Dossier sahraoui : quand Séjourné vend du vent et de la fumée aux Marocains
Par Abdelkader S. – Le ministre français des Affaires étrangères est en déplacement à Rabat, où il aurait réitéré la position de son pays, «favorable» au plan d’autonomie au Sahara Occidental, pavoisent les journaux marocains et les médias français, généralement bienveillants à l’égard du régime monarchique de Mohammed VI et de la mouvance islamiste. La visite de l’ex-mari – ou ex-femme – du Premier ministre Gabriel Attal intervient quelques heures après celle du chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, qui a fait les mêmes promesses, tout en ayant du mal à les tenir.
Pour le quotidien Le Monde, proche de ce qui reste du Parti socialiste, la déclaration de Stéphane Séjourné, ce lundi 26 février, est un «soutien clair et constant de Paris au plan d’autonomie marocain du Sahara Occidental». Le chef de la diplomatie française s’est-il arrêté à cette affirmation ? Non. «La question du Sahara, c’est un enjeu existentiel pour le Maroc, nous le savons. Le plan d’autonomie présenté par le Maroc est sur la table depuis 2007 maintenant», a-t-il dit. S’adressant à son homologue marocain, il a ajouté : «Vous savez personnellement que, depuis l’origine de ce plan, le Maroc peut compter sur le soutien clair et constant de la France à ce plan.»
Mais le locataire du Quai d’Orsay a renchéri, en soulignant que la «clarté» et la «constance» de Paris sur le dossier sahraoui consistait, en fait, en une «solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité». Clair et net. Dit autrement, si la France apporte son appui à Rabat dans son plan d’autonomie, elle n’en demeure pas moins attachée au respect de la légalité internationale et, donc, à l’organisation des Nations unies qui s’emploie à tenir un référendum d’autodétermination. Un référendum que le régime de Rabat retarde car convaincu de la victoire du peuple sahraoui.
Le soutien de Paris à Rabat est, par ailleurs, maladroitement expliqué par Stéphane Séjourné, qui admet que la France participe au pillage des ressources sahraouies dans les territoires occupés, que cet appel du pied à Mohammed VI n’est motivé que par des considérations machiavéliques et que, de toutes les façons, il n’a aucun effet concret puisque la France ne peut opposer son veto à l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental, pour au moins deux raisons.
D’abord, parce que le Maroc lui-même, pays directement concerné, ne peut en aucun cas défier l’ONU. Ensuite, parce que la France y laisserait des plumes si elle provoquait une crise pérenne avec l’Algérie qui pourrait prendre des mesures de rétorsion difficiles à supporter par les millions de Français, déjà malmenés par l’implication de leur gouvernement dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui coûte des milliards d’euros au malheureux contribuable.
A. S.
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