Cheb Khaled : le sujet de Mohammed VI veut se racheter auprès des Algériens
Par Nabil D. – C’est un Cheb Khaled au visage bouffi qui est apparu dans une courte vidéo pour appeler les Algériens à «être nombreux» à la commémoration de la Journée nationale du chahid, à Paris le 18 février. Le chanteur raï cherche-t-il à se racheter auprès de son public algérien qui l’a renié depuis qu’il a fait allégeance au roi du Maroc ? Des compatriotes établis en France n’ont pas manqué de fustiger cette intrusion qui s’ajoute à l’appel du très controversé Karim Zéribi, estimant qu’une opération concertée est en cours pour «souiller la mémoire de nos glorieux martyrs».
Cheb Khaled, de son vrai nom Khaled Hadj Brahim, a eu un comportement indigne, reniant son pays et se jetant dans les bras du Makhzen marocain, au service duquel il a voué sa notoriété, allant jusqu’à affubler Mohammed VI du titre avilissant de «sidna» (notre maître), se soumettant ainsi à son autorité, devenant son sujet et rejoignant la cohorte des baisemains.
En 2019, il enregistrait une chanson dédiée à l’équipe nationale marocaine de football à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations, qui se jouait en Egypte et à laquelle prenait part pourtant la sélection algérienne. On ne sait pas combien la vedette oranaise a touché pour cet hymne à la gloire des Marocains, mais ce n’est pas la première fois que le chanteur, connu pour son rire à ventre déboutonné, affichait sa soumission au régime monarchique. En 2017, il s’était distingué par une chanson intitulée «Vive le roi», dans laquelle il fait l’éloge du despote de Rabat.
Une année auparavant, il affirmait sur une chaîne de télévision marocaine : «Je suis marocain depuis ma tendre enfance.» «Au Maroc, je suis dans mon pays», martelait-il, en qualifiant les Algériens de «parasites» et de «grandes gueules» qui «aboient du matin au soir».
Khaled avait enchaîné en avouant son «grand amour» pour le roi du Maroc, «adulé autant que moi par tout le peuple marocain», allant jusqu’à affirmer n’avoir «jamais vu un roi aussi bon» que Mohammed VI, répétant à tue-tête la formule de servilité consacrée au royaume du Maroc pour désigner le dictateur.
Le Makhzen marocain a lancé, il y a plusieurs années, une offensive envers les chanteurs algériens les plus en vue pour tenter de les récupérer politiquement et de les faire se retourner contre leur propre pays. Pour ce faire, les autorités marocaines ont jeté leur dévolu sur des chanteurs vulnérables car peu cultivés. Il en est ainsi de Khaled, de Réda Taliani et de Zahouania. D’autres chanteurs, bien que très appréciés par le public marocain, ont refusé de se prêter à ces manœuvres politiciennes.
En 2017, Cheb Khaled volait au secours du régime wahhabite des Al-Saoud en donnant un concert à Riyad, dans ce qui s’apparentait à un simulacre d’ouverture sur la modernité opérée par Mohamed Ben Salmane. Un régime qui sera éclaboussé quelque temps plus tard par l’affaire de la décapitation barbare de Jamal Khashoggi.
N. D.
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