Jacob Cohen excédé : «Le monde arabe a une fois de plus montré sa lâcheté !»
Par Houneïda Acil – «Le malheur de la Palestine, c’est aussi le monde arabe. A partir du moment où les Etats arabes ont confisqué le problème palestinien, celui-ci s’est retrouvé le jouet de leur politique, de leurs tensions, de leurs rivalités et de leur lâcheté, pour certains», a affirmé Jacob Cohen, excédé. «Quand je dis les pays arabes, je parle des régimes qui n’ont rien à voir avec les peuples qui sont majoritairement pour le peuple palestinien et pour le combat contre le sionisme. Ils sont prêts à faire des sacrifices car ils savent qu’il y va de leur dignité, de leur personnalité, de leur histoire et de leur indépendance», a-t-il expliqué.
«Au Sommet qui s’est tenu à Riyad, cinq pays arabes – le Maroc, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et la Jordanie – ont refusé toute action concrète», a-t-il rappelé, en regrettant qu’«les Arabes, qui sont les champions des discours, se racontent des histoires de contes de fée». «La Ligue arabe n’a pas abouti à un accord, de ce fait, elle donne un chèque en blanc à Israël de faire ce qu’il a envie de faire», constate avec amertume ce penseur antisioniste.
Selon Jacob Cohen, les normalisations «vont connaître une parenthèse jusqu’à ce que cela se tasse, puis reprendront». «Même l’Arabie Saoudite reprendra langue avec Israël», a-t-il prédit. «Avant cette guerre avec le Hamas, lorsqu’il y avait des pourparlers entre Israël et l’Arabie Saoudite, qu’a demandé cette dernière pour normaliser ses relations avec Israël ? Elle n’a pas demandé un Etat palestinien. De toute façon, celui qui croit qu’il y aura un Etat palestinien, il est soit naïf, soit bête, soit complice avec Israël. Il n’y aura pas d’Etat palestinien. Pour l’avoir, il faudra battre Israël à plate couture et ce n’est pas demain la veille», a-t-il déploré, en fustigeant les dirigeants arabes qui «continuent dans une logorrhée verbale qui ne rime à rien».
Pour l’auteur de Nouvelles judéo-maghrébines, les malheurs de Gaza ne viennent pas seulement d’Israël, mais aussi de l’Egypte. «Il y a un blocus israélien, mais l’Egypte, qui a une frontière avec Gaza, a détruit tous les tunnels que les résistants palestiniens avaient construits et qui aboutissaient à ce pays. L’Egypte ferme de manière dramatique et hermétique le passage de Rafah. Le régime égyptien obéit au doigt et à l’œil aux exigences d’Israël concernant Gaza», fait-il constater.
«Tous les pays arabes n’ont jamais levé le petit doigt pour venir en aide à Gaza. Sauf un pays, qui est la Turquie. En 2010, la Turquie avait envoyé une flottille dans le fameux bateau Marmara qui a voulu forcer le blocus contre Gaza. Elle a été attaquée par l’armée sioniste, les Turcs ont eu des dizaines de morts et il s’en est suivi une grande période de froid diplomatique entre la Turquie et Israël», a-t-il encore rappelé, en estimant que «la résistance arabe vient de la Turquie qui n’est pas arabe, de l’Iran qui est perse, du Hezbollah qui est chiite, du Djihad islamique et du Hamas qui est aussi entraîné selon des méthodes chiites qui ont fait leurs preuves».
«Israël a été obligé de quitter un territoire conquis par la force sans aucune concession, c’était le Sud-Liban. Les Israéliens avaient conquis le sud du Liban en 1982 et installé une milice chrétienne. Le Hezbollah les en a chassés et a montré qu’on peut battre les Israéliens», a enchaîné Jacob Cohen, selon lequel «les régimes arabes ne vont pas créer des Hezbollah chez eux, parce qu’ils risquent d’être renversés par ces forces». «Ils ont des armées et des tanks, mais qui ne servent pas dans le combat antisioniste», a fustigé Jacob Cohen.
«En 1967, Israël a montré son utilité à l’Occident en garantissant qu’il peut briser tous les nationalistes et progressistes arabes», a-t-il expliqué, en se disant persuadé que le monde arabe, «tel qu’il est actuellement» ne se réveillera pas, ne se rebellera pas et ne choisira pas une voie de développement indépendante. «Le monde arabe est pétrifié dans son conservatisme», a-t-il fait remarquer, en pointant des «régimes arabes totalitaires qui ne tolèrent aucun changement radical, aucune remise en cause». «De toute façon, les pays qui ont signé une normalisation avec Israël n’ont rien obtenu pour les Palestiniens, il ne faut pas se faire d’illusion», a-t-il noté.
«Le monde a les yeux tournés vers Gaza, mais ce qui se passe en Cisjordanie est dramatique. Il y a quasiment un nettoyage ethnique comme en 1948 et le monde arabe se tait», s’est indigné l’écrivain franco-marocain, pour lequel «une fois de plus, une fois de trop, le monde arabe a montré sa faiblesse, sa lâcheté, son indignité, sa médiocrité, son impuissance, son fiasco face à l’histoire, incapable de contrer l’agression sioniste inhumaine sur Gaza et l’accélération du nettoyage ethnique en Cisjordanie».
H. A.
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