Une visite du président Tebboune en France en octobre est très peu probable
Par Kamel M. – Des observateurs avisés se disent persuadés qu’une visite officielle du président Tebboune en France, comme annoncé hâtivement par l’Elysée, est «très peu probable». La raison en est que des élections présidentielles se tiendront en Algérie deux mois plus tard et qu’un tel geste du candidat à sa propre succession, s’il compte rempiler, serait un message «extrêmement négatif». «Le chef de l’Etat ne commettrait pas l’erreur de se rendre en France à quelques encablures d’une échéance électorale d’une telle importance», notent ces sources, qui rappellent que «ce n’est pas un hasard si Abdelmadjid Tebboune a choisi de se faire soigner dans un hôpital allemand, contrairement à son prédécesseur qui avait jeté son dévolu sur le Val-de-Grâce, à Paris».
L’empressement des services de l’Elysée à rendre public le contenu de l’entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et son homologue algérien cache mal une volonté de Paris de mettre et l’opinion et les autorités algériennes devant le fait accompli, d’autant que ces dernières ont préféré ne pas révéler ce point échangé entre les deux hommes lors de leur communication. Même si la Présidence algérienne ne dévoile les déplacements de Tebboune, à l’intérieur du pays comme à l’étranger, qu’in extremis, cette visite portée à la connaissance du public six mois avant la date présumée semble être une façon de «rassurer» les Algériens sur le maintien d’un certain équilibre dans le traitement réservé par la France à ses deux anciennes colonies, le Maroc et l’Algérie.
C’est que le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, multiplie les déclarations, depuis sa cooptation au Quai d’Orsay par son ancien compagnon Gabriel Attal – parachuté, lui, à Matignon –, favorables à la monarchie marocaine pour laquelle il ne cache pas son penchant. Une tendance qui, si elle se manifeste de façon trop ostentatoire, ne fait pas moins craindre à Macron une irritation de l’Algérie qui lui ferait perdre les quelques avancées qu’il pense avoir réalisées dans le dossier des tumultueuses relations algéro-françaises depuis son arrivée au pouvoir en 2017. Or, les bouleversements géopolitiques qui secouent le monde depuis l’opération militaire spéciale russe en Ukraine, aggravés par le génocide que commet Israël en Palestine, a impacté d’une façon directe ces rapports fragiles, du fait des positions diamétralement opposées des deux pays sur ces deux questions et bien d’autres.
«Un déplacement du président Tebboune à Paris dans ce contexte électoral ferait croire à une influence française sur les décisions d’Alger», font remarquer nos sources, selon lesquelles «s’il y a un pays à éviter dans un tel contexte, c’est bien la France, dont l’ancien ambassadeur à Alger, l’innommable Xavier Driencourt, a encore frappé dans un nouvel entretien dans lequel il a déversé son venin sur un pays qu’il affirme hypocritement aimer, assumant ses contradictions criantes sans ciller». «Il est difficile de croire que le diplomate supposément à la retraite soit un électron libre et agisse sans que ses supérieurs actionnent le bouton qui le fait caqueter», soutiennent ces observateurs, qui rappellent, en appui de leur conjecture, le brûlot de la très officielle agence de presse APS contre les cercles français qui avaient évoqué un éventuel report de l’élection présidentielle.
K. M.
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