L’ambassadeur d’Algérie à l’ONU Amar Bendjama met au pilori le représentant du Maroc
Le représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, Amar Bendjama, a mis au pilori le représentant du Maroc, suite à son discours fallacieux devant la 4e Commission de décolonisation. Exerçant deux fois le droit de réponse, l’ambassadeur a réagi au discours truffé de mensonges du Marocain Omar Hilale, pour avoir parlé abondamment de l’Algérie, la citant plus de 40 fois, «un record», a-t-il observé, avant d’ajouter que «le représentant du Maroc n’a, étrangement, pas prononcé une seule fois le mot Sahara Occidental. Et pourtant, c’est la question inscrite à l’agenda de notre commission qui est celle de la décolonisation».
«Alors qu’il a beaucoup parlé de l’Algérie, sans aucune référence à la décolonisation, ni aux droits de l’Homme, ni au peuple du Sahara Occidental. C’est une performance qui devrait figurer dans le palmarès de la mauvaise foi», a-t-il fait remarquer. Enchaînant par un feu nourri à l’endroit du représentant marocain, Amar Bendjama a tenu à relever qu’il n’avait pas cité le Maroc, ni la politique intérieure du Maroc dans son adresse […], qui était centrée exclusivement sur la question du Sahara Occidental, un territoire occupé illégalement et dont le peuple attend le plein exercice de son droit inaliénable à l’autodétermination.
«J’aurais pu parler des centaines de quintaux de drogue déversés sur le territoire de mon pays par notre voisin, le Maroc, qui a le triste privilège d’être le premier producteur et exportateur au monde de cannabis, selon les données les plus récentes de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime», a-t-il lancé devant la tribune de l’ONU. «A cette drogue, s’ajoute depuis quelque temps la drogue de synthèse, extrêmement dangereuse pour la santé de nos enfants et qui risque d’affecter durablement notre population», a-t-il mis en garde.
Bendjama énumère les scandales
Amar Bendjama n’a pas manqué d’évoquer un autre scandale d’Etat, en déclarant qu’il n’a pas voulu, non plus, «parler de Pegasus, un doux nom qui est un software diabolique qui permet des écoutes illégales et criminelles». Et d’ajouter : «Pegasus a été utilisé par les autorités marocaines pour écouter plus de 6 000 responsables algériens, des journalistes, des politiciens, mais aussi des diplomates, y compris votre serviteur». «Et pas seulement, a-t-il poursuivi, près de 2 000 autres responsables gouvernementaux européens ont été mis illégalement sous-écoutes». «Pegasus, rappelez-vous, cette affaire est toujours entre les mains de la justice belge et européenne. Pourquoi ces écoutes ?», a-t-il interrogé. «Il y a un dénominateur commun, le Sahara occidental».
«Par égard au peuple marocain, un peuple que je respecte, je n’ai pas voulu parler dans mon précédent discours de ce qui se fait en son nom», a-t-il relevé, avant de citer cet autre scandale qui a éclaté à Bruxelles, démontrant la corruption de parlementaires européens par des diplomates marocains. Un scandale qui a eu pour conséquence l’expulsion et l’interdiction d’entrée des diplomates marocains au siège du Parlement européen. «Pourquoi la corruption ?», s’est-il encore demandé. «C’est à cause du Sahara Occidental», a-t-il insisté.
L’ambassadeur a dit ensuite qu’il aurait pu évoquer d’autres scandales et qu’il n’avait pas voulu «les relever [ici], pour s’attacher au débat avec les distingués collègues de la 4e Commission et au point inscrit à l’ordre du jour qui est celui de la décolonisation».
Enfin, et s’adressant au représentant du Maroc qui a osé qualifier la Cour internationale de justice (CIJ) et ses juges de «déviation», la sentence de l’ambassadeur Amar Bendjama était sans appel : «la CIJ, cet organe principal de l’ONU dit le droit. C’est une autorité juridique et judiciaire. Voyons donc ce qu’elle a dit : la Cour n’a pas trouvé de liens juridiques de nature à affecter l’application de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale dans la décolonisation du Sahara Occidental et, en particulier, du principe de l’autodétermination par l’expression libre et authentique de la volonté des peuples du territoire». «Dont acte», a conclu le représentant de l’Algérie à New York.
R. N.
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