Média libanais : négociations secrètes entre la Mauritanie et Israël aux Emirats
Par Houari A. – Mohamed Ben Zayed continue de sous-traiter pour l’Etat hébreu. Selon le média libanais El-Khanadeq (les tranchées, ndlr), repris par la chaîne israélienne i24News, un membre du cabinet du chef du gouvernement israélien aurait rencontré le conseiller des services secrets mauritaniens, aux Emirats arabes unis. «Une délégation israélienne dirigée par un envoyé spécial du bureau du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a rencontré des responsables mauritaniens aux Emirats arabes unis, a affirmé le site d’information libanais [pro-iranien] Al-Khanadeq. Selon le média, David Meidan, un ancien responsable du Mossad, actuellement en poste au sein du cabinet du Premier ministre, aurait rencontré un conseiller du chef des services de renseignements mauritaniens», relaie la chaîne de Patrick Drahi, dirigé par Frank Melloul.
«La rencontre aurait eu lieu sous bonne garde à la résidence officielle du président des Emirats arabes unis, le cheikh Mohamed Ben Zayed, afin que les parties prenantes aient la possibilité de nier la tenue d’une telle réunion, selon le site [anti-israélien]», écrit i24News, échaudée par l’antécédent libyen. Elle poursuit, en se référant à la même source : «Al-Khanadeq a ajouté que la rencontre aurait été organisée par Mohamed Dahlan, un ancien haut responsable du Fatah [palestinien] qui a quitté la bande de Gaza pour s’installer à Abu Dhabi».
«Ces derniers mois, les médias arabes ont fait état d’efforts de normalisation avec la Mauritanie, la Somalie, le Niger et l’Indonésie, ainsi qu’avec plusieurs autres pays, lors de réunions publiques ou secrètes, souvent sous l’égide des Etats-Unis», rappelle i24News, qui avait étalé au grand jour une réunion secrète entre la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangoush, et son homologue israélien, Eli Cohen. La divulgation de l’information a poussé le chef du gouvernement de Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, à sacrifier sa cheffe de la diplomatie qui a dû s’exiler pour éviter d’être prise à partie par des Libyens ayant exprimé leur colère devant le siège de son ministère.
L’annonce par les autorités israéliennes de cette rencontre secrète, qui a eu lieu à Rome, n’a pas été digérée par Washington, qui l’a fait savoir à Benyamin Netanyahou en des termes acerbes. C’est le site américain Axios qui en avait fait la révélation. «L’administration Biden a protesté auprès du gouvernement israélien contre la décision du ministre israélien des Affaires étrangères de révéler une récente réunion secrète qu’il a tenue avec son homologue libyenne», lisait-on dans ce média fondé par d’anciens journalistes de Politico, qui citaient deux responsables américains.
«L’un des responsables américains a déclaré que l’administration Biden estimait que la réunion entre Cohen et Mangoush était censée être secrète et que les responsables américains ont été surpris lorsque Cohen l’a exposée dans un communiqué de presse officiel», avait précisé Axios.
La colère de Biden et Blinken trouvait son origine dans les manifestations que cette annonce avait provoquées en Libye, lesquelles manifestations «ont déstabilisé le gouvernement fragile du pays, reconnu par l’ONU», expliquaient les deux responsables américains. «L’administration Biden craint que la révélation de la réunion et les troubles qui ont suivi ne tuent non seulement les efforts visant à normaliser les relations entre Israël et la Libye, mais nuisent également aux efforts en cours avec d’autres pays arabes, ainsi qu’aux intérêts de sécurité nationale des Etats-Unis», poursuivait le média, en faisant parler les mêmes sources qui confirment, implicitement, l’existence de pourparlers avec la Mauritanie.
Comment la rue mauritanienne va-t-elle réagir à cette information ? Y aura-t-il le même mouvement de contestation qu’en Libye ou l’opinion a-t-elle été préparée à voir la Mauritanie gonfler les rangs des Etats arabes qui ont choisi de prêter allégeance à l’entité sioniste ?
Pour le moment, les autorités mauritaniennes n’ont ni confirmé ni infirmé cette information.
H. A.
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