Nouveau coup monté contre une victime algérienne de la justice française ?
Par Nabil D. – Il a été injustement incarcéré pendant 27 longues années, avant d’être remis en liberté en 2012. Disparu des radars, le voilà qu’il réapparaît dans une sombre affaire d’accident de la circulation dont aurait été victime une femme, «renversée» par Abdelhamid Hakkar et dont le pronostic vital serait engagé. Ce dernier, qui avait été écroué pour le meurtre d’un policier en 1984, a de nouveau été mis en examen ce mercredi. Aujourd’hui âgé de 68 ans, Abdelhamid Hakkar s’était exprimé dans les colonnes d’Algeriepatriotique au lendemain de sa libération, accusant les juges français d’avoir «falsifié» son dossier.
«J’ai commis des vols à main armée, cela est vrai, j’ai fait des bêtises et reconnais mes fautes. J’éprouve du regret à m’être fourvoyé par le passé, parce que j’avais tout pour construire quelque chose de mieux, mais concernant le principal fait reproché, à savoir la fusillade qui a eu lieu et où des policiers ont été blessés et d’autres morts, j’ai clamé mon innocence en ce sens que je n’avais pas d’arme lors de la fusillade», avait-il assuré. «Il y a une personne qui reste en fuite jusqu’à ce jour et qui n’a jamais été identifiée, donc, ils m’ont imputé la paternité des faits que je n’ai pas commis et quatre années plus tard, je m’aperçois que mon dossier était falsifié», avait-il accusé.
«Dans l’exercice de leur fonction et dans la patrie des droits de l’Homme, [les] juges ont délibérément commis des faux en écriture publique, ils ont falsifié mon dossier et inséré des documents. Chose que les médias français ont dénoncé en révélant les faux avec les noms des juges, mais jamais il n’y a eu de plainte ni quoi que ce soit. Sinon, j’aurais été libéré et ces magistrats prendraient ma place en prison. Une bêtise qui a été suivie d’une multitude d’autres», avait dénoncé Abdelhamid Hakkar, en assurant avoir «épuisé toutes les voies de recours» pour «montrer le caractère formel et inique» de sa situation. «J’ai attaqué l’Etat français et l’ai fait condamner par la Cour européenne et le Comité des ministres de l’Europe, à l’unanimité, tout seul, du fond de ma cellule. Ils ont exigé pendant cinq ans de l’Etat français qu’il me libère, mais ce dernier faisait la sourde oreille», avait-il fait savoir.
Abdelhamid Hakkar se dit victime d’un délit de faciès. «Tout y est, mon nom, la guerre de Libération nationale, mes origines, il y a aussi mon histoire ou, dirais-je, notre histoire commune. D’autres Maghrébins ont subi les affres de la justice française, dont le Marocain Omar Rada», avait-il expliqué, en révélant que l’Etat algérien était à ses côtés et ne l’a jamais lâché dans son combat pour prouver son innocence. «J’ai une lettre manuscrite de feu le président Boudiaf. Après lui, c’était Liamine Zeroual qui m’avait soutenu. Je devais être libéré en 1996. Notre ambassadeur en France est venu me voir pour me dire que l’accord allait être signé par Chirac et que j’allais être libéré à la fin du mois de juillet de la même année. Malheureusement, il y a eu l’assassinat des moines de Tibhirine. J’étais sûr qu’ils n’allaient pas me relâcher. Et j’ai eu raison. Le président Bouteflika n’a pas cessé de suivre mon affaire. Depuis 1999, chaque année, il demandait ma libération», avait-il encore affirmé.
La surmédiatisation de ce qui ne devait être qu’un fait divers cache quelque chose de sordide. Pourquoi ressort-on le nom d’Abdelhamid Hakkar aujourd’hui, dans cette atmosphère délétère qui règne en France actuellement ? La question mérite d’être posée.
N. D.
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