Le message du chef politique du Hamas aux Marocains qui fait trembler le roi
Par Kamel M. – Le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, a invité les Marocains à pousser leur roi et son gouvernement à être à la hauteur des enjeux historiques induits par la guerre qui fait rage à Gaza. Le responsable palestinien a carrément incité les sujets de Mohammed VI à obliger ce dernier à rompre ses relations avec l’entité sioniste. Une exhortation qui a provoqué un tsunami au sein du Makhzen.
Selon des sources concordantes, le roi du Maroc aurait annulé une visite officielle au Qatar, pays qui héberge les deux principaux responsables du mouvement islamiste palestinien, Khaled Mechaal et Ismaël Haniyeh. Le déplacement était prévu ce vendredi, apprend-on. Les médias marocains ont annoncé le report sans en préciser les raisons. Le chef politique du Hamas s’est adressé directement au peuple marocain, ce qui a fortement déplu au Makhzen, qui a lancé une campagne de dénigrement, en insistant sur le fait que seul le monarque «peut» s’adresser à ses sujets.
Les services marocains ont instruit leurs clairons habituels de tenter de sauver les meubles et d’éviter que la rue marocaine, déjà remontée contre ses dirigeants à cause de leur soumission à l’Etat hébreu et de leur attitude hypocrite vis-à-vis du peuple palestinien martyr, ne s’enflamme davantage. Des manifestations pro-palestiniennes ont été réprimées par la police d’Abdellatif Hammouchi car contraires à la politique palestinienne du régime de Rabat, fondée sur la dualité et la traitrise.
Le message de Khaled Mechaal, prononcé par vidéoconférence lors d’une réunion du PJD, dont l’ex-Premier ministre issu de ce parti islamiste, Saad-Eddine El-Othmani, a signé de sa main les accords d’Abraham, est perçu à Rabat comme un encouragement à la révolte des Marocains contre leur régime et à une désobéissance civile. «Je m’adresse à vous, Marocains, forces islamistes et nationalistes, quels que soient vos courants politiques ou idéologiques, vous pouvez vous adresser aux dirigeants de votre pays par jalousie pour le Maroc, ses intérêts et sa sécurité, et par jalousie pour la Palestine», a-t-il déclaré. Haranguant les militants du parti d’Abdel-Ilah Benkirane, il a appuyé : «Si le cher peuple marocain se dresse en soutien à son gouvernant, le Maroc pourra, officiellement et populairement, faire ce pas avec mérite pour corriger une erreur et assumer un devoir», l’orateur faisant clairement allusion à la normalisation avec Israël. «C’est, a-t-il insisté, la seule voie qui puisse faire changer de position aux Etats-Unis et à l’Occident».
A Rabat, les thuriféraires du Makhzen parlent de «surenchère», en assurant qu’au Maroc, la Palestine est une «question centrale», appelant Khaled Mechaal à demander au régime de Doha, qui l’héberge, pourquoi «il invite des Israéliens aux conférences et autres rencontres organisées au Qatar», pourquoi il ne demande pas qu’Al-Jazeera «cesse d’offrir une tribune permanente aux responsables civils et militaires israéliens» et pourquoi il n’appelle pas le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à couper les relations avec Israël, «au lieu de se contenter de rappeler l’ambassadeur turc à Tel-Aviv». Certains ont été jusqu’à qualifier la sortie de Khaled Mechaal de «complot contre le Maroc».
K. M.
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