Plan des «néocons» : des F-35 pour le Maroc contre une sujétion totale à Israël
Une contribution de Khaled Boulaziz – La loi sur l’autorisation de la défense nationale américaine (NDAA) pour l’exercice fiscal 2024 comporte un projet qui autorise le financement et établit des politiques pour le département de la Défense des Etats-Unis et d’autres agences sécuritaires. Elle a été adoptée par le Congrès le 22 décembre dernier. La NDAA pour l’année 2024 soutient un financement de 841,4 milliards de dollars pour le Pentagone et 32,4 milliards de dollars pour les programmes de sécurité nationale (1).
L’une des dispositions de la NDAA concerne l’aide militaire au Maroc. L’article 1275 du projet de loi stipule que le secrétaire à la Défense, en coordination avec le secrétaire d’Etat, remettra un rapport au Congrès pour une assistance supplémentaire à la sécurité au Maroc, notamment la vente d’avions de combats F-35 et des systèmes de surveillance territoriale (2).
Le rapport devra également inclure une évaluation d’une telle assistance sur le renfoncement de la sécurité et la stabilité régionales. Euphémisme sordide, quand on sait ce que cela veut dire.
La NDAA pour l’exercice fiscal 2024 reflète l’engagement des Etats-Unis à soutenir le régime monarchique de Rabat en tant que partenaire clé, sous condition d’une coopération amplifiée avec Israël. Il faut dire et remarquer que ce travail est l’œuvre des néoconservateurs sionistes, en symbiose avec leurs compères du côté français.
Dans ce contexte, la décision américaine, en plein cœur du conflit israélo-palestinien, s’inscrit dans la toile complexe des relations de pouvoir et d’influence qui restructurent le paysage mondial. Cette loi budgétaire de défense, intégrée à la loi sur l’autorisation de la défense nationale, balise une transformation machiavélique des mécanismes de soutien militaire au Maroc, en subordonnant explicitement cette assistance à une intensification de sa coopération militaire avec Israël.
Cette mutation de perspective souligne l’importance accordée par les rédacteurs du NDAA 2024 aux relations entre le Maroc et Israël, mettant en avant les informations fournies par cet accord quant aux priorités en matière de renseignement. Elle coïncide avec une intensification des liens militaires et sécuritaires entre le Maroc et l’entité sioniste au cours des trois dernières années, cristallisée par la signature d’un protocole de coopération élargi en matière de défense, lors de la visite du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, à Rabat en novembre 2021.
La situation devient d’autant plus délicate pour le Maroc, étant donné le conflit à Gaza et les violences perpétrées par l’armée israélienne à l’encontre des civils palestiniens. Cela place le pouvoir en place dans une position inconfortable, en dissonance avec une opinion publique marocaine exprimant régulièrement son soutien au peuple palestinien et son rejet de la normalisation, à travers des manifestations significatives. Le nouvel impératif américain vient aggraver ce dilemme, risquant de faire émerger de nouvelles contradictions et tensions internes.
Mais les néoconservateurs sionistes ont plus d’un tour dans leur sac. Sur le plan financier, le Maroc croule sous une dette extérieure abyssale, majoritairement détenue par des banques américaines. On ne peut donc que conclure que notre voisin est à la merci de Washington, dont le projet pour le XXIe siècle se résume à une nouvelle Reconquista de toute l’Afrique du Nord. L’Algérie en est le dernier obstacle.
Cette situation plonge notre pays plus que jamais dans l’œil du cyclone, enserré dans une étreinte complexe le long de toutes ses frontières. Elle accroît la pression sur notre pays, exposé à des défis multiples et à une instabilité régionale grandissante. Dans cette tourmente, l’Algérie se dresse, telle une sentinelle, face aux vents contraires, appelée à résister avec vigueur. L’heure est venue de rester fidèles à nos idéaux et de rassembler les fils et les filles de la nation, au-delà des différentes chapelles politiques.
Un défi que ceux qui président aux destinées de notre pays doivent impérativement relever. C’est un devoir et une mission existentiels.
K. B.
1) https://www.congress.gov/bill/118th-congress/senate-bill/2226
2) https://www.israeldefense.co.il/en/node/59042
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