Une fédération quitte la Mosquée de Paris : Hafiz instaure un climat de guerre
Par Kamel M. – Le ton employé par le recteur de la Grande Mosquée de Paris dans ses correspondances diffère, selon qu’il les adresse à des responsables de la communauté musulmane ou à des dignitaires religieux juifs ou chrétiens. Il est méprisant vis-à-vis des premiers, obséquieux envers les seconds. Chems-Eddine Hafiz, après avoir pris les rênes de la Grande Mosquée de Paris en janvier 2020 par des voies dénoncées en leur temps pour leur caractère illégal, s’est donné pour mission de régenter les différentes fédérations relevant de cette institution, considérée comme un bien algérien mais régie par les lois françaises. Au lieu de créer une symbiose autour de lui, en soudant les rangs des musulmans malmenés par une campagne islamophobe enragée depuis la reprise du conflit armé au Proche-Orient, il a instauré un climat de guerre, semant discorde et division.
Première conséquence des comportements totalitaires du successeur de Dalil Boubakeur, le retrait d’un ensemble de huit mosquées de la Fédération nationale sous tutelle de la Grande Mosquée de Paris. Le recteur de la Grande Mosquée de Perpignan a, en effet, adressé une lettre dans ce sens à l’arrogant Chems-Eddine Hafiz, dans laquelle il l’informe de cette décision et s’en explique. «Je vous annonce par ce courrier le retrait définitif du collectif de la Grande Mosquée de Perpignan de la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris, en espérant que la Mosquée de Paris, confortablement soutenue à Alger, rencontrera l’essor et le destin qu’elle mérite en s’investissant plus dans le domaine du culte que dans le culte de la culture», a taclé le Dr Salim Bencheikh, non sans sarcasme.
Le recteur de la Grande Mosquée de Perpignan a décidé de se démarquer de la Grande Mosquée de Paris après avoir appris que celle-ci avait demandé à l’imam détaché dans cette ville, actuellement en vacances officielles en Algérie, de rentrer directement à Paris et de ne pas reprendre son poste à Perpignan, en lui signifiant qu’il était mis fin à son exercice au sein de la Grande Mosquée de Perpignan, qu’il allait être muté ailleurs et qu’il devait rester à la disposition de la Grande Mosquée de Paris jusqu’à nouvel ordre. «En outre, le responsable de coordination des imams a même imposé le silence à notre imam, en lui exigeant de ne pas prévenir le président de la Grande Mosquée de Perpignan», s’étonne le Dr Salim Bencheikh, dans sa missive.
«Il s’agit non seulement d’un acte irresponsable et méprisant vis-à-vis de la fonction d’imam, mais aussi d’une œuvre qui relèverait du blâmable mounkar [fait répréhensible en islam, ndlr] puisque, suite à cet abandon de poste commandité, des centaines de fidèles se verront privés d’accomplir leurs prières et notre mosquée, qui reçoit 1 500 fidèles chaque vendredi, va se retrouver en grande difficulté», s’inquiète le recteur.
Ce dernier est, par ailleurs, revenu sur la visite que le recteur de la Grande Mosquée de Paris allait effectuer au mémorial de Rivesaltes, visite annulée par ses hôtes après la réaction négative des harkis et du maire Rassemblement national de Perpignan. «J’apprends, notamment par la presse locale, que vous êtes conviés à la cérémonie de remise du prix Mare Nostrum pour le livre Histoire juive de France au mémorial de Rivesaltes, camp de déportation des juifs et de baraquements des harkis, à proximité de Perpignan. Les organisateurs de cet événement, avec votre consentement, ont jugé convenable de ne pas considérer les représentants locaux et légitimes du culte musulman au profit de la mise en exergue d’un dialogue interreligieux entre la Mosquée de Paris et les représentants des familles religieuses chrétienne et juive locales», reproche le Dr Salim Bencheikh.
«Je tiens à préciser que la grande Mosquée de Perpignan est une instance départementale notoire qui s’est inscrite dans le dialogue interconfessionnel depuis plus de deux décennies, ce qui lui vaut toujours le respect et la considération des autorités locales étatiques, civiles, militaires, religieuses et les musulmans des Pyrénées-Orientales entendent préserver cet acquis précieux», a conclu ce responsable local du culte musulman, d’origine algérienne.
Il est à craindre que la fissure causée par l’attitude altière de Hafiz ne s’élargisse et que ce dernier fasse imploser l’édifice musulman en France au profit des instances non-musulmanes, au service desquelles il se dévoue avec le plus grand zèle, au détriment des intérêts de la communauté musulmane et de l’Algérie qui lui assure son mirobolant salaire mensuel équivalant à celui du président français.
K. M.
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