La prostitution à Marrakech : quand une actrice marocaine violée déballait tout
Par Kamel M. – Ce que révélait l’actrice Loubna Abidar, en 2016, redevient d’une brûlante actualité, au lendemain du séisme dévastateur qui a rasé la région de Marrakech. La jeune Marocaine, native de la ville rouge, a dévoilé au grand jour des vérités qui ont déplu au Makhzen, au point de lâcher ses barbouzes pour attaquer la «dangereuse» – c’est le titre de son livre paru en France – en plein Casablanca où elle devait se déplacer, après son agression, sous une burqa «étouffante» pour ne pas être reconnue.
La comédienne, qui a campé le rôle de péripatéticienne dans Much Loved, lève le voile sur le Marrakech que le régime marocain et certains médias français cherchent coûte que coûte à cacher, après que des milliers de demeures de fortune se sont effritées, laissant transparaître la grande misère qui accable les pauvres laissés-pour-compte. Ces millions de sujets miséreux que Djamel Debbouze et son acolyte Gad El-Maleh raillent dans leurs sketchs vulgaires face à des spectateurs locaux triés sur le volet et encerclés par des vedettes du showbiz et du football français, payés pour garnir le théâtre en plein air noyé dans des jeux de lumière en trompe-l’œil.
«Je suis de Marrakech, je suis née dans un quartier populaire, j’ai grandi hyper pauvre, je voyais ces femmes, j’avais beaucoup d’amour pour ces femmes», a confessé l’actrice, en parlant de ses aînées prostituées. «On n’a pas donné une mauvaise image de Marrakech, c’est ça Marrakech, c’est ça Agadir, c’est ça Tanger, c’est ça dans beaucoup de villes au Maroc», a-t-elle insisté, en réponse à ceux qui l’accusent de déformer la vérité. «Soit on se marie très jeune pour nourrir nos familles, soit on devient des prostituées», a-t-elle asséné, en ajoutant : «Personne ne m’aime au Maroc, parce que je dis toujours la vérité, malheureusement, la vérité parfois fait mal».
«Pourquoi j’assume ? Parce que, nous, par exemple, à Marrakech, nous voyons les grandes marques, nous voyons de très grandes voitures, nous voyons de bons restaurants, tout ça se passe devant nous, alors que nous, nous n’avons pas quoi manger, il ne faut pas se mentir», a encore affirmé Loubna Abidar. «Dans mon cas, par exemple, je suis partie à l’âge de 16 ans avec un homme de 61 ans», a-t-elle regretté, en parlant d’un certain Claude Challe, décrit par l’animateur Laurent Ruquier qui l’interviewait, comme un «célèbre mondain parisien», disque-jockey de son état, habitué des plateaux télé en France.
«Quand vous êtes très pauvre, comme dans mon cas, et que vous sortez d’un quartier pareil, je vous le jure, vous n’avez pas le choix !» a conclu la comédienne violée par son père dans sa jeunesse.
K. M.
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