Message à l’ONU
Par Hocine-Nasser Bouabsa – Le lundi 30 octobre 2023, le Conseil de sécurité de l’ONU – organe suprême de ce «machin» (*) – qui monopolise la force exécutoire du droit international, s’est réuni pour débattre une énième fois de l’occupation du Sahara Occidental par les forces militaires marocaines. Cette occupation a été définie comme telle par l’ONU et la Cour internationale de justice qui ont déjà fixé, dans les années 1960 et 1970, le statut de cette ex-colonie espagnole devenue territoire non-autonome après le retrait des forces espagnoles. Les habitants de ce territoire, les Sahraouis, martyrisés par le régime d’oppression marocain, attendent depuis cinquante ans de pouvoir enfin choisir eux-mêmes leur propre destin, en vertu de plusieurs résolutions onusiennes.
La réunion, copie conforme de la précédente, a été sanctionnée par une résolution présentée par les Etats-Unis et épousant l’argumentaire de son vassal marocain. Cette résolution, qui fut adoptée grâce au vote positif de treize pays et à l’abstention de deux autres – Russie et Mozambique –, préserve et prolonge volontairement le statu quo qui permet aux occupants d’accroître les faits accomplis, afin de rendre le processus de colonisation irréversible et celui d’autodétermination impossible. Elle cimente davantage les prétentions belliqueuses du royaume marocain, gouverné en apparence par un roi, mais qui est en réalité soumis complétement à des puissances étrangères, dont les Etats-Unis, la France et Israël, qui organisent le hold-up à grande échelle sur les ressources naturelles du peuple sahraoui.
Si la position des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et des Emirats en faveur de la résolution n’a rien de surprenant, celui de la Chine – elle aurait pu s’abstenir comme la Russie – laisse plutôt perplexe et ouvre la voie aux spéculations. Sachant l’écart idéologique qui s’est creusé entre la Chine révolutionnaire de Mao et celle mercantiliste de ses successeurs, il semble que ce pays se serait lui aussi joint aux pilleurs du Sahara Occidental. Ce qui concorderait avec les scoops de la presse marocaine, qui fait état d’entreprises chinoises qui auraient promis ou contracté des investissements dans les territoires sahraouis occupés.
Après la spoliation et les massacres des Palestiniens, les Sahraouis sont donc les victimes des mêmes visées annexionnistes orchestrées par les puissances impérialistes pour maintenir ou élargir leur zone d’influence militaire et politique, qui permet aux oligarchies transnationales de dépouiller les populations locales de leurs ressources et de leurs biens. Assistées dans leur sale besogne par certains dirigeants arabes vassaux qui, en échange d’une régence symbolique de façade, ont transmis le pouvoir réel à ces puissances.
Les Sahraouis ont déjà fait savoir qu’ils résisteraient aux manœuvres de l’occupant et de ses maîtres. Ils ont, à cette fin, repris les armes en 2020 pour combattre les forces d’occupation marocaines le long du mur de la honte qui divise le Sahara Occidental. A la veille de la dernière réunion du Conseil de sécurité, ils ont tiré quelques missiles sol-sol sur la ville de Smara dans les territoires occupés, faisant quelques victimes et beaucoup de dégâts. C’est un message à l’intention de l’ONU et de la communauté internationale, que la patience du peuple sahraoui touche à sa fin.
C’est aussi la première attaque de cette envergure depuis très longtemps. Elle augure une escalade militaire dans la région, qui pourrait déboucher sur un conflit régional de haute densité avec tous les risques d’instabilité, de débordement et de migration qu’il représenterait sur l’Europe et l’OTAN.
H.-N. B.
(*) Appellation donnée à l’ONU par le général français Charles de Gaulle, qui ironisait sur le rôle mesquin qu’a toujours joué cette organisation.
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