L’acceptation de la médiation de l’Algérie au Niger témoigne de sa force diplomatique
Des analystes politiques africains ont affirmé, mardi, que l’acceptation de la médiation algérienne par le Niger pour le règlement de la crise dans ce pays, dans le cadre de l’initiative du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, témoignait de la confiance dont jouit l’Algérie à travers sa présence stratégique, politique et militaire prépondérante dans la région et la grande crédibilité de sa diplomatie dans la résolution des crises internationales.
Mettant en exergue l’expérience de la diplomatie algérienne dans ce volet, ces analystes ont affirmé à l’APS que l’Algérie pouvait parvenir à la cristallisation d’un règlement politique de la crise loin des solutions militaires et ce, eu égard à l’intégrité et à la crédibilité de ses efforts inlassables consentis pour préserver la sécurité et la stabilité du Niger et écarter une éventuelle guerre.
Dans ce cadre, l’analyste politique tunisien, Riadh Sidaoui a indiqué que l’acceptation de la médiation algérienne par le Niger «atteste de la confiance et de la crédibilité considérable de ce pays dans le continent africain, connu pour ses constantes à l’instar de la souveraineté nationale et le refus de toute ingérence étrangère, privilégiant ainsi une solution interne». «L’Algérie a évité au Niger une intervention militaire étrangère» a soutenu Sidaoui, rappelant l’intense activité diplomatique du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, sur instructions du Président Tebboune, qui l’a conduit à différents Etats dans le but de convaincre leurs dirigeants de renoncer à l’intervention militaire et privilégier le règlement politique pacifique à même d’éviter le chaos et la guerre au Niger et dans la région.
Il a en outre précisé que l’Algérie met toujours en œuvre le chapitre 6 de la Charte des Nations Unies, «l’essence même» de cette organisation, qui souligne la nécessité de résoudre pacifiquement les conflits par le biais des négociations et de bons offices, et d’éviter l’effusion de sang. «L’Algérie a réussi à obtenir l’acceptation nigérienne, et son initiative sera un document de travail essentiel pour résoudre le problème au Niger, d’autant plus que les nouveaux dirigeants militaires au Niger ont déclaré qu’ils ne resteraient pas indéfiniment au pouvoir. Ils ont, en outre, parlé d’une période de transition en préparation des élections présidentielles et législatives», a-t-il souligné.
De son côté, le politologue et député mauritanien, Abdeldjalil Harma, a estimé que «l’acceptation par l’Etat du Niger de l’initiative algérienne confirme une fois de plus la crédibilité dont jouit l’Algérie sur la scène africaine et internationale, ainsi qu’auprès des parties nigériennes». Cette acceptation «est un signe d’espoir, en raison de l’impasse qu’a connue le pays auparavant et de la partialité de toutes les initiatives précédentes, la médiation algérienne étant la seule initiative crédible à présent», a-t-il ajouté. L’initiative algérienne, soutient-il, «peut réellement résoudre la crise dans un pays africain important pour la stabilité du Maghreb, du Sahel et de la région en général», souhaitant que «l’Algérie puisse résoudre ce problème par le biais de la négociation, en permettant au Niger de revenir à un gouvernement civil en dehors des contextes de conflit conduisant au chaos total et à l’incapacité de gouvernance». «Cette acceptation prouve que les Africains ont repris confiance en eux et qu’ils sont en mesure de résoudre leurs problèmes sans recourir aux options étrangères qui n’interviennent pas en faveur du continent mais pour servir leurs propres intérêts», a relevé le parlementaire mauritanien.
Abdeldjalil Harma a soutenu, par ailleurs, que «l’indicateur positif dans cette acceptation réside dans le fait que la solution sera africaine, parrainée par un Etat de la région ayant une présence stratégique, militaire, politique et spirituelle importante. Un Etat qui a toujours affirmé que la solution politique et négociée est la meilleure option pour résoudre ces problèmes, sans complication et sans créer d’autres problèmes».
Pour sa part, le Directeur du «Centre d’études Roayah» à Nouakchott, Slimane Cheikh Hamdi, a estimé dans le même contexte, que l’acceptation de la médiation algérienne par le Niger «est le résultat naturel des efforts consentis par l’Algérie pour arrêter les prémices d’une guerre qui allait se déclarer suite à l’intervention militaire extérieure». Slimane Cheikh a salué les démarches de l’Algérie qui ont considérablement pesé pour écarter une intervention militaire extérieure, ce qui a amené «le Niger à considérer l’Algérie, non seulement comme un pays voisin, mais également le pays le plus fort et le plus accepté par les parties à la crise. Un pays qui a les moyens de conduire des négociations en faveur d’une solution politique et pacifique à même de rétablir l’ordre des choses», relevant que «la diplomatie algérienne est l’une des plus puissantes dans la région».
R. N.
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