recours à la force militaire. Il est certain que le poids de l’Algérie a été déterminant dans la décision de l’UA.
Et la France prend la gifle
Cette décision est une véritable gifle à la France qui s’alarme de perdre son pouvoir en Afrique. Pour preuve, le Figaro Vox a publié le 7 août dernier une lettre ouverte à Emmanuel Macron signée par des sénateurs français dont voici quelques extraits : «Aujourd’hui, la Françafrique d’hier est remplacée par la Russafrique militaire, par la Chinafrique économique ou l’Américafrique diplomatique.» «Le président Abdelmadjid Tebboune, parvenu au pouvoir dans des conditions difficiles du fait du Hirak, fait souffler le chaud et le froid, parlant parfois de rapprochement et d’une visite officielle régulièrement déprogrammée et parfois du Grand Satan français responsable de tous les maux du peuple algérien. Ce mouvement de balancier pousse de nombreux responsables français à remettre en cause les accords de 1968 qui n’ont d’ailleurs plus de sens.» «Au Maroc, les atermoiements français sur le Sahara (alors que l’Espagne et l’Allemagne ont reconnu la souveraineté marocaine) et la politique d’équilibriste du Quai d’Orsay avec l’Algérie poussent le Palais royal à chercher ailleurs qu’à Paris des partenaires militaires ou économiques.» Pour terminer par ce cri du cœur : «Pour notre part, nous ne nous résignons pas à notre disparition progressive de l’ensemble du continent.» Effectivement, sans les richesses de l’Afrique, la France est condamnée à une paupérisation galopante.
Ce petit chef-d’œuvre épistolaire signé par 94 sénateurs a été élaboré par trois sénateurs républicains qui sont Roger Karoutchi, vice-président du Sénat, juif sioniste né à Bousbir ; Bruno Retailleau, proche de Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon ; le «preux chevalier» du Puy du Fou, et Christian Cambon, président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées au Sénat, et premier vice-président de la délégation parlementaire au renseignement. Ce dernier est aussi le président du groupe interparlementaire d’amitié France-Maroc et un ardent défenseur de la «marocanité» du Sahara Occidental et de «l’intégrité» du royaume de Bousbir, dénonçant bec et ongles le «complot» contre le royaume de la pédophilie, du cannabis et de la tomate en ce qui concerne le scandale du logiciel espion Pegasus. Nous reprenons le paragraphe particulièrement éclairant de Wikipédia, qui n’est pourtant pas connu pour ses thèses anti-impérialistes, à ce propos. Selon Wikipédia donc, ce courtisan du roitelet de Bousbir a déclaré dans la presse du Makhzen : que le pays fait «l’objet manifestement de campagnes de presse et de dénigrement», relevant, selon lui, de «montages», de manœuvres «agitées par une main qui, comme d’habitude et depuis longtemps, rassemble les adversaires du Maroc» pour «ternir l’image du Maroc», car «la réussite du royaume crée des jalousies». Nous laissons deviner à nos lecteurs à quelle main ce sénateur fait allusion. Inutile de dire que Cambon a été bombardé Commandeur de l’ordre du Ouissam alaouite, la plus haute distinction bousbirienne, pour services rendus et, bien sûr, il dispose d’une suite réservée à son nom à la Mamounia avec tous les «extras» qui y sont liés, sans parler des enveloppes pour arrondir les fins de mois. Quand même ! Tant de constance désintéressée et empressée doit être récompensée comme il se doit !
«A bas la France !»
Pendant ce temps, des milliers de Nigériens manifestent devant la base militaire française à Niamey, exigeant le départ immédiat des troupes françaises, brandissant des drapeaux russes et des banderoles artisanales portant les inscriptions «A bas la France ! A bas la CEDEAO !» ou encore «Wagner, protège-nous !» C’est tout le peuple nigérien qui prend la défense de son pays, déclarant que si la France ose intervenir, elle devra d’abord tuer toute la population civile avant d’arriver au Conseil national. Macron, qui a déjà vu son ambassade mise à mal par la population nigérienne, a annoncé qu’il ne tolérerait aucune attaque contre les intérêts de la France au Niger et qu’il répondra avec force. Mais le nouveau pouvoir aux commandes du Niger, qui a l’appui du peuple, reste imperturbable face aux menaces et aux sanctions et a ordonné à la France de retirer ses troupes avant septembre. Les Américains qui sont également présents au Niger avec une base de drones, lesquels sont considérés comme les yeux de l’armée française au Sahel, s’inquiètent évidemment du changement de cap nigérien. Et l’on ne sait pas trop comment vont pouvoir coexister sur le même territoire une base américaine et les soldats Wagner…
En tout cas, pour montrer sa détermination, le 10 août, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, le CNSP, a annoncé la formation d’un gouvernement dirigé par un Premier ministre civil, l’économiste Ali Mahaman Lamine Zeine, ancien ministre des Finances, et de vingt ministres répartis entre militaires et civils patriotes. Les ministres de la Défense et de l’Intérieur sont des généraux du CNSP, le général Salifou Mody et le général Mohamed Toumba. Ce nouveau gouvernement a déclaré avoir suffisamment de preuves pour poursuivre Mohamed Bazoum et des cadres de son administration pour haute trahison et pour avoir saboté la sécurité intérieure et extérieure de la République du Niger. Parmi les griefs invoqués figurent le détournement massif de fonds publics, la signature d’accords de défense en dehors du cadre légal avec la France et la répression sanglante de manifestations pacifiques. Cette annonce a bien sûr fait hurler la CEDEAO qui a immédiatement qualifié cette démarche de provocation.
Rhissa Ag-Boula ou le «techniquement, c’est faisable»
Bien sûr, il existe une 5e colonne que la straussienne Victoria Nuland a rencontrée lors de sa visite à Niamey le 7 août, visite où elle a été éconduite par le général Tiani qui n’a pas voulu la recevoir et où elle n’a pas eu l’autorisation de voir Mohamed Bazoum, comme elle l’exigeait. On retrouve les mêmes profils de traîtres opportunistes dans tous les pays du monde. Les petits soldats de l’empire se ressemblent tant : ils sont journalistes, militants des «droits de l’Homme», opposants, intellectuels, etc. En voici un bien connu : Rhissa Ag-Boula, chef rebelle touareg et ministre nigérien dans le gouvernement Bazoum, qui a annoncé le 8 août depuis Paris – lui aussi semble être en vacances à Paris –, la création d’un Conseil de la résistance pour la République dont l’objectif est de rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, de procéder à l’arrestation du chef des «putschistes», le général Tiani, et de libérer le président Bazoum. Dans une interview accordée au journal Le Monde, à la question l’interrogeant sur la possibilité d’une intervention militaire dans des délais brefs, il a répondu : «Techniquement, c’est faisable. Il faut d’abord une opération chirurgicale menée au niveau du palais, là où le président Bazoum est détenu. C’est l’affaire de deux, trois frappes, c’est tout. Ensuite, ce sera la débandade au sein de la garde présidentielle, l’unité à l’origine du putsch.» Et après ? «Il n’y aura rien après, ce sera le calme total et le retour à l’ordre.»
Ce parfait supplétif de la France semble bien présomptueux et, sachant que ceux qu’il appelle «les mercenaires et criminels de guerre connus sous le nom de Wagner» protègent le palais à Niamey, la débandade promise n’est pas assurée. A toutes fins utiles, nous l’informons de la teneur du télégramme de Vladimir Poutine adressé aux participants du forum international Army23 qui s’est ouvert ce 14 août à Moscou, et cité par l’agence Tass : «La Russie est ouverte à l’approfondissement d’un partenariat technologique égal et d’une coopération en matière de défense avec d’autres pays, c’est-à-dire avec tous ceux qui cherchent à protéger leurs intérêts nationaux et leur voie de développement indépendante, et estiment qu’il est vital de faire des efforts conjoints pour construire un système basé sur l’égalité et la sécurité indivisible qui protégeraient de manière fiable chaque pays.» Le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a, quant à lui, déclaré que la Russie était prête à partager avec tous les pays amis les informations qu’elle avait recueillies sur le champ de bataille concernant les vulnérabilités de l’équipement et des méthodes de combat des Etats-Unis et de l’OTAN. Sachant la déculottée magistrale imposée en Ukraine par la Russie à l’OTAN, il vaudrait mieux ne pas trop s’avancer dans des déclarations téméraires.
Tinubu : le Crésus des temps modernes
Parlons un peu de ces dirigeants africains, ces pantins colonisés toujours prêts à vendre leur pays au maître occidental en échange de pouvoir et de fortune. A tout «seigneur» tout honneur, puisqu’il est président de la CEDEAO grâce à ses parrains américains, citons le bouffon caricatural dont, personnellement, je ne voudrais même pas comme épouvantail à moineaux dans mon jardin, le président fantoche du Nigeria, Bola Tinubu. Le FBI sait tout de lui, depuis qu’il a séjourné aux Etats-Unis pour y faire des études. Notoirement connu pour corruption, blanchiment d’argent et autres joyeusetés, il est très heureux de faire le pitre à l’Elysée devant ses maîtres français. Sa proximité avec la France et surtout sa soumission aux Etats-Unis qui le tiennent dans le creux de la main, sa politique obéissant aux injonctions de la Banque mondiale et du FMI, mais aussi sa connivence avec la pègre de Chicago, ville dans laquelle il vivait, en ont fait l’un des hommes les plus riches du Nigeria, au point où des camions blindés transportant des fonds ont été vus à la présidence, ce à quoi Tinubu interrogé à ce sujet a répondu qu’il faisait ce qu’il voulait avec son argent. Pendant des années, lors de ses études et de ses emplois dans des multinationales aux Etats-Unis, ce voyou a blanchi des millions de dollars issus du trafic d’héroïne pour des narcotrafiquants de Chicago, dont l’un d’entre eux n’est autre que son cousin, Adegboyega Mueez Akande. Des procès-verbaux montrent que déjà fin des années 1990, le gouvernement américain avait saisi plus d’un million de dollars dans différents comptes bancaires de Tinubu et qui provenait du trafic de drogue. Ses frasques s’étalent en long et en large dans les câbles de Wikileaks qui montrent, entre autres, que cette fripouille détient 16 comptes bancaires.
Les Etats-Unis ont compris tout l’avantage qu’ils pouvaient tirer de cet énergumène qui est devenu un client fidèle de l’ambassade américaine au Nigeria à laquelle il fait part depuis des années de toutes les informations utiles, au point où l’ambassadeur américain a dit de lui à l’issue d’une réunion : «Comme toujours, nous avons trouvé sa vision de la scène politique nationale perspicace.» Tinubu partage également avec Volodymyr Zelensky le privilège de figurer dans les Pandora Papers, avec sa luxueuse villa située à 32 Grove End Road, dans le quartier huppé de Westminster à Londres, acquise par son fils Oluwaseyi, principal actionnaire d’Aranda Overseas Corp., une société offshore enregistrée aux Iles Vierges britanniques. Le fils Tinubu a payé 9 millions de livres sterling (10,8 millions de dollars) à la Deutsche Bank pour l’achat de la propriété fin 2017. Et c’est ce gangster pourri, parfaite caricature du dirigeant africain corrompu assis sur une montagne d’or, qui impose des sanctions à l’un des pays les plus pauvres d’Afrique, le Niger, et qui veut lui déclarer la guerre ! Mais les peuples africains se réveillent et, selon certaines sources, de nombreux appels demandent à l’armée nigériane d’intervenir pour renverser ce despote corrompu qui s’est fait élire en fraudant les résultats de l’élection. Cette information est confirmée par le ministre nigérian de la Défense qui a déclaré : «Il y a des plans qui incitent l’armée à renverser le gouvernement du président Bola Ahmed Tinubu.» Nous nous posons la question suivante : combien de temps tiendra Tinubu au pouvoir avant d’être éjecté de son trône par un coup d’Etat ? Et quand lui tombera, ce qui ne fait pas un pli, quel sera le suivant ?
Adieu l’Afrique, «maître des horloges» français !
Il est clair que les Etats-Unis n’accepteront jamais de laisser l’Afrique se mettre sous la protection de la Russie. Le voyage de Nuland au Niger n’était pas autre chose que de persuader le CNSP de ne pas faire appel aux Wagner, en échange de quoi les Etats-Unis auraient probablement reconnu le nouveau pouvoir, se désintéressant complètement de leur allié français. Tout le monde sait que les Etats-Unis et les coups d’Etat, c’est chou vert et vert chou, même ceux dont ils ne sont pas les auteurs. Mais Nuland s’est heurtée à un mur et est repartie bredouille avec ses petits pains. Les Occidentaux embourbés dans la guerre d’Ukraine qui, telle le tonneau des Danaïdes, engloutit tout l’arsenal militaire en pure perte, n’ont plus d’armes, et les officiers, mercenaires et forces spéciales de l’OTAN qu’ils envoient en Ukraine se font ratatiner. Alors, quelle est la solution ? Mais, les idiots utiles, bien sûr ! Boko Haram, Aqmi et les groupes «rebelles» sont activés et, selon nos sources, le MI6 britannique, toujours là pour seconder Oncle Sam, se prépare à envoyer au Sahel un détachement composé d’une centaine de nazis ukrainiens qui ont déjà combattu en Ukraine et qui ont été formés à «l’art» du sabotage. La tâche de l’unité sera de saboter les infrastructures et d’éliminer les dirigeants africains favorables à un rapprochement avec la Russie. Le détachement devrait être envoyé en Afrique dans la seconde quinzaine d’août par bateau depuis Izmail et sera dirigé par le lieutenant-colonel du GUR (renseignement militaire ukrainien) Vitaly Praschuk qui s’est déjà illustré dans les «liquidations réussies» et qui a été très actif dans la région du Donbass, à Donetsk et à Lougansk, entre 2014 et 2016. Il a notamment participé à des opérations du MI6 au Zimbabwe.
Et donc, nous en sommes là. La déstabilisation de la Libye n’a pas suffi. C’est tout le Sahel qui menace de prendre feu. Sergueï Lavrov l’a déclaré récemment : «La tentative de briser la Russie en utilisant des néo-nazis ukrainiens est un élément de la stratégie américaine pour réanimer l’ordre unipolaire. Ils poursuivent également le même objectif dans d’autres régions, où les dissidents sont la proie des menaces et du chantage.» Pour contrer l’influence russe en Afrique, l’Empire n’hésitera pas à embraser le Sahel en utilisant ses supplétifs, quels qu’ils soient : barbus, crânes rasés, enturbannés… Mais que chacun sache bien que si l’Algérie se sent menacée, sa Constitution lui permet désormais d’intervenir hors de ses frontières, et elle n’hésitera pas à protéger ses intérêts et sa sécurité. Il reste à espérer que l’appel à la raison du chef d’état-major Saïd Chengriha lors de son intervention par visioconférence à la 11e Conférence sur la sécurité internationale à Moscou soit entendu par les Occidentaux, lorsqu’il appelle la communauté internationale à une prise en charge sérieuse des causes génératrices de crises. Mais rien n’est moins sûr… Ce qui est certain, par contre, c’est que le «maître des horloges» français, c’est-à-dire Emmanuel Macron, peut faire une croix sur la Françafrique.
M. A.
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