Opération Aspides : l’Italie dirigera la force européenne en mer Rouge contre les Houthis
De Rome, Mourad Rouighi – En projetant de mettre fin aux attaques d’Ansar Allah, également connus sous le nom de Houthis, du nom de leur fondateur Badreddine Al-Houthi, l’Union européenne a décidé, il y a quelques semaines, le lancement de l’opération Aspides en mer Rouge et d’en confier le commandement à l’Italie.
Le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, a récemment annoncé que Bruxelles a demandé à l’Italie de fournir le commandant de la force de l’opération Aspides en mer Rouge, et que cette force sera constituée par des frégates italiennes, françaises et allemandes. Selon le ministre italien, «l’importance et l’urgence de l’opération Aspides, qui contribuera à garantir la libre navigation et la sécurité du trafic commercial en mer Rouge, ont conduit notre pays à assurer immédiatement son soutien à cette opération européenne et confirme, encore une fois, l’engagement du gouvernement et de la Défense, et du professionnalisme de la Marine italienne».
Un choix qui a été illustré devant les commissions mixtes de défense de la Chambre et du Sénat, qui l’ont longuement disséqué dans ses multiples contours.
L’Italie mettra à cet effet des navires ainsi que des moyens aériens d’espionnage pour cette mission européenne, Aspides, visant à garantir la liberté et la sécurité de la navigation dans le détroit de Bab El-Mandeb et dans le golfe d’Aden.
Une décision hautement politique qui, nous dit-on, atteste de la «très bonne santé» de l’axe Rome- Washington et de la volonté de la présidente du Conseil, Giorgia Meloni, de soutenir la stratégie militaire du président américain Joe Biden, «bien intentionné à pacifier» cette région du monde, insiste-t-on.
Et, comme il fallait s’y attendre, le n°2 d’Ansar Allah, Mohamed Ali Al-Houthi, a accordé une interview ce lundi au quotidien La Repubblica, par laquelle il a menacé de s’en prendre à des intérêts italiens, si Rome venait à persévérer dans son intention de mener des attaques contre le Yémen et à participer à cette mission hostile.
Un dossier qui s’annonce donc à risques pour le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, d’autant que l’opposition de centre-gauche est fortement remontée contre ses choix, tant sur la situation à Gaza, que sur les risques d’embrasement de tout le Proche-Orient, à commencer par le Yémen.
Une marge de manœuvre très étroite, la sienne, qui lui vaut les critiques acerbes du Parti démocratique et du Mouvement des 5 étoiles. Du même avis, cet expert qui a vécu des années à Sanaa, qui nous a confié que «l’Italie a toutes les cartes en règle pour tenter une médiation à même d’éteindre l’incendie qui risque de se propager à toute cette région». «Il suffit de le vouloir», a-t-il conclu.
M. R.
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