L’Algérie a perdu 10 milliards de dollars dans des procès intentés à l’étranger ?
Par Abdelkader S. – L’incompétence coûte cher à l’Algérie. Excessivement cher. Des députés ont interpellé le gouvernement sur des sommes colossales que le pays a perdues à cause de procès intentés par des firmes étrangères à l’Etat algérien et qui ont obtenu gain de cause, exigeant que les raisons de ces pertes soient expliquées. Ces députés estiment les pertes subies par notre pays, rien qu’en 2023, à 1,3 milliard de dollars, sur un total de 10 milliards, «au profit de firmes et de parties commerciales étrangères», rapporte le quotidien à capitaux qataris Al-Araby, dans un article écrit par son correspondant à Alger. Certaines affaires remontent à la période du défunt président Bouteflika, tandis que d’autres lui sont postérieures.
Dans une question écrite adressée au ministre des Finances, et dont Algeriepatriotique détient une copie, le député Ahmed Sadouk évoque plus de cinquante contentieux internationaux dans lesquels l’Etat algérien est directement impliqué. L’élu croit savoir que l’Algérie a perdu la plupart des procès et que les dédommagements engrangés dans ceux qu’elle a gagnés sont infimes par rapport aux amendes auxquelles elle a été condamnée. Le journal qatari rappelle qu’en 2016, un rapport a fait état de 28 affaires perdues sur 32, suite à des plaintes déposées à l’étranger, parmi lesquelles le procès qui a opposé Sonatrach à la compagnie italienne Edison, spécialisée dans la production et la fourniture d’énergie électrique et de gaz, et dans laquelle le groupe pétrolier national a perdu 300 millions d’euros.
Interrogé par Al-Araby, le député Abdelouahab Yagoubi, membre de la commission des affaires étrangères, de la coopération et de l’émigration à l’Assemblée populaire nationale (APN), a révélé que la loi de finances rectificative qui sera discuté bientôt au Parlement admet l’existence de défaillances dans la manière dont les transactions sont menées. L’élu de Paris explique ces pertes monumentales par une «mauvaise préparation des cahiers des charges, un manque de précision dans la conception des contrats et l’absence de rigueur dans le suivi des projets». «Ce qui constitue une immense dilapidation des deniers publics», selon lui.
Cette situation démontre que l’Etat «a besoin de grandes qualifications dans le management, la négociation et la perspicacité dans le domaine de l’arbitrage commercial international», a conclu Abdelouahab Yagoubi.
A. S.
Erratum : Le chiffre des pertes révélé par le député s’élève à 10 milliards de dollars et non à 18, comme rapporté par inadvertance dans notre article. Ce dernier chiffre, exprimé en dinars algériens, équivaut au 1,3 milliard de dollars perdus en 2023. Nous nous excusons auprès de nos lecteurs pour cette erreur.
Comment (80)