Les dessous de la décision du régime malien de mettre fin à l’Accord d’Alger
Par Kamel M. – Le Mali chemine inexorablement vers une reprise de la guerre civile. C’est ce qu’augure la décision du pouvoir militaire malien de mettre fin à l’Accord d’Alger, signé en 2015, et ce, «avec effet immédiat». Le régime d’Assimi Goïta, le président intérimaire de ce pays voisin, cite, parmi les raisons de cette mesure qui était prévisible, au demeurant, ce qu’il qualifie d’«actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’accord de la part des autorités algériennes, dont le pays est le chef de file de la médiation», selon un communiqué lu à la télévision officielle par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, repris par l’agence de presse française AFP.
La crise entre Alger et Bamako semblait être derrière nous, après la rencontre qui a eu lieu entre le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, et son homologue malien, Abdoulaye Diop, à Kampala, en Ouganda, en marge du Sommet des pays du Mouvement des non-alignés. Mais la réaction de ce dernier à l’insertion d’un passage sur la situation qui prévaut au Mali dans la déclaration finale du Sommet présageait un retour à la case départ. Le chef de la diplomatie malienne avait accusé un pays, sans le nommer, d’être derrière cette initiative. Visait-il l’Algérie ?
Avec ce nouveau rebondissement, on peut deviner que le ministre malien pointait sans doute du doigt notre pays, préludant cette nouvelle rebuffade des autorités militaires maliennes, sans qu’on sache, pour le moment, qui est derrière ce qui semble être les prémisses d’une nouvelle brouille entre les deux pays, laquelle pourrait avoir pour conséquences un nouveau rappel des ambassadeurs et, au-delà, un renoncement à un effort de paix piloté par l’Algérie, qui a tenu bon pendant près de dix ans et qui pourrait voler en éclats par le fait d’interférences d’Etats qui cherchent à provoquer le chaos dans la région.
Si on connaît les entourloupes du régime marocain qui s’échine à saboter toutes les démarches entreprises par l’Algérie pour stabiliser le Sahel, il n’en demeure pas moins qu’un nouvel acteur est entré en jeu dans la région. En effet, les Emirats arabes unis multiplient les actes inamicaux envers l’Algérie depuis que Washington et Tel-Aviv ont chargé leur sous-traitant, Mohammed Ben Zayed, de conduire le plan de normalisation des pays arabes avec l’entité sioniste. Ce qui a poussé le Haut Conseil de sécurité, lors de sa dernière réunion, à lancer un avertissement à peine voilé en direction de ce «pays arabe frère» dont les «agissements hostiles» ont été dénoncés, toutefois avec diplomatie pour l’instant.
Nous y reviendrons.
K. M.
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