Blinken enguirlande Cohen pour avoir révélé sa rencontre avec Mangoush
Par Houari A. – L’annonce par les autorités israéliennes de la rencontre secrète qui a réuni le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, avec son interlocutrice libyenne, Najla Mangoush, à Rome n’a pas été digérée par Washington qui l’a fait savoir à Benyamin Netanyahou en des termes acerbes. C’est le site américain Axios qui en fait la révélation. «L’administration Biden a protesté ce week-end auprès du gouvernement israélien contre la décision du ministre israélien des Affaires étrangères de révéler une récente réunion secrète qu’il a tenue avec son homologue libyen», lit-on dans ce média fondé par d’anciens journalistes de Politico, qui citent deux responsables américains.
«L’un des responsables américains a déclaré que l’administration Biden comprenait que la réunion entre Cohen et Mangoush était censée être une réunion secrète et que les responsables américains ont été surpris lorsque Cohen l’a exposée dans un communiqué de presse officiel», croit savoir Axios.
La colère de Biden et Blinken trouve son origine dans les manifestations que cette annonce a provoquées en Libye, lesquelles manifestations «ont déstabilisé le gouvernement fragile du pays, reconnu par l’ONU», expliquent les deux responsables américains. «L’administration Biden craint que la révélation de la réunion et les troubles qui ont suivi ne tuent non seulement les efforts visant à normaliser les relations entre Israël et la Libye, mais nuisent également aux efforts en cours avec d’autres pays arabes, ainsi qu’aux intérêts de sécurité nationale des Etats-Unis», poursuit le média en se référant aux mêmes sources.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, avait déclaré, dimanche dernier, dans un communiqué qu’il avait rencontré secrètement son homologue libyenne Najla Mangoush la semaine d’avant. Cohen avait ajouté que la réunion avait eu lieu à Rome et avait été organisée par le ministre italien des Affaires étrangères, qui entretient des relations étroites avec les deux parties. Dans un communiqué, le ministère libyen des Affaires étrangères avait qualifié cette rencontre de «fortuite», «non officielle» et qui «n’a impliqué aucune discussion, accord ou consultation».
«Plusieurs partis politiques en Libye ont rapidement publié des déclarations condamnant la réunion et exigeant le limogeage de Mangoush et des manifestations antigouvernementales et anti-israéliennes ont eu lieu à Tripoli, certains manifestants prenant d’assaut le ministère des Affaires étrangères», rappelle Axios, en indiquant que la ministre libyenne des Affaires étrangères «a fui le pays lundi». Le même média rapporte la déclaration d’un responsable israélien selon lequel «il y avait un accord lors de la réunion sur une annonce ultérieure de cette dernière», mais «un responsable américain a toutefois déclaré que les Libyens ne voulaient pas que la réunion soit publique», relativise le site, en précisant que Washington n’a pas accepté le fait qu’Eli Cohen ait confirmé à la presse israélienne l’existence de cette rencontre secrète qui a mis le feu aux poudres en Libye.
Seule issue pour tenter de revenir à un processus politique dans ce pays voisin : évincer Abdelhamid Dbeibah. Mais qui en a l’autorité pour ce faire ?
H. A.
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