Le chemin de l’exil
Par Khider Mesloub – Certains Algériens, depuis presque trente ans, consécutivement à la décennie noire, puis à l’absence de perspectives professionnelles, notamment pour la jeunesse pléthorique diplômée, choisissent, la mort dans l’âme, le chemin de l’exil pour s’assurer un meilleur destin. Ce départ forcé vers l’étranger est toujours vécu comme un déchirement, une amputation de soi. L’Algérien n’émigre pas parce qu’il n’aime plus son pays, mais parce qu’il aime trop la vie. Par amour de la vie, il sacrifie une partie de lui-même, sa famille, ses amis, son quartier, sa ville, pour vivre comme la majorité de ses semblables contemporains de tous les pays modernes dans des conditions sociales prospères : avoir un travail, disposer d’un logement décent, d’une vie conjugale heureuse, d’une progéniture éduquée et instruite, assurée de se bâtir un avenir radieux.
A l’ère du capitalisme mondialisé, caractérisée par l’interdépendance des entreprises et des capitaux, les échanges accélérés des marchandises, les salariés tendent également à s’intégrer dans ces dynamiques d’interconnexion et de circulation. Ils suivent le mouvement du développement et de migration technologique. C’est la loi de l’offre et de la demande qui s’applique également sur le marché de l’emploi, désormais étendu à l’échelle internationale. Là où l’offre du travail est plus abondante, la force de travail tendra à se diriger. Là où les conditions de vie sont meilleures, là où les populations pauvres immigreront.
La terre appartient à toute l’humanité. Libre à chacun de trouver son bonheur dans un pays de son choix. Depuis que l’humanité existe, sa vie fut marquée par des périples, le nomadisme. En tout cas, avant d’être sédentaire, elle fut des centaines de milliers d’années durant nomade.
Le nomadisme est le propre de l’Homme : il quitte son enfance pour l’adolescence, puis il abandonne l’adolescence pour entrer dans l’âge adulte, puis l’âge de la sagesse, la vieillesse. Un quartier pour un autre. Une ville pour une autre. Un pays pour un autre. Sa famille pour construire sa propre famille. Un emploi pour un autre. La vie pour la mort.
Même mort, selon plusieurs religions, il poursuit son périple nomadique, soit vers l’enfer ou le paradis. Y compris dans l’au-delà, probablement les pérégrinations éternelles continuent à s’imposer aux âmes immortelles de l’Homme.
K. M.
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