Illusion et imposture
Par Khider Mesloub – Les récents putschs successifs commis en Afrique, notamment au Niger et au Gabon, n’inaugurent pas une ère de transformations révolutionnaires profitables aux peuples africains affamés et opprimés, mais l’amorce du processus de chaos et de décomposition, de confrontations armées, de violences criminelles, d’épurations ethniques et de barbarie. Les nouveaux maîtres galonnés du pouvoir n’hésiteront pas à réprimer dans le sang toute révolte sociale.
Il ne faut pas perdre de vue que les derniers putschs ont été perpétrés par la garde rapprochée des présidents déchus, qui, la veille, partageait encore la vie dorée du pouvoir avec ces chefs d’État militairement destitués. Ces coups de force (farce) militaires ne sont pas l’œuvre de soldats impécunieux déterminés à faire rendre gorge aux puissants autochtones et étrangers.
Les nouveaux gouvernants africains galonnés n’appliqueront pas une politique de défense des intérêts économiques du pays, ne décréteront pas un programme d’amélioration des conditions de vie des populations. Ces États sont totalement dépendants des puissances impérialistes et inféodés aux institutions financières internationales.
À l’ère de la mondialisation, chaque État (des riches), petit ou grand, fait intégralement partie du gouvernement capitaliste mondial. Chaque décision économique est l’émanation directe de la direction collégiale du capital financier international. Autrement dit, de la bourgeoisie mondialisée. Au reste, dans cette phase de domination despotique, l’indépendance économique et politique est une illusion, une imposture.
Dans le système capitaliste contemporain mondialisé et interdépendant, la marge de manœuvre en matière de développement économique est fortement limitée, restreinte. L’indépendance politique de chaque Etat, obérée.
Intégré dans une économie capitaliste mondialisée, chaque État est confronté aux mêmes enjeux de l’offre et de la demande, de basculement des orientations géostratégiques internationales, voire de réalignement d’alliances, en œuvre dans tous les pays secoués par ailleurs par des tensions politiques internes, dévastés par une crise économique systémique et une instabilité institutionnelle chronique, submergés par des soulèvements sociaux de leur population affamée ou des révolutions de palais.
Les putschs vont connaître une accélération fulgurante. Signe de la décomposition de ces pays africains et non de réenchantement du monde africain, de renaissance de l’Afrique, de régénération économique et sociale du continent africain.
K. M.
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