Comment le recteur Chems-Eddine Hafiz a échappé à une embuscade des harkis
Par Nabil D. – Le déplacement que le recteur de la Grande Mosquée de Paris allait effectuer à Perpignan, dans le sud-est de la France, a été annulé. Chems-Eddine Hafiz devait prendre part à une cérémonie de recueillement à la mémoire de victimes de confession juive de la Seconde Guerre mondiale au Mémorial de Rivesaltes. Mais les harkis et le Rassemblement national en ont voulu autrement. C’est le président du prix Mare Nostrum qui l’en a dissuadé, selon ce dernier.
Une levée de boucliers de la part des harkis a empêché le représentant officiel du culte musulman en France de participer à une cérémonie à laquelle était convié également un dignitaire religieux chrétien. C’est donc en tant que porte-voix de l’islam dit de France que Chems-Eddine Hafiz se rendait à Perpignan, et non en sa qualité de recteur de la Grande Mosquée de Paris, dont l’Algérie revendique la propriété.
Le maire du Rassemblement national de cette ville française, qui compte un grand nombre de harkis et d’enfants de harkis, est lui aussi monté au créneau, prenant fait et cause pour cette communauté formée par les anciens supplétifs de l’armée coloniale française. «Plusieurs associations et descendants de harkis, liés à cette histoire douloureuse, pointent quelques interrogations légitimes et posent une question essentielle : le recteur de la Mosquée de Paris se recueillera-t-il devant la stèle dédiée à la mémoire des harkis ?» a interrogé Louis Aliot, tout en sachant que cela était tout simplement impossible. Une manière de piéger Hafiz, auquel il enjoint littéralement de «se recueillir sur ce lieu de mémoire» car «son refus ou son indifférence porteraient atteinte à l’honneur que représente pour la France et pour Perpignan le combat des harkis».
«Le camp de Rivesaltes est devenu un lieu emblématique de l’injustice historique qui a conduit au drame et au massacre de beaucoup de harkis et de leurs familles par le FLN. Ce camp a vu l’arrivée de familles de soldats français, de confession musulmane, qui auront subi, par le sang versé et par le sang risqué, en plus de la barbarie du FLN, la vindicte honteuse de la gauche et la trahison gaulliste», écrit cet élu d’extrême-droite, nostalgique de l’Algérie française, qui a émis le vœu que les enfants de harkis soient associés à la cérémonie et invités à «prendre la parole pour rappeler au recteur la réalité des souffrances vécues par leurs familles».
Le président du prix Mare Nostrum a sauvé Chems-Eddine Hafiz d’un traquenard. Si la demande de ne pas y aller ne lui avait pas été formulée, il est certain qu’il se serait déplacé à Perpignan pour ne pas paraître comme faisant acte de désobéissance envers le CRIF.
N. D.
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